Jusqu’à quand Peter Cherif va-t-il rester muet ? Jugé par la cour d’assises spéciale de Paris pour son implication dans les attentats contre "Charlie Hebdo" en 2015, le Guadeloupéen refuse pour l’heure de s’exprimer. Mais mardi, contre toute attente, il a reconnu avoir gardé trois humanitaires français enlevés au Yémen en 2011 par AQPA (Al-Qaïda dans la péninsule arabique). Jusque-là, il avait toujours nié son implication dans cette affaire.
Âge de 42 ans, Peter Cherif avait été arrêté à Djibouti fin 2018. Ce mercredi 25 septembre, c’est sa mère qui s’est présentée à la barre devant les jurés. Vêtue de noir et en chaise roulante, la femme d’origine tunisienne a exhorté son fils à parler. "Parle Peter, dit ce que tu as à dire", lui a-t-elle enjoint. Face à la cour, elle a raconté la jeunesse de son fils, bon élève et sans histoire, puis délinquant dans son adolescence. En revanche, elle ne dira pas un mot sur le père de Peter, un Guadeloupéen déjà père de 11 enfants au moment de leur rencontre et qui a quitté le domicile familial quand Peter n’avait que six mois.
Une enfance violente
La mère qui n’avait pas eu un mot pour le père, décédé dans un accident de voiture quand Peter était adolescent, est obligée de s’épancher sur son cas face aux questions de la cour. Elle révèle alors les coups qu’elle a subis de sa part, ainsi que ses deux fils. "J’ai été battu pendant les neuf mois de ma grossesse, assure-t-elle. C’était un toxicomane, qui lui aussi a connu des choses très violentes." Un éclairage qui pourrait expliquer le parcours de violence de Peter Cherif, membre du groupe de terroriste des Buttes Chaumont.
La personnalité de la mère interroge aussi. Face à la cour, elle invective son fils et lui lance "Tu mens, je ne t’ai pas regardé une seule fois depuis que je suis là". Les deux ne s’étaient plus vus depuis 2011. Pas un regard ne sera échangé entre les deux. Le demi-frère de Peter Cherif devait aussi témoigner ce mercredi, mais il est décédé dans un accident en décembre dernier.
Le procès de Peter Cherif, soupçonné d’avoir joué un rôle auprès d’un des assaillants de "Charlie Hebdo", en janvier 2015, dure jusqu’au 4 octobre. Le Guadeloupéen encourt la réclusion criminelle à perpétuité.