C’est en Martinique que nous sommes allés trouver l’auteur du film Opal. Dans sa petite île, Alain Bidard travaille à écrire et réaliser ses films d’animation, lentement, patiemment mais avec le résultat à la clé : un deuxième long métrage empli de poésie, visuellement très abouti et porté par une histoire forte, chargée de symboles.
Car Alain Bidard a un credo : mettre à l’image des thèmes complexes, pas toujours simples à aborder mais qui doivent faire réfléchir ses spectateurs. Et avec Opal, c’est le douloureux thème de l’inceste qui est cette fois-ci évoqué. Écoutez Alain Bidard expliquer dans le podcast L’Oreille est hardie, la genèse de son dessin animé Opal :
Symboliser l’inceste
La magie de la princesse Opal fait vivre tout un royaume. Pour rester éternellement jeune et vaillant, le roi son père lui soutire jour après jour sa magie pour son propre profit.
Découvrez un extrait du film d’Alain Bidard (ndlr : la version originale d'Opal a été réalisée en anglais, entre autres pour les besoins des projections dans les festivals internationaux) :
Opal se vide de ses forces, le monde autour d’elle commence à vaciller et sa propre mère se refuse à voir l’évidence : sa fille abusée par son propre mari, père d’Opal. L’histoire et le décor sont posés, suffisamment clair pour que les adultes saisissent toute la portée symbolique du propos, suffisamment habillée de ce voile fantastique pour permettre aux enfant d’aborder ce thème difficile sans traumatisme.
Parler aux enfants et aux adultes
C’est sans doute ce qui a été plus compliqué pour Alain Bidard et qui, tout au long du processus de création a nécessité le plus d’allers-retours en visionnage, afin d’être sûr d’être sur la bonne voie : faire un film qui plaise aux enfants tout en leur faisant subtilement comprendre qu’un adulte ne doit pas agresser un enfant et que si c’est le cas, il faut en parler.
Des messages animés
Depuis ses premiers petits films jusqu’aux courts puis longs métrages, Alain Bidard croit en la force de l’image pour dire. Dans Battledream Chronicles, son précédent opus, il évoquait l’esclavage à travers la science-fiction et l’afro-futurisme : des mondes asservis se révoltaient contre l’empire qui les soumettaient. Une vision quasi-politique et une façon originale de revisiter le thème de l’esclavage. Rebelote avec Opal et son monde féerique utilisé au service d’un message humaniste et pédagogique, en direction des plus jeunes mais pas seulement.
Écoutez L’Oreille est hardie...
Et apprenez comment Alain Bidard a pu monter son film, avec peu de soutiens financiers mais heureusement avec le compagnonnage de l’association de sensibilisation à l’image, Ciné Woulé Company (Martinique) et de sa fondatrice et productrice Chantal Sacarabany. Elle explique d’ailleurs dans le podcast toutes les difficultés pour arriver à faire exister le film dans un contexte local ou l’on croit peu à l’intérêt de créer des films d’animation. C’est pourquoi le film court les festivals du monde entier avec plus de 75 prix déjà récoltés !
Une reconnaissance internationale, pour le réalisateur Alain Bidard et son film Opal, qui passerait presque pour un comble : il n’y a plus qu’à espérer que les soutiens financiers se multiplient (ce qui n'est pas le cas !) et que les autorités culturelles se réveillent pour distribuer comme il se doit ce film réussi et particulièrement animé de bonnes intentions.
Le réalisateur de films d’animation Alain Bidard, invité de L’Oreille est hardie : c’est par ICI !
Et par là :
"Opal", film d'animation d'Alain Bidard a été projeté mercredi 14 décembre 2022 au Forum des Images à Paris.