A Paris, une exposition sublime les récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie

Les 40 panneaux photographiques de l'exposition "La mer arc-en-ciel" sont visibles dans la "clairière" du Parc zoologique de Paris, jusqu'à fin octobre
Les récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie fêtent leurs dix ans d'inscription au Patrimoine mondial de l'Unesco. Une exposition photographique, organisée au Parc zoologique de Paris dans le cadre de la saison France-Israël 2018, leur rend hommage.
Voilà un mois déjà que les coraux de Nouvelle-Calédonie et de la Mer Rouge s'exposent en plein-air. Rendez-vous au Parc zoologique de Paris, dans un espace arboré que l'on appelle "la Clairière", cette zone du parc contiguë aux espaces "Patagonie" et "Sahel-Soudan", sur le chemin qui part du bassin des otaries pour rejoindre l'enclos des lions. Là, 40 panneaux photographiques sont dressés, se faisant face. Les couleurs qui s'en échappent attirent l'oeil. Des coraux... De toutes les couleurs et de toutes les formes, prêts à livrer tous leurs secrets.

Tous les ans, à travers des événements culturels et scientifiques, le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) de Paris, dont le Parc zoologique fait partie, participe à une saison croisée entre la France et un pays. L'an dernier, c'était la Colombie, cette année, c'est le tour d'Israël. "Il y a une cohérence certaine de cette exposition avec toutes les problématiques de biodiversité et de conservation qui sont chères au Parc zoologique" explique Pierre-Yves bureau, directeur du Parc zoologique de Paris.

​​​​​​​"Un enrichissement du parcours de visite"


Organisée en partenariat avec le Musée Steinhardt d'Histoire naturelle, avec le soutien de l'Institut français et du ministère de la Transition écologique et solidaire, l'exposition photo "La mer arc-en-ciel" veut tout dévoiler sur les récifs coralliens de la Mer Rouge et sur ceux de la Nouvelle-Calédonie, qui fêtent, cette année, un événement un peu spécial.
  

Dix bougies à l'Unesco

Dix ans. Dix ans, cette année, que les récifs coralliens de la Nouvelle-Calédonie sont inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco.
Pascale Joannot, océanographe et directrice des expéditions du MNHN a attiré l'attention sur cet événement pour que soient mis en avant les coraux calédoniens. "Ceux de la Nouvelle-Calédonie sont particulièrement extraordinaires eu égard aux critères à remplir pour être inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco." Bonne santé des coraux, richesse de leur biodiversité, bonne gestion... Les six grandes zones de récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie qui ont été inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco en 2008 respectaient tous les critères.
 

C'est un label, mais c'est aussi un gage de sérieux dans la gestion de nos récifs coralliens. Il y a des plans de gestion dans chaque zone inscrite au patrimoine de l'Unesco et ça rapporte beaucoup de prise de conscience aux populations locales qui sont très fières d'y avoir été inscrites. Il y a dix ans, ça a été une vraie fête, ça suscite la fierté des habitants et le gage d'une bonne santé des récifs pour les gens qui viennent nous visiter.

 
Les six grandes zones de récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie ont été inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco en 2008.

La France, 4e mondiale pour ses récifs

Si Pascale Joannot dit "nous", c'est parce qu'elle se considère elle-même comme calédonienne, bien qu'elle n'y soit pas née. Derrière ce projet auquel elle a pris part dès sa genèse, derrière chacun des panneaux et des photographies, se cache un véritable amour pour cette terre, ses eaux et sa richesse naturelle. "Je suis arrivée en Nouvelle-Calédonie quand j’étais adolescente, et quand je parle de la Nouvelle-Calédonie, c’est un lien affectif extrêmement fort. De par ses habitants, de par une nature qui est extraordinaire... C’est un pays presque vide où l'on a absolument tout pour réussir, il est d’une complexité incroyable et sait aussi être sage. C’est un pays qui est inscrit dans mon cœur."
Et pour lequel elle multiplie les projets. Pour celui-ci, elle a fait jouer ses contacts et mobilisé des photographes calédoniens qui avaient déjà participé à l'exposition "Nouvelle-Calédonie : terre de corail", présentée en 2008 à l'aquarium de la Porte Dorée, au Parc floral de Nice et à la Commission européenne à Bruxelles.
 
Panneau introduisant l'exposition "La mer arc-en-ciel"
Pour la scientifique, qui a effectué ses études d'océanographie à Marseille avant de retourner en Nouvelle-Calédonie, où elle a dirigé l'aquarium de Nouméa, "La mer arc-en-ciel" doit provoquer l'émerveillement, mais aussi et surtout une prise de conscience.
 

On a l'une des plus grandes barrières de corail après l’Australie. La Nouvelle-Calédonie est réputée pour la beauté de ses récifs coralliens, même si à certains endroits, le récif est abîmé par les rejets des mines à ciel ouvert de nickel...



"Il faut que chacun d'entre nous comprenne qu'il peut agir pour mieux préserver son environnement, la planète" ajoute-t-elle. Une prise de conscience qui passe aussi par la fierté d'avoir, dans son pays, un patrimoine naturel aussi riche. "Ce sont nos Outre-mer qui nous permettent d’avoir autant de récifs coralliens, et c’est grâce à nos Outre-mer que la France est le quatrième pays au monde pour ses récifs coralliens."

"C'est grâce à nos Outre-mer..."

 


Réveiller les consciences

Prendre conscience, mais de quoi ? Comment pouvons-nous agir à notre échelle, nous qui connaissons à peine les problématiques liées aux récifs coralliens ? "Éteindre les lumières, troquer son vélo contre voiture..."  Des exemples de ce type, Pascale Joannot en a à revendre. Mais elle souhaite avant tout que les visiteurs comprennent les raisons pour lesquelles cette prise de conscience s'impose. Pour cela, elle a rédigé et traduit elle-même les textes accompagnant les photographies pour que le visiteur, peu importe son âge ou sa connaissance du sujet, soit guidé, accompagné et finalement, qu'il comprenne.

Pourquoi les coraux blanchissent et meurent ?


En cette Année internationale pour les récifs coralliens, il est important que la sensibilisation s'organise, autour d'événements de ce type, habile mélange de culture et de pédagogie. L'exposition "La mer arc-en-ciel", censée durer jusqu'au 15 septembre est, elle, prolongée jusqu'à fin octobre. Trois conférences seront également données les 8, 15 et 22 octobre prochain, dans la Galerie de l'Evolution du MNHN.
Récifs coralliens des Outre-mer français, réchauffement climatique, acidification, et même sexualité des coraux... Vie et mort de ces écosystèmes lointains seront passés au peigne fin pour que l'avenir de ces coraux (qui sont les nôtres) ne se décline pas qu'en blanc.​​​​​​​​​​​​​​