L’élu guadeloupéen au conseil régional d’Île-de-France Patrick Karam s’était offusqué en septembre, alors que le comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 voulait, selon lui, restreindre le passage de la flamme olympique à un seul territoire d’Outre-mer, alors qu’il était prévu qu’elle passerait par tous les départements hexagonaux. Le vice-président de la région chargé des Sports a donc tapé du poing lors du dernier conseil d’administration de Paris 2024, qui s’est tenu le 13 décembre. Deux jours plus tard, c’est victorieux qu’il annonçait sur Twitter : “J'ai obtenu l'engagement [pour que la flamme olympique passe] sur tous nos territoires [d’Outre-mer].”
Victoire! Le COJO (comité d'organisation des Jeux Olympiques et para) avait prévu le passage de la flamme olympique ds ts les départements de l'hexagone & dans un seul territoire ultramarin. Au terme d'une longue bataille, j'ai obtenu l'engagement de passer sur ts nos territoires pic.twitter.com/JUlHzcXZbr
— Patrick Karam (@karampatrick) December 15, 2021
Mais la “victoire” affichée de Patrick Karam ne signifie pourtant pas que la flamme olympique passera bel et bien dans les treize DROM-COM qui composent la France. Le comité d’organisation a d’ailleurs annoncé à Outre-mer La 1ère qu’une traversée par bassin géographique était privilégiée.
Paris 2024 avait-il acté que la flamme passerait dans un seul territoire ultramarin ?
Contacté, Patrick Karam assure que le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJO) de Paris 2024 avait décidé de privilégier les départements de l’Hexagone sur les Outre-mer :
J’apprends [lors du conseil d’administration du] 21 septembre que [le COJO] envisage de faire passer la flamme dans un maximum de départements, mais [qu’]il ne garantit le passage que dans un seul - un seul ! - territoire d’Outre-mer.
Or, dans le communiqué publié au sortir de ce premier conseil d’administration - où siègent la ville de Paris, la région Île-de-France ainsi que l’État -, Paris 2024 exprimait le désir de “permettre la participation du plus grand nombre de Français autour du Relais de la flamme”. Dans cette perspective, le texte avait acté :
La traversée d’un maximum de territoires - dont au moins un territoire d’outre-mer - pour aller à la rencontre des Français dans leur diversité.
En aucun cas le COJO ne semblait exclure la traversée de plusieurs départements ultramarins. Mais M. Karam assure que, dans les documents de travail des différents acteurs impliqués dans l’organisation des Jeux, qui n’ont pas été rendus publics, le principe d’exclusion de tous les territoires d’Outre-mer, sauf un, avait été entériné.
Le vice-président de la région Île-de-France, qui est dirigée par la prétendante à l’élection présidentielle de 2022 Valérie Pécresse, a adressé deux courriers à Tony Estanguet, le président du comité d’organisation des JO, le 8 novembre, ainsi que le 8 décembre, pour demander à ce que la place accordée aux Outre-mer dans le Relais de la flamme soit portée à l’ordre du jour du deuxième conseil d’administration qui a eu lieu le 13 décembre.
Etudes en cours
Comme l’avait réclamé Patrick Karam, le parcours de la flamme olympique a donc été évoqué le 13 décembre. Soutenu par les maires socialistes de Paris et de Saint-Denis, Anne Hidalgo et Mathieu Hanotin, ainsi que par la ministre des Sports Roxana Maracineanu, le Guadeloupéen affirme que “ce qui [a été] acté, c’est que [la flamme] passe[ra] dans tous les territoires qui le veulent. Avant, ce n’était pas le cas. Avant, c’est le COJO qui allait choisir”.
Pour l’élu, chaque territoire d’Outre-mer français peut désormais prétendre faire partie du parcours de la flamme olympique. “Je les invite à tous y aller”, avance-t-il. Il demande également à ce que l’État prenne en charge le surcoût, évalué entre 100 000 et 150 000 euros, du passage de la flamme dans les territoires éloignés de l’Hexagone.
Or, pour l’heure, le parcours de la flamme olympique n’a pas encore été officiellement déterminé. Et celui-ci ne devrait pas passer par les treize départements, régions et collectivités d’Outre-mer français, comme le désire M. Karam.
Le comité d’organisation des Jeux olympiques a annoncé à Outre-mer La 1ère avoir mené des études de faisabilité “pour garantir le passage de la flamme dans les cinq grandes zones géographiques des territoires d’Outre-mer”, soit l’Atlantique Nord (ce qui acte le passage de la flamme à Saint-Pierre et Miquelon), l’Atlantique Sud, l’Océan indien, le Pacifique Sud et les TAAF (Terres australes et antarctiques françaises).
Les modalités de participation proposées aux départements d’Outre-mer seront les mêmes que celles proposées aux départements métropolitains, en lien avec l’Assemblée des Départements de France, tout en tenant compte des spécificités ultramarines afin de garantir l’équité territoriale.
Le COJO reste néanmoins prudent, rien n’ayant été décidé : “Le parcours précis de la flamme ne sera dévoilé qu’en 2023, un an avant [son] départ.”