PODCAST. Nadia Chonville, femme, écrivaine, militante et enfant de cœur

Nadia Chonville, autrice de "Mon cœur bat vite" (Mémoire d'encrier)
Avec "Mon cœur bat vite", l’autrice antillaise, féministe et militante, signe chez Mémoire d’encrier un roman palpitant, une tragédie bousculant les genres littéraires et les genres tout court. Explications et confidences au creux de "L’Oreille est hardie".

Avant qu’elle ne s’envole pour une tournée de présentation à Paris, de son premier roman Mon cœur bat vite, L’Oreille est hardie retrouve Nadia Chonville chez elle, en Martinique, dans la maison familiale de Schœlcher. La Martinique, dont elle partage ses origines avec la Guadeloupe, est le lieu de vie, d’écriture et d’études de cette docteure en sociologie, désormais également romancière. 

Premier roman, disions-nous ? Oui et non : depuis l’âge de huit ans, elle n’a pas cessé d’écrire, commettant des ouvrages de natures diverses dont une trilogie portée vers la fantasy. Mais Mon cœur bat vite est LE livre qui la fait entrer de plain pied en littérature, dit-elle, celui qui concrétise davantage son rêve d’enfance de devenir écrivaine.
Écoutez les confidences de Nadia Chonville à ce sujet et ce qui l’a conduite à écrire ce roman, dans le podcast L’Oreille est hardie

La romancière Nadia Chonville

Une femme de cœur et de combats

Guadeloupéenne par sa mère et Martiniquaise par son père, Nadia Chonville est aussi sociologue, spécialiste des questions d’homophobie et de Transphobie dans la Caraïbe et donc l’un de ses sujets d’études de prédilection.
Mais ça ne s’arrête pas là. Sur ces sujets justement, elle est une militante active et revendique aussi un puissant féminisme qui se manifeste jusque dans la façon d’aborder la question de la littérature dans la Caraïbe, comme elle l’explique dans ce bonus de L’Oreille est hardie

Roman palpitant, tragédie caribéenne 

Mon cœur bat vite porte particulièrement bien son titre : le roman de Nadia Chonville va vite, tambour battant, tant au niveau d’une certaine action que des pensées qui jaillissent de ses deux personnages principaux. Pensées brutes que le lecteur reçoit en pleine face, en plein cœur avec force et parfois crudité (cruauté ?). 

Rien que l’argument principal en témoigne : nous sommes en Martinique, dans l’effervescence du Carnaval ; a narratrice Édith nous l’assène quasi d’entrée de jeu : son enfant a été tué par son frère à elle, Kim. Et tout au long du roman, il s’agira pour le lecteur de comprendre pourquoi un acte aussi terrible a pu se commettre.

Nadia Chonville dans les studios de Martinique La 1ère

Émotions, action et fantastique

Pour assouvir sa soif de vengeance, Kim commet plusieurs fois l’irréparable, faisant de lui un assassin en série, un fugitif recherché par la police. On le suit, en action et en pensées délirantes, à travers le récit qu’en fait sa sœur Édith qui semble nous parler d'entre deux mondes... 

Et Nadia Chonville de nous plonger en même temps que ce thriller émotionnel, dans un univers qui tiendrait presque du conte fantastique, en faisant apparaître les esprits des ancêtres d’Édith et de Kim qui s'inscrivent dans une longue lignée de femmes sorcières. Ces dernières interviennent dans la péripétie comme pour expliquer (justifier ?) les actes de leurs descendantes. 

Trans et transgressif (?)

Enfin, s’ajoute à cette ossature littéraire complexe, la nature même de Kim, personnage trans voulu très simplement par Nadia Chonville. Kim est né femme mais a opéré une transition vers une identité masculine qui lui correspond davantage. Et c’est l’une des forces de ce roman : mettre en scène un personnage trans sans pour autant que cela en fasse un élément primordial de la narration. Kim est ainsi et puis c’est tout. Son genre né d’une transition n’explique ni ne justifie ses actes. D’autres faits inhérents à son histoire, oui. 

Nadia Chonville, écrivaine et sociologue

Nadia Chonville veut nous montrer ainsi que toute personne, quelque soit son identité, son genre, sa couleur de peau, sa sexualité est capable du pire comme du meilleur. Elle revendique un droit à la banalité pour tous, en quelque sorte. Il n’empêche : voilà un type de personnages très peu mis en avant en littérature, a fortiori en littérature caribéenne et c’est assez rare et fort pour être souligné…

Écoutez L’Oreille est hardie…

Et plongez à pleine tête dans le récit de Nadia Chonville. Son roman Mon cœur bag vite emporte tout sur son passage, y compris les préjugés et vous emporte dans un tourbillon de réflexions (à propos de ce qui est juste ou pas, à propos de la société et en particulier la société caribéenne ) ; tourbillon d’émotions complexes et contrastées. 

Une belle réussite, dans le fond et dans le style, qui lui fait déjà presque tutoyer ses prédécesseurs, (d’autres auteurs en "C" comme Chamoiseau, Confiant ou Condé ) et qui donne grandement envie de voir ce dont Nadia Chonville est capable d’écrire par la suite…

Écoutez l'écrivaine Nadia Chonville dans L'Oreille est hardie, c'est par ICI !

Ou par là : 

"Mon cœur bat vite" de Nadia Chonville est paru aux éditions Mémoire d'encrier.