Pascal Légitimus : "Je suis Arménien-Antillais, je suis Caucase-Cocotier" #MaParole

Pascal Légitimus en octobre 2012, invité du podcast #MaParole
Dans la famille Légitimus, il est le troisième à avoir embrassé la carrière d’acteur. Très populaire avec son trio les Inconnus, le comédien antillais par son père et arménien par sa mère, a poursuivi sa carrière en solo sans jamais faire de pauses. Un boulimique de travail dans #MaParole.

Avec les Inconnus, c’était la gloire, mais sans les Inconnus, Pascal Légitimus a continué à tracer sa route, avec toujours un projet sous le coude et des textes à apprendre. Le comédien a grandi à Paris. Son père Théo Légitimus était lui-même comédien et musicien, et sa grand-mère Darling Légitimus également comédienne, a remporté un prix à Venise en 1983 pour son interprétation de Man Titine dans Rue Case Nègre, le film d’Euzhan Palcy.

1 Mutique, mais pas longtemps

À l’âge de deux ans, Pascal Légitimus a vécu une sorte d’exil. Épuisé par une maladie des os, il est envoyé dans un sanatorium dans le sud de la France près d’Hyères pendant 17 mois. Une expérience un peu traumatisante car ses parents ne pouvaient pas venir le voir. À son retour à Paris, il raconte dans #MaParole qu’il était mutique. Il a du mal à se lier aux autres enfants. Son père s’est alors dit qu’il serait bon de l’inscrire à des cours de théâtre. Il lui propose de passer un casting pour rejoindre une troupe d’enfants créée par Marthe Mercadier. Intégré à la troupe, Pascal Légitimus joue les mercredis et dimanches au théâtre de l’Athénée à deux pas de l’Opéra dans une comédie musicale, "l’histoire d’Adam et Eve transposé en 2030 sur une autre planète", précise-t-il. Tout un programme !

Première apparition de Pascal Légitimus (premier à gauche) à la télévision

Et puis Pascal Légitimus trouve sa place en faisant rire ses camarades. Plus tard, au lycée Claude Bernard dans le 16e arrondissement, avec le futur animateur de radio Daniel Schick, ils montent un club de théâtre et n’arrêtent pas d’imaginer des pièces. Un drame met toutefois un voile sur ces années d’insouciance. La mère de Pascal Légitimus meurt d’un cancer quand il a 15 ans. Étant l’aîné de la fratrie de quatre frères et sœurs, il a du mal à imaginer la suite. "On mettait le couvert en la comptant, on avait l’impression qu’elle était toujours là", se souvient-il dans #MaParole. L’absence. Après ce drame, il n'arrive pas à poursuivre ses études et préfère travailler comme clown dans les hôpitaux. Il joue aussi à droite et à gauche dans des cafés-théâtres. Puis l’émission de télévision, le Théâtre de Bouvard, finit par entrer dans sa vie.

Auparavant, il a pu découvrir avec sa famille, Marie-Galante, l’île dans laquelle il se rend désormais tous les deux ans en vacances. À la maison à Paris, son père ne lui parlait pas trop en créole. En revanche, avant le décès de sa mère, il avait appris l'arménien et aidait régulièrement sa grand-mère à comprendre ce que disait le facteur ou le plombier. Il se souvient dans #MaParole des récits dramatiques de sa grand-mère sur l’histoire de sa famille et du génocide arménien. "Quand j’avais 7/8 ans, elle me racontait des horreurs (…) Elle a échappé de justesse au génocide. Son futur mari l’a sauvé. Elle n’avait que 16 ans".

2 La gloire

Pascal Légitimus se rappelle comme si c’était hier de ce jour d'audition devant Philippe Bouvard. Venu avec Seymour Brussel, son copain acteur comme lui, il rêvait d’être sélectionné. Mais aucun des sujets tirés au sort ne lui plaisaient. Pendant deux heures et demie, il a attendu et observé. Son copain voulait partir. Et finalement, un sujet l'inspire. "Le patron d’une ébénisterie passe une annonce dans le Figaro et c’est un immigré qui se présente". Au lieu de jouer l’employé, Pascal Légitimus choisit de faire le patron. "J’avais inversé les valeurs et ça a plu à Bouvard" se souvient-il.  

Sélectionné, il a pu vivre les grandes heures de cette émission très populaire. Il connaissait déjà Didier Bourdon avec qui il avait joué au café-théâtre et il fait la connaissance de Bernard Campan.  Après le théâtre de Bouvard, ils ont d’abord été cinq à tourner ensemble, puis le trio des Inconnus s’est formé et progressivement, les trois comédiens ont multiplié les sketches désopilants à la radio, sur Europe 1 puis au théâtre et à la télévision. Tout les inspire. Les émissions populaires, les radios libres, les chasseurs, les hôpitaux, la police, les critiques de cinéma, les journalistes sportifs… Pour ces trois-là, les sources de sketches sont intarissables. Les Inconnus ont écrit 180 sketches. "Beaucoup sont partis à la poubelle, car on n’a gardé que les meilleurs", précise Pascal Légitimus.

En 1995, Les Trois frères, le premier long-métrage des Inconnus fait près de 7 millions d’entrées. À cette époque, le trio était au sommet de sa gloire. Un César, un Molière, plusieurs Victoires de la musique, un 7 d’or et un prix de la Sacem, les trophées se suivent et parfois se ressemblent. Mais après Les Trois frères, chacun a un peu tracé sa route. Au début pour Pascal Légitimus, c’était dur d’envisager la suite tout seul. Mais il a suivi le conseil de son père, à savoir "tu tapes ton pied au fond de la piscine et tu remontes". Le comédien en a donc profité pour se lancer dans la mise en scène en accompagnant Laurent Ruquier, Elie Semoun et Dieudonné, Pierre Palmade, Antony Kavanagh et bien d’autres encore pour concevoir leurs spectacles.

À partir de 1998, Pascal Légitimus devient le héros récurrent d’une série policière intitulée Crimes en série sur France 2. Un bonheur pour lui de changer de registre, car "faire rire, c’est scientifique, c’est très compliqué, dit-il, sinon tout le monde le ferait", ajoute-t-il. Pendant cette période, il réalise en 2000 son propre film Antilles-sur-Seine. Au casting, toute une série d’acteurs antillais dont Med Hondo, Théo Légitimus, son père, Thierry Desroses, les frères Martial, Jacques et Jean-Michel ainsi qu'Edouard Montoute. Toujours en quête de nouvelles expériences, de perfectionnement, Pascal Légitimus souhaite alors rencontrer la réalisatrice Coline Serreau. Il veut comprendre comment elle procède pour réaliser ses films. Quelques jours après leur rencontre, elle lui propose un rôle. En 2005, Pascal Légitimus joue dans Saint-Jacques la Mecque, le rôle du guide de randonnée qui doit mener sur les routes des frères et sœurs fâchés joués par Muriel Robin et Jean-Pierre Daroussin. Le tournage de trois mois est éreintant, mais passionnant.

Pascal Légitimus en "local" guyanais

 

3 Le retour des Inconnus en 2023

Comédien, réalisateur, metteur en scène, scénariste et producteur, Pascal Légitimus multiplie les expériences. Aujourd’hui, il donne des cours dans des écoles de théâtre, et même à des DRH dans des entreprises. Après des années avec les Inconnus, des pièces de théâtre avec Mathilda May ou Michèle Bernier, l’acteur finit par monter sur scène tout seul en 2011. Pas simple pour lui. Il s’en explique dans #MaParole. Il s’amuse à adapter son spectacle au contexte local. En avril dernier, il a adoré jouer devant 800 personnes au Grand théâtre de Papeete. 

Avec les Inconnus, l’histoire n’est pas finie. Bernard Campan refuse de remonter sur scène. En revanche, un documentaire sur TF1 est en cours de préparation, ainsi qu’un film de fiction réalisé par Riad Sattouf qui devrait sortir en 2023. Pascal Légitimus prépare aussi le tournage de son propre long-métrage qui s’intitulera Marie-Thérèse, en hommage aux infirmières et aux aide-soignantes.

En plus du théâtre, du cinéma et de la formation, Pascal Légitimus a écrit un deuxième livre intitulé L'alphabêtisier (Michel Lafon) dans lequel il s’amuse à inventer des mots et à en donner la définition. Exemple : Aristocrade, qui signifie "personne issue de la noblesse présentant une hygiène douteuse".  En 2021, il a participé à un clip de Soprano. La chanson s’appelle Dingue et il y joue le rôle d’un militaire à l’accent du sud, plus vrai que nature. Toujours en 2021, on a pu voir Pascal Légitimus dans Meurtres à Marie-Galante, un téléfilm sur France 3 dans lequel il jouait le rôle d’un inspecteur en vacances reprenant du service. Il a même embarqué son cousin Laurent Voulzy dans l’aventure pour qui c’était son premier rôle. Bref, Pascal Légitimus a plus d’un projet dans son sac et on ne va pas s’en plaindre !

De gauche à droite : Pascal Légitimus, Didier Bourdon et Bernard Campan dans "Les 3 frères, le retour"

♦♦Pascal Légitimus en 5 dates ♦♦♦

13 mars 1959

Naissance à Paris

Septembre 1982

Audition pour intégrer le théâtre de Bouvard

Janvier 1995

Tournage des Trois frères

13 décembre 2000

Sortie d’Antilles-sur-Seine

12 octobre 2005

Sortie de Saint-Jacques… La Mecque