Poker, Antilles et cocaïne... Cela ressemble à un scénario de film tellement l'affaire est alambiquée. Selon une information du Parisien, plusieurs individus évoluant dans les cercles de jeux sont poursuivis pour avoir transféré depuis la Martinique vers l'Hexagone de la cocaïne camouflée dans du mobilier.
L'un d'eux, qui clame son innocence, vient d'être libéré le 2 octobre dernier sous contrôle judiciaire. Un fait plutôt rare selon son avocat Me Tarek Koraitem, vu la quantité de cocaïne en jeu : 1,7 tonne, soit une valeur de 51 millions d'euros.
Cette saisie a eu lieu dans l'Hexagone il y a plus de deux ans, à l'été 2022, lors de plusieurs contrôles. La drogue arrivait de Martinique, dissimulée dans des canapés, malles ou armoires, dans lesquels les trafiquants avaient bricolé des caches. Ces objets étaient expédiés par une société de déménagement martiniquaise.
528 kg au port de Marseille
À l'époque, Martinique la 1ère avait relayé l'un des contrôles réalisé dans le port de Marseille. "En dévissant une plaque de contreplaqué, les douaniers y ont découvert 54 pains de cocaïne. Le contrôle du déménagement s’est poursuivi, permettant de découvrir des pains de drogue dans les sièges, fauteuils, enceintes, malles... Au total, 464 paquets de cocaïne totalisant 527,65 kg de cocaïne ont été saisis", indiquait à l'époque le ministère de l'Économie.
Les enquêteurs ont découvert que si l'entreprise était bien réelle, l'adresse de livraison était farfelue. La personne en lien avec les déménageurs est un certain Eduardo, surnommé Dodo. Il vit en région parisienne et a fait plusieurs séjours en Martinique.
Interpellé fin août 2022, celui qui a travaillé comme croupier et régisseur dans des cercles de jeux a déclaré lors de ses auditions qu'il a été embauché par un joueur de poker pour prendre un local, acheter des meubles et les transformer quelque peu pour y glisser la drogue. Interpellé à son tour en marge d'un tournoi de poker, le joueur nie toute implication dans le trafic de cocaïne.
Il se dit victime de son passé
Trois autres personnes ont été arrêtées dont Cédric, un croupier féru de poker et homme à tout faire dans la communauté des joueurs. C'est lui dont l'avocat a réussi à obtenir la libération sous contrôle judiciaire.
Il se dit victime de son passé car son casier judiciaire comprend cinq condamnations pour des faits liés aux stupéfiants et la tenue de tripots clandestins. Il confirme avoir été aux Antilles avec Eduardo, un ami de longue date, mais réfute toute participation au trafic, et assure n'avoir rien vu et être mêlé malgré lui à cette affaire.
Celle-ci "nécessite de longues investigations" vu sa complexité, poursuit Me Koraitem. L'enquête devrait se poursuivre encore pendant au moins huit mois.