Plus que radical, son art - son théâtre - est total. Rébecca Chaillon est une femme engagée ou plus précisément qui s’engage à chaque fois qu’elle monte sur scène, se donnant, y mettant tout son cœur, tout son corps. Sans compromis ou presque, comme dans le spectacle Carte noire nommée désir qu’elle a écrit et dans lequel elle se produit en performances.
Constat valable aussi pour la metteuse en scène qu’elle est pour les autres dans Plutôt vomir que faillir. Idem pour l’autrice à la langue poétique et directe que l’on peut découvrir dans Boudin Biguine Best of Banane à paraître courant avril aux éditions de l’Arche. Dans le podcast L’Oreille est hardie, Rébecca Chaillon se raconte et nous raconte toutes les facettes de son art fait de chocs, de mots, de chair, de tendresses, de nourriture et de performances :
Martinique-Beauvais-Montreuil
Si Rébecca Chaillon est née à Montreuil, en région parisienne, a grandi à Beauvais en Picardie et vit maintenant… à Montreuil (!), la Martinique d’où sont originaires ses parents, ne lui en est pas moins chevillée au cœur et au corps.
Elle est partout, cette île où elle rêverait de passer plus de temps : dans sa façon de se présenter au monde avec de prime abord cette couleur de peau qu’elle porte comme un étendard. Dans sa soif de connaissances qui l’ont poussée d’elle-même à ouvrir les livres des grands auteurs et autrices des Antilles. Dans son écriture avec dans le fond et la forme, des considérations et une langue que sans doute ne renieraient pas un Césaire ou un Chamoiseau.
Rébecca Chaillon se livre
L’opus qu’elle s’apprête à sortir, intitulé à la fois malicieusement et très sérieusement Boudin Biguine Best of Banane, est un mix de poésie, de philosophie, de protestations, de considérations culinaires pour dire ce monde et cette société qui nous bouffent… bref, un brûlot joyeux et bordélique, tendre et cruel, jouant incessamment des paradoxes qui animent son autrice.
Pas besoin de la pousser beaucoup pour qu’elle le dise elle-même : elle cultive instinctivement ces paradoxes. Elle peut rire et la seconde d’après pleurer, déclamer un texte et la minute d’après dépecer et manger un poisson cru sur scène, elle peut tout contrôler et l’heure d’après, tout envoyer paître. Restent sans faillir ses combats audibles dans les échanges que l’on peut avoir avec elle ou dans ses œuvres artistiques : féminisme, lutte anti-raciste, défense et promotion de la culture queer, dé-colonialisme…
Rébecca, aux arts etc…
Livre, mise en scène et interprétation, tout lui réussit (et l’on peut même ajouter une nouveauté pour elle : l’incarnation vocale des podcasts Archipels du crime saison 2 que vous pourrez retrouver bientôt sur les réseaux de La1ère). Son talent la portera notamment avec sa « Carte noire nommée désir », sur l’une des scènes du très prestigieux Festival de théâtre d’Avignon, sélection du IN, s’il vous plaît ! Un graal que convoitent sans s’en cacher tous les comédiens, metteurs en scène ou auteurs de spectacle vivant.
Avignon dans les dents
Nul doute que dans le temple avignonnais du Théâtre, elle y sera comme un poison dans l’eau (bien : poison) tant l’art pour l’artiste martiniquaise consiste autant à faire spectacle de son intime comme un biais universel (elle ne fait mystère d’aucun pli de son corps dans un rapport cash avec le public), qu’à choquer et déranger le spectateur dans une forme théâtrale (la performance) qui renouerait avec l’essence même du spectacle. Le Festival devrait bruire après cet uppercut scénique…
L’art de Rébecca Chaillon est beau, perturbant, intéressant, choquant, passionnant à voir et à entendre (ne pas oublier la profondeur de ses textes ni l’intensité de son jeu (son « je »?). Et le mieux serait encore de vous déplacer et la voir pour le croire. En attendant…
Écoutez L’Oreille est hardie
…et découvrez le portrait qu’elle fait d’elle-même. Écoutez la vision de la comédienne, performeuse, metteuse en scène et autrice sur son travail et sur le monde de l’art. Écoutez comment son rapport à son corps, à la nourriture et au théâtre à construit littéralement l’artiste qu’elle est petit à petit devenue de ses 19 à 37 ans. Écoutez comment les comédiens qui la côtoient la voient… et quels seront ses projets immédiats.
Faites plus ample connaissance avec une artiste rare : Rebecca Chaillon dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
Ou par là :
Rebecca Chaillon jouera son spectacle "Carte noire nommée désir" dans la sélection "IN" du Festival d’Avignon les 20, 21, 23, 24, 25 juillet 2023.
La pièce qu'elle a mise en scène "Plutôt vomir que faillir" sera en tournée en France (une centaine de dates).
Son livre "Boudin Biguine Best of Banane" paraîtra le 21 avril aux éditions de l’Arche.