Un hommage national à Maryse Condé se tiendra à la Bibliothèque nationale de France Richelieu

Des personnalités issues du monde universitaire, de la culture, du sport ou du journalisme réclamaient que la République fasse honneur à l'écrivaine guadeloupéenne, disparue à 90 ans le 2 avril dernier. Une cérémonie aura lieu en présence d'Emmanuel Macron le 15 avril, à la BNF.

"Il est des hommages qui s’imposent". Dans une tribune adressée au président de la République et publiée dans Le Nouvel Obs, jeudi 4 avril, une trentaine de personnalités politiques, culturelles ou du monde universitaire, réclamaient qu’un hommage national soit rendu à Maryse Condé, qui s’est éteinte le 2 avril dernier, à 90 ans. Ce sera chose faite : une cérémonie doit se tenir lundi 15 avril, à 16 heures, à la Bibliothèque nationale de France - Richelieu à Paris, en présence d'Emmanuel Macron.

L’acteur Omar Sy, l’ancien footballeur et militant associatif Lilian Thuram, le journaliste Harry Roselmack, la réalisatrice Euzhan Palcy, l’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira, le rappeur Abd al Malik, l’écrivain David Diop… Tous ont salué dans la tribune l’œuvre et les combats de l’écrivaine guadeloupéenne.

"Ses choix ne cherchaient pas le compromis ni la facilité mais disaient les choses comme elle écrivait ses livres : avec force et netteté, parce que, face à l’esclavagisme, face au colonialisme ou au racisme, face aux contradictions du monde, il n’est pas de nuance possible", ont écrit les signataires. "Monsieur le président de la République, personne ne mérite plus cet honneur que Maryse Condé", concluaient-ils.

"La République française s’honorerait à lui rendre un hommage solennel"

Un hommage national distingue un personnage illustre au moment de ses obsèques. Il s’organise après une décision du président de la République. La cérémonie se déroule traditionnellement au Panthéon ou aux Invalides. Depuis son élection en mai 2017, Emmanuel Macron a rendu 26 hommages nationaux. Récemment, il a par exemple honoré Philippe de Gaulle, le fils du général de Gaulle, et Robert Badinter, le père de l’abolition de la peine de mort en France.

"Maryse Condé fait partie de notre histoire. La traite, l’esclavage, la colonisation… Il ne faut pas l’enfouir dans nos mémoires. Il faut revendiquer cette histoire, l’aborder de front et travailler tous ensemble pour une société de justice qui reconnait les différences, mais qui, en même temps, est capable de les fédérer dans un idéal commun. Je crois que c’est ce message qu’il faut proclamer et j’espère que cette cérémonie sera l’occasion de le faire", explique l'un des signataires de la tribune, le président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, Jean-Marc Ayrault.

Je pense qu’il est important de rappeler que la France se grandit du travail intellectuel, créatif, de personnes comme Maryse Condé.

Rokhaya Diallo.

La journaliste et militante Rokhaya Diallo a, elle aussi, signé le texte. "Cet hommage s’impose, c’est une évidence, estime-t-elle. Maryse Condé a apporté une contribution incomparable à la littérature du monde et elle a permis à un territoire, la Guadeloupe, d’accéder à une visibilité littéraire extrêmement importante. L'hommage national ne fait aucun débat pour moi."  

Des cérémonies, de Paris à Pointe-à-Pitre

Sadia est élève au lycée Maryse Condé, à Sarcelles, en région parisienne. Ce 5 avril, une minute de silence a été organisée par l’établissement pour honorer la mémoire de la Guadeloupéenne. "C’est de la tristesse que j’ai ressenti ce matin. Maryse Condé était une grande écrivaine, qui a une belle plume, engagée, explique la jeune fille. Je pense qu’elle mérite un hommage plus large, parce qu’elle a vraiment véhiculé dans ses écrits des messages féministes et antiracistes. Elle a eu un impact dans la société d’aujourd’hui."

Une veillée se tiendra à Pointe-à-Pitre, la ville où elle est née, le samedi 6 avril. Les obsèques de Maryse Condé se tiendront vendredi 12 avril à 10 h à l’église Saint-Germain des Près, à Paris. L’inhumation aura lieu au cimetière du Père Lachaise.