Plutôt que de déboulonner les statues de personnages historiques controversés ou de débaptiser des rues, mieux vaudrait élever sur les même lieux, en réponse, des monuments dédiés à d'autres figures afin de "regarder l'Histoire en face", a suggéré l'entourage d'Emmanuel Macron.
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Les conseillers du président étaient interrogés sur les propos de la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, qui a souhaité "poser la question" de débaptiser l'avenue Bugeaud à Paris, qui porte le nom du général français responsable du massacre de nombreux Algériens au XIXe.
"Il ne s'agit pas de débaptiser l'avenue Bugeaud mais pourquoi pas un monument adressé à l'émir Abdelkader -- qu'a combattu Bugeaud -- qui était détenu au château d'Amboise", a commenté un conseiller. "Pourquoi pas une statue d'Emile Zola en face de celle de Paul Déroulède", fondateur en 1882 de la Ligue des Patriotes, mouvement antidreyfusard.
"Des groupuscules extrémistes tentent d'imposer une vision binaire de l'Histoire, puritaine, et s'attaquent à des symboles républicains et aux valeurs de la République. Cette tentative d'importer une vision intersectionnelle de la mémoire ne peut être compatible avec une mémoire républicaine partagée par tous", estiment des proches du président, inquiets des dégradations ce week-end de statues du général de Gaulle et de Gambetta.
Un buste de Charles de Gaulle a été vandalisé à Hautmont (Nord) avec inscrit en peinture rouge le mot "esclavagiste", a rapporté le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand sur Twitter.
Samedi dernier, lors de la manifestation en mémoire d'Adama Traoré, des manifestants voulaient cibler la statue installée devant l'Assemblée nationale de Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, à l'initiative en 1685 du Code noir, qui a légiféré l'esclavage dans les colonies françaises.
Alors que Jean-Marc Ayrault, actuel président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, a demandé samedi de rebaptiser une salle Colbert à l'Assemblée, le sénateur PS de Guadeloupe et ancien ministre des Outre-mer Victorin Lurel souhaite que sa statue devant l'Assemblée, ou celle située au sein du Sénat, soient "déplacées ou expliquées".
"Dans un État républicain, démocratique et libre, il n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique. Pourtant, parce que l'Histoire fonde nos consciences, parce que les mémoires - longtemps honteuses - restent douloureuses, parce que face à l'occultation et au déni encore vivaces, l'honneur de la République est d'oeuvrer pour la réconciliation des mémoires", écrit le sénateur sur Facebook.
Emmanuel Macron a déclaré dimanche qu'il serait "intraitable face au racisme, à l'antisémitisme et aux discriminations" mais que "ce combat noble est dévoyé lorsqu'il se transforme en communautarisme, en réécriture haineuse ou fausse du passé".
"La République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble toute notre Histoire, toutes nos mémoires", avait-il déclaré.
"Il ne s'agit pas de débaptiser l'avenue Bugeaud mais pourquoi pas un monument adressé à l'émir Abdelkader -- qu'a combattu Bugeaud -- qui était détenu au château d'Amboise", a commenté un conseiller. "Pourquoi pas une statue d'Emile Zola en face de celle de Paul Déroulède", fondateur en 1882 de la Ligue des Patriotes, mouvement antidreyfusard.
Recontextualiser
"Il faut s'emparer de la mémoire de ces personnages, il ne s'agit pas d'effacer ce qu'ils ont été mais de recontextualiser", explique-t-on de même source."Des groupuscules extrémistes tentent d'imposer une vision binaire de l'Histoire, puritaine, et s'attaquent à des symboles républicains et aux valeurs de la République. Cette tentative d'importer une vision intersectionnelle de la mémoire ne peut être compatible avec une mémoire républicaine partagée par tous", estiment des proches du président, inquiets des dégradations ce week-end de statues du général de Gaulle et de Gambetta.
Un buste de Charles de Gaulle a été vandalisé à Hautmont (Nord) avec inscrit en peinture rouge le mot "esclavagiste", a rapporté le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand sur Twitter.
"Déplacées ou expliquées"
Samedi dernier, lors de la manifestation en mémoire d'Adama Traoré, des manifestants voulaient cibler la statue installée devant l'Assemblée nationale de Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, à l'initiative en 1685 du Code noir, qui a légiféré l'esclavage dans les colonies françaises.Alors que Jean-Marc Ayrault, actuel président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, a demandé samedi de rebaptiser une salle Colbert à l'Assemblée, le sénateur PS de Guadeloupe et ancien ministre des Outre-mer Victorin Lurel souhaite que sa statue devant l'Assemblée, ou celle située au sein du Sénat, soient "déplacées ou expliquées".
"Dans un État républicain, démocratique et libre, il n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique. Pourtant, parce que l'Histoire fonde nos consciences, parce que les mémoires - longtemps honteuses - restent douloureuses, parce que face à l'occultation et au déni encore vivaces, l'honneur de la République est d'oeuvrer pour la réconciliation des mémoires", écrit le sénateur sur Facebook.
Emmanuel Macron a déclaré dimanche qu'il serait "intraitable face au racisme, à l'antisémitisme et aux discriminations" mais que "ce combat noble est dévoyé lorsqu'il se transforme en communautarisme, en réécriture haineuse ou fausse du passé".
"La République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble toute notre Histoire, toutes nos mémoires", avait-il déclaré.