La ville de Bordeaux qui mène depuis plusieurs années un travail de mémoire sur son passé de port négrier, a accroché cette semaine cinq nouvelles versions de plaques de rue au nom de négriers, accompagnées cette fois-ci d'un contexte historique.
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"C'est sûr que cela résonne par rapport à l'actualité au moment où certains déboulonnent des statues dans le monde", a commenté à l'AFP Marik Fetouh, adjoint au maire chargé de l'égalité et de la lutte contre la discrimination. Alors qu'une statue de marchand d'esclaves a été déboulonnée et jetée à l'eau par des manifestants antiracistes à Bristol (Grande-Bretagne), ou des statues de Christophe Colomb attaquées à Boston ou Miami, Bordeaux préfère "la pédagogie mémorielle" plutôt que de changer carrément le nom de ces cinq rues honorant des hommes des XVIIe et XVIIIe siècles, explique-t-il.
C'est avec le commerce d'esclaves qu'est né le racisme, dit Marik Fetouh. "Le racisme est là pour justifier le commerce d'êtres humains et le classement entre êtres supérieurs et inférieurs".
Longtemps accusée d'ignorer son passé négrier, Bordeaux a créé un "parcours mémoriel" au sein de la ville, inauguré en 2009 des salles permanentes dédiées à l'esclavage au Musée d'Aquitaine, installé l'an dernier sur ses quais une statue de Modeste Testas, esclave déportée à Saint-Domingue par des Bordelais.
La capitale girondine a prospéré entre les XVIIe et XVIIIe siècles sur la traite d'esclaves, avec 508 expéditions négrières, mais aussi le négoce très lucratif de denrées coloniales produites par les esclaves. Entre 1672 et 1837, 120.000 à 150.000 esclaves africains ont été déportés vers les Amériques par des armateurs bordelais. Pour rappeler cette histoire, une "commission de réflexion sur la mémoire de l'esclavage et de la traite négrière" avait été lancée en 2016 par la ville, composée d'universitaires, de professionnels de la culture et de représentants associatifs, qui avaient émis des propositions.
La ville de Nantes, autre plaque tournante de l'esclavage, mène aussi le même travail de mémoire, et a installé notamment en 2012 un mémorial à l'abolition de l'esclavage sur les quais de la Loire.
Plaque pédagogique
Pour la rue David Gradis (1665-1751) par exemple, une plaque explique qu'il a armé dix navires pour la traite des Noirs et qu'il a aussi acheté un terrain devenu le premier cimetière juif de la ville. "C'est à ce titre et parce que ses descendants furent aussi des notables bordelais que son nom a été donné à cette rue". Un QR code renvoie à un site internet détaillé.C'est avec le commerce d'esclaves qu'est né le racisme, dit Marik Fetouh. "Le racisme est là pour justifier le commerce d'êtres humains et le classement entre êtres supérieurs et inférieurs".
"Parcours mémoriel"
Ces plaques, présentées en décembre dernier, s'inscrivent dans un travail de mémoire entamé par le maire Alain Juppé, remplacé l'an dernier par Nicolas Florian. Et à quelques semaines des municipales, la ville voulait aussi "boucler les promesses du mandat", ajoute Marik Fetouh.Longtemps accusée d'ignorer son passé négrier, Bordeaux a créé un "parcours mémoriel" au sein de la ville, inauguré en 2009 des salles permanentes dédiées à l'esclavage au Musée d'Aquitaine, installé l'an dernier sur ses quais une statue de Modeste Testas, esclave déportée à Saint-Domingue par des Bordelais.
508 expéditions négrières
La capitale girondine a prospéré entre les XVIIe et XVIIIe siècles sur la traite d'esclaves, avec 508 expéditions négrières, mais aussi le négoce très lucratif de denrées coloniales produites par les esclaves. Entre 1672 et 1837, 120.000 à 150.000 esclaves africains ont été déportés vers les Amériques par des armateurs bordelais. Pour rappeler cette histoire, une "commission de réflexion sur la mémoire de l'esclavage et de la traite négrière" avait été lancée en 2016 par la ville, composée d'universitaires, de professionnels de la culture et de représentants associatifs, qui avaient émis des propositions.La ville de Nantes, autre plaque tournante de l'esclavage, mène aussi le même travail de mémoire, et a installé notamment en 2012 un mémorial à l'abolition de l'esclavage sur les quais de la Loire.