C’est à Nantes (Loire-Atlantique) que nous le retrouvons, dans le cours de ce Mois des Mémoires qui marque plusieurs temps forts de l’association. Président de Mémoire de l’Outre-mer, indissociable du paysage associatif et culturel de l’espace nantais, Michel Cocotier peut s’enorgueillir du chemin réalisé et de réalisations d’envergure auxquelles l’association a largement contribué ces dernières années (l’exposition Les Anneaux de la mémoire, la création du Mémorial de l'abolition de l’esclavage de Nantes…).
Trente-cinq ans de Mémoire… L’occasion de revenir pour L’Oreille est hardie, sur près de trente-cinq ans de travail et de combat pour honorer celles et ceux qui ont souffert de l’esclavage et pour faire en sorte que la ville de Nantes affronte son passé de premier port négrier…
Mais pour Michel Cocotier, l’engagement va bien au-delà de Nantes :
Implantation nantaise
Michel Cocotier, né de parents guyanais, est arrivé très tôt dans l’Hexagone. Après des études d’anglais en région parisienne, il devient enseignant puis, pour aller plus loin dans sa carrière, passe le concours des personnels de direction dans l’Éducation nationale. Devient proviseur à Bondy en région parisienne, là où il fut élève. Puis fait le choix d'exercer son métier et de vivre à Nantes, histoire pour son épouse de se rapprocher de ses origines bretonnes.
Mémoire de l’Outre-mer prendra donc naissance en terre nantaise en 1989 à l’initiative de ressortissants des Outre-mer et d’Afrique installés là-bas. Avec dès le début, à la fois cette idée de reconnaissance de cette condition de descendants d’esclaves mais aussi cette nécessité pour la ville de Nantes de faire face à son passé de premier port négrier français.
En tête de cortège
Parmi les autres associations ultramarines qui s’installent et voient le jour à Nantes, Mémoire de l’Outre-mer assume le rôle de leader dans ce combat, raconte Michel Cocotier. Et peu à peu les projets et les manifestations se mettent en place.
Avec dans le contexte, deux choses qui permettent cela : les initiatives et les pressions des associations puis un basculement politique de la ville de la droite vers la gauche, mettant de côté un certain conservatisme qui primait jusque là.
Au commencement
Au tout début, poursuit le président de Mémoire de l’Outre-mer, avant l’établissement de la date du 10 mai, les manifestations autour des mémoires des victimes de l’esclavage étaient restreintes : par manque de moyens et de réseaux et par une certaine difficulté à faire entendre à tous qu’il leur fallait affronter le passé ensemble, travailler en toute transparence pour assumer ce passé, cette histoire commune.
Il fallait tout en même temps la reconnaissance pour les uns, apaiser la honte pour les autres. En parallèle, au fur et à mesure, le travail mené par les universitaires et les scientifiques à partir des documents des collections privées et institutionnelles, s’avère grandement utile pour faire avancer les choses.
Une histoire nantaise, française, européenne
Au delà des préoccupations des seuls Nantais et des associations et des diasporas de la région, c’est une nécessité bien plus large qui se profile. En 1998, le 150ème anniversaire abolition de l’esclavage puis en 2001, la loi Taubira qui reconnaît l’esclavage comme crime contre l’humanité participent alors à la prise de conscience qu’il s’agit d’un combat national.
L’idée de faire oeuvre de mémoire autour de l’esclavage, des traites et des abolitions s’ancre dans les faits, en particulier avec la création et l’inauguration du Mémorial de l'abolition de l'esclavage en 2012, à deux pas du siège de l’association Mémoire de l’Outre-mer.
Mémoire... de demain ?
Mais aujourd’hui, le Mémorial ne suffit plus : symboliquement, le lieu est très fort - et très utile - mais désormais, l’idée est d’aller plus loin. Mémoire de l’Outre-mer se doit d’aborder de plein front les périodes de la colonisation puis de la décolonisation, selon Michel Cocotier. Et ce dernier de citer l’une des expositions accueillies dans l’Espace Louis Delgrès, lieu géré par l’association Mémoire de l’Outre-mer ; expo autour de l’univers carcéral des bagnes de Guyane qui illustre, dit-il, le type de relation que la France crée ou ne crée pas - ou feint de créer - avec ses anciennes colonies...
Écoutez L’Oreille est hardie…
Et écoutez Michel Cocotier évoquer l'histoire de son association Mémoire de l’Outre-mer qui doit poursuivre et multiplier les rendez-vous culturels, trouver de nouveaux publics, stimuler le bénévolat et relancer les adhésions. Le tout au bénéfice d’un mouvement, d’une dynamique partis d’une "simple" revendication qu’il faut aujourd’hui entretenir…
Retrouvez l'association Mémoire de l’Outre-mer et son président Michel Cocotier dans L’Oreille est hardie : c’est par ICI !
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