Direction Hawaï pour trouver l’une des plumes les plus prometteuses et rafraîchissantes de ce cote-ci du Pacifique. Bon, en fait, L’Oreille est hardie n’a pas eu à faire ses bagages pour Honolulu (dommage...) : Kristiana Kahakauwila est en effet passée par Paris pour faire découvrir son premier livre, un recueil de nouvelles, 39 bonnes raisons de transformer des obsèques hawaïennes en beuverie. Tantôt légères tantôt sombres, les six histoires courtes reflètent une certaine réalité de Hawaï, terre qu’elle a appris à re-connaître (elle y vit désormais avec mari et enfant) derrière la façade paradisiaque affichée par les Etats-Unis.
Hawaïenne par son père, elle est aussi occidentale par sa mère. Dans le podcast L’Oreille est hardie, elle parle de ses origines, de ses désirs d’écriture, des langues dans lesquelles elle a choisi de s’exprimer :
La liste, procédé littéraire
Pour la version française, les éditions Au Vent des Îles ont préféré emprunter, pour le titre du recueil, celui d’une des nouvelles centrales et vraie trouvaille narrative de KK. L'idée de 39 bonnes raisons de transformer des obsèques hawaïennes en beuverie est réellement venue à Kristiana au moment d’un enterrement auquel elle devait assister : dresser la liste de toutes les raisons de se rendre à l’événement associées à autant de raisons d’y boire un verre ! Y décelant un attrait et un intérêt de nature littéraire, l’idée d’écrire d’autres nouvelles est lancée.
L’enfer du décor ?
L’édition américaine, elle, prendra son titre avec la première nouvelle, C’est le paradis (titre original : This is paradise) sans doute la plus emblématique de l’ensemble parce qu’elle donne sa tonalité acidulée. Dans cette nouvelle qui ouvre le recueil, Kristiana Kahakauwila brosse, comme dans un film choral, les portraits d'Américains de passage, de touristes et d’Hawaïens, de tous milieux et de classes sociales différentes, toujours dans un cadre très réaliste presque à pouvoir le toucher.
Des personnages jeunes trompant l’ennui dans les bars, d’autres plus âgés s’éreintant et s’abîmant dans un travail quotidien, chacun décrit séparément avant qu’elle ne les fasse se croiser autour d’un événement final dramatique. Le tout révélant du même coup, la figure plus âpre de Hawaï, envers du décor de paradis-rêve américain qui colle à sa peau, comme d'autres terres du Pacifique occidentalisées par l’Histoire et les colonisations...
Écoutez L’Oreille est hardie…
Et faites connaissance avec une jeune autrice à l’écriture et au sens de la narration maîtrisés. Et qui n’hésite pas à mêler les langues : l’anglais, bien sûr, mais aussi le pidgin, véritable créole hawaïen que la famille de Kristiana Kahakauwila utilise et parle encore, ce qui est de moins en moins le cas sur place. À noter, le petit lexique de mots essentiel pour ne pas être totalement perdu et le travail de traduction assurée par Mireille Vignol - que vous entendrez dans L’Oreille est hardie puisque c’est elle qui traduit la plupart des propos de l’autrice quand cette dernière trébuche sur le français…
39 bonnes raisons de transformer des obsèques hawaïennes en beuverie : à découvrir pour le portrait réaliste de cette île du Pacifique, pour saisir les relations parfois tendues ou ambiguës avec les Etats-Unis et pour, pourquoi pas, comparer ces histoires et ces réalités avec celles que vivent d’autres terres du Pacifique…
Pour retrouver l'autrice Kristiana Kahakauwila, invitée de L'Oreille est hardie, c'est par ICI !
Ou par là :
"39 bonnes raisons de transformer des obsèques hawaïennes en beuverie" de Kristiana Kahakauwila est publié aux éditions Au Vent des Îles.