Il dit avoir le "syndrome de l’imposteur", ce qui pour un comédien ressemble plutôt à une qualité pour interpréter des rôles. Mais ce que Laurent Robert entend par là, c’est que sous ses airs de touche-à-tout - improvisation, one man show, comédie, tragédie -, il n’a pas encore osé de frotter aux grands rôles du répertoire du théâtre. Non pas qu’il ne serait pas taillé pour. Disons plutôt que de plus grands et plus célèbres que lui s’y sont frottés avant lui et ont laissé une telle empreinte qu’il n’ose pas encore se mettre dans leur pas. Ça viendra sûrement.
Tous azimuts !
En attendant, le comédien livre une partition brillante et énergivore dans la pièce qui se donne actuellement au Théâtre 13 à Paris Je m’en vais mais l’État demeure de son comparse Hugues Duchêne et la compagnie Le Royal Velours. Un projet ambitieux : raconter depuis l’année 2016, la vie politique française. Une année correspond à une heure de spectacle, faites le calcul. Multitude de rôles, de déplacements, de changements de costumes… Laurent Robert et ses petits camarades sortent rincés de cet exercice, jouissif au possible mais harassant (surtout les week-ends ou le spectacle se joue en version intégrale soit près de sept heures durant) !
S’improviser comédien ?
Mais Laurent Robert s’est habitué aux challenges. Depuis l’époque où, dans son île de La Réunion natale, à l’âge de 14 ans, l’ado introverti se prend de passion pour… l’improvisation. Pas le théâtre qui demande déjà de sortir de soi pas mal de cran. Non. L’impro qui nécessite encore davantage de mise en danger face à des spectateurs. Paradoxe assumé par l’intéressé mais inexplicable et inexpliqué pour lui-même à ce jour, avoue-t-il dans L’Oreille est hardie !
D’autant que ce goût pour l’improvisation ne se tarira pas et le tiendra une bonne dizaine d’années, sans compter, aujourd'hui encore, les recours incessants à l’impro, mobilisée pour certains spectacles (ou pour répondre aux demandes de L’Oreille... de dresser en début de podcast son autoportrait) !
Des formations professionnelles
Loin du chemin tracé vers une quelconque école de commerce, ses études supérieures seront artistiques, faites de théâtre, de théâtre, de théâtre. Et c’est parce qu’il en voudra toujours plus, qu’il deviendra l’un des membres fondateurs de la Troupe Universitaire de l’Île de La Réunion. Viendront alors les premières sensations quasi-professionnelles sur les scènes réunionnaises. Puis l’oiseau décide de continuer son apprentissage et de quitter son nid de l’océan Indien direction Avignon puis Cannes et des écoles de formation où ses talents pour la tragédie comme pour la comédie s’affirment.
Tutoyer les dieux
2015 signe son entrée à la Comédie Française !... Déjà ?! Bon, disons pour être plus précis, qu’il intègre l’Académie de la prestigieuse institution et devient pendant un an un des élèves comédiens. Le rythme y est d’enfer puisqu’il enchaîne pas moins de 400 représentations en 10 mois ! Des petits rôles certes mais un poste d’observation et d’apprentissage imprenable et quelques belles rencontres avec de grands comédiens, des metteurs en scène confirmés et quelques idoles.
Puis deux ans plus tard, Laurent Robert se met à l’écriture et co-signe L’Attrape-Dieux qu’il créera au CDN de La Réunion avec son comparse Thibaut Pasquier, spectacle qu’ils emmèneront jusqu’au Festival Off d’Avignon dans le cadre du TOMA (Théâtre d’Outre-mer en Avignon). Parallèlement, viendra se greffer l’aventure de Je m’en vais mais l’État demeure avec la compagnie Royal Velours composée de quelques anciens camarades venus eux aussi de l’Académie de la Comédie Française.
Écoutez "l’Oreille est hardie"…
Et écoutez Laurent Robert évoquer ses pérégrinations théâtrales (apprenez ce qui aurait pu être sa vocation première ; et aussi sa motivation pour ses premiers pas artistiques…). Suivez le parcours à la fois singulier et exemplaire d’un jeune homme issu des Outre-mer, qui, la tête et le cœur pleins de rêves de scènes, a beaucoup travaillé pour y arriver. Ce que ne pourrait pas forcément dire le premier imposteur venu…
Découvrez ou retrouvez le comédien Laurent Robert dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
Laurent Robert est à l’affiche de "Je m’en vais mais l’Etat demeure" de Hugues Duchêne au Théâtre 13 Glacière à Paris jusqu’au 26 juin 2022.
Et jouera dans "Lulu Projekt" au Festival d’Avignon, au Gilgamesh du 7 au 27 juillet 2022.