C'est sur la fameuse place de la Comédie, lieu névralgique de Montpellier, qu'il nous a donné rendez-vous avec, en ligne droite, la gare de Saint-Roch et derrière la place, l’enchevêtrement des rues du quartier historique. Devant le cinéma, donné en repère pour plus de commodité, se découpe, dans la lumière déclinante de ce mercredi, la silhouette élancée de Franck Nicolas au look 100% "artiste cool". Chapeau vissé sur la tête et sourire accueillant fixé aux lèvres, c'est un artiste atypique que L’Oreille est hardie rencontre, un musicien prolifique, tout dévoué à sa musique :
Musicien, compositeur, trompettiste, joueur de conques… Franck Nicolas a plus d’une corde à son arc musical. Ce Guadeloupéen installé depuis plus de trente ans dans la capitale de l’Hérault se dit, se veut profondément, essentiellement, caribéen. Il a le ka (tambour de Guadeloupe) chevillé au jazz et n’en est plus à un concept créé près.
À l'origine
C’est Miles Davis qui sonne le premier la trompette d’alarme dans la tête du jeune âgé alors de dix ans. Le musicien américain s’invente et réinvente le jazz dès qu’il souffle dans son instrument. Franck Nicolas veut faire comme lui et créer et renouveler en permanence ce qui sera sa musique de prédilection : le jazz.
Mais c’est bel et bien dans sa Guadeloupe natale que se développera en lui les autres sonorités marquant sa vie et sa musique : il suit l’enseignement d'Édouard Ignol, dit Kafé, figure reconnue du Gwo Ka moderne, maître des rythmiques du tambour qui font, en partie, la tradition musicale de l’archipel.
Naissance du "jazz ka"
Et c’est bien plus tard, après s’être installé à Montpellier pour ses études de musicologie, puis avoir commencé à enseigner son savoir-faire et après un travail d’élaboration acharné, que les ambitions de Franck Nicolas deviendront réalité : lors d’un voyage a New York en 2002, il conceptualise et met au point le "jazz ka".
Et n’allez pas lui dire qu’il s’agit d’une superposition des deux courants musicaux : Franck Nicolas vous rétorquerait qu’il s’agit plutôt d’un nouveau genre, fusion de deux musiques qu’il a subtilement alliées pour en faire une troisième, avec son identité propre…
Le "jazz ka" fait des petits
Il en précise les contours, crée de nouveaux rythmes, met au point les méthodes. Et ne s’arrêtera pas là : après le "jazz ka", naîtront le "Kompa jazz" (c’est le prochain album sous son nom à paraître le 1er mars…) puis la Pop ka, cherchant ainsi à mettre en avant une musique disons plus accessible aux oreilles d’un large public.
Jeu et transmission
Ce sont toutes ces fusions que Franck Nicolas emmène avec lui vers les terres volcaniques de Guadeloupe et de Martinique, lors de voyages réguliers. Qu’il s’y produise avec d’autres musiciens de jazz caribéens ou bien qu’il y enseigne son savoir faire à des étudiants en musicologie.
La transmission, un aspect essentiel de sa philosophie artistique, fait-il remarquer dans L’Oreille est hardie. L’autre aspect essentiel étant le lien indestructible qui l’attache à sa terre guadeloupéenne, faisant de Montpellier davantage une terre d’adoption.
Aller plus haut
Riche déjà d’une vingtaine d’albums à son palmarès, Franck Nicolas veut passer à la vitesse supérieure et continuer à donner des concerts, à faire résonner plus largement ses styles de musique, au-delà du monde du jazz. Il s’est pour cela adjoint les services d’une productrice, chargée entre autres d’amplifier la diffusion de ses albums. Bref, le musicien a des projets, et une ambition : sortir sa musique d’une certaine confidentialité qui cadre mal avec la qualité de ce qu’il propose.
Si vous voulez vous en rendre compte par vous-mêmes, et entendre ou découvrir Franck Nicolas dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
Ou par là :
Nouvel album de Franck Nicolas, "Kompa Jazz" (sortie le 1er mars) et concert le 14 mars 2023 au Sunset-Sunrise, à Paris.