Podcast "L’Oreille est hardie" : "Patinage" très artistique pour Nelson-Rafaëll Madel

Le comédien et metteur en scène Nelson-Rafaëll Madel

Avec la pièce de théâtre "Patinage", le metteur en scène martiniquais s’en donne à cœur joie au Théâtre de la Tempête à Paris. Il y signe la mise en scène du texte signé Damien Dutrait et glisse entre comédie grinçante et tragédie. Figure libre à (re)découvrir dans "l’Oreille…".

Wallis et Futuna La 1ère • Publié le 11 février 2022 à 17h44, mis à jour le 7 avril 2023 à 16h30

L’année 2022 commence sur les chapeaux de roue pour le metteur en scène et comédien Nelson-Rafaëll Madel. Ou plus exactement sur les lames de patins. Jeu de mots facile quand se présente au théâtre de la Tempête en ce mois de février, la pièce Patinage qu'il a créé et mis en scène sur un texte de son ami Damien Dutrait. En fait de patinage, il ne faut garder vraiment que la figure symbolique, l’image, pour comprendre à quel point tout manque de glisser et de se casser la figure dans le monde actuel. À quel point l’équilibre est précaire et la conduite d’une trajectoire pas évidente, avec tout ce que le monde et nous traversons.

Dérapages incontrôlables ?

Quatre personnages évoluent devant nous : une femme, téléspectatrice vissée à son fauteuil, avide et aficionado de patinage artistique retransmis sur son petit écran. Son programme préféré est sans cesse entrecoupé par l’actualité : c’est qu’un groupuscule fait de l’agitation et vient perturber le "bon ordre" mis en place par le gouvernement. On suivra d’un côté Mikael l’encagoulé et le président de la République. Et puis, il y a Gloria, la fille de la téléspectatrice. La plus lumineuse des personnages en proie aux questionnements plutôt qu’aux certitudes inébranlables. Des personnages qui disent chacun "non" à leur façon et c’est bien ce qui a attiré Nelson-Rafaëll Madel dans ce texte, explique-t-il dans l'Oreille est hardie.

Dire "non !"

Comme dans sa version du personnage icônique d’Antigone (dans Antigone, ma sœur qu’il reprend cette année après l’interruption dû à la pandémie), les personnages qui disent "non", qui s’opposent à un ordre trop autoritairement établi, fascinent le metteur en scène martiniquais. Et c’est ainsi qu’il a installé sur scène les quatre figures de Patinage. Une mise en scène - et au départ un texte - qui oscille entre rires et larmes.

Le premier tableau donne le ton, une scène de glisse à l’unisson puis chacun des patineurs part irrémédiablement de son côté. Un peu plus tard, la louange de la femme pour le patinage est à la fois drôle et pathétique. L’introduction du personnage du président de la République prête à sourire dans les premiers temps mais est contrebalancée plus loin par le face à face avec l’Encagoulé. Et tout au long de la pièce, Gloria essaiera quant à elle de faire le lien, de chercher et de trouver du sens à tout cela, Gloria comme une prière adressée aux cieux pour que tout devienne plus calme, plus doux… Un spectacle amer et drôle qui repose pour beaucoup sur un texte ciselé et l’énergie communicative des quatre comédiens sur scène.

Écoutez l’Oreille est hardie

Nelson-Rafaëll Madel raconte son travail de metteur en scène et de comédien, son début d’année riche avec les représentations de Patinage puis un peu plus tard la reprise du spectacle qu’il a co-écrit, mis en scène et dans lequel il joue Antigone ma sœur (de passage aux Antilles en avril) et les rendez-vous donné au Festival de théâtre d’Avignon avec Chasser les fantômes dans laquelle il joue. Il évoque encore sa chère Martinique - où il exerce une part de plus en plus importante de ses activités d’artiste - mais aussi l’odeur de la pluie sur les pierres (si, si…). Nelson-Rafaëll Madel, invité de l’Oreille est hardie, c’est par ICI.

Ou par là :

- "Patinage" jusqu’au 18 février au Théâtre de La Tempête, Paris.
- "Antigone ma sœur", en tournée en mars et avril (dont 18 et 19 mars à L’Artchipel Guadeloupe ; 22 et 23 mars à Tropiques Atrium Martinique).
- "J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre" (en tournée, et au Festival d’Avignon du 7 au 30 juillet à La Manufacture).
- "Chasser les fantômes", du 7 au 30 juillet au Théâtre des Halles au festival d’Avignon 2022.