Polynésie: Oscar Temaru condamné à 6 mois de prison avec sursis pour prise illégale d'intérêts

Le leader indépendantiste Oscar Temaru a été condamné lundi à Papeete par le tribunal correctionnel à six mois de prison avec sursis et à une amende d'environ 42.000 euros pour prise illégale d'intérêts.
 
La justice reproche à M. Temaru, président du parti indépendantiste Tavini Huiraatia et maire de Faa'a, d'avoir accordé, durant plusieurs années, des subventions publiques d'un montant total d'1,25 million d'euros à Radio Tefana, une station de sa commune.
 

Propagande

Il lui était aussi reproché d'avoir mis des locaux, du matériel ainsi que du personnel à la disposition de celle-ci. Le tribunal correctionnel a considéré, dans sa décision, que cette radio "partisane" servait avant tout "les intérêts" du parti indépendantiste en assurant sa "propagande" sur les ondes. 

Il n'a en revanche pas assorti sa décision d'une peine d'inéligibilité, au motif qu'il n'y avait eu aucun "enrichissement personnel" de la part de l'édile. Le coup est rude pour les avocats de la défense qui sollicitaient la relaxe. "Le dossier ne présentait pas d'élément objectif permettant d'entrer en voie de condamnation. A aucun moment, on a un exemple de propos de propagande politique", a réagi l'avocat d'Oscar Temaru, Me Gilles Jourdainne.
 

Cabale politique

Oscar Temaru s'est, de son côté, dit victime d'une cabale politique de l'Etat. "La vraie raison de tout ça, c'est le crime de lèse-majesté que j'ai causé, la plainte que nous avons déposée à La Haye (devant la Cour internationale de justice, ndlr) contre les anciens présidents de la République, contre la France, pour crime contre l'humanité", a-t-il ajouté.

L'ancien directeur de Radio Tefana et le président de l'association chapeautant la station ont eux aussi été condamnés, tout comme la radio elle-même, en tant que personne morale. Elle écope d'une lourde amende d'environ 830.000 euros.
 

Appel 

Pour les indépendantistes, la justice cherche de la sorte à la faire définitivement taire. "Il n'y avait pas besoin d'un procès, il fallait venir dynamiter la radio. C'était plus simple", a déclaré son ancien directeur, Vito Maamaatuaiahutapu. Les avocats de la défense devraient faire appel de ces condamnations.
    
Ces dernières années, deux dossiers du même type ont été examinés par la justice en Polynésie : ceux de Radio Bleue et de Radio Maohi, qui ont abouti à la condamnation de l'ancien maire de Mahina, Emile Vernaudon, ainsi qu'à celle de l'actuel président de la Polynésie française et maire de Pirae, Edouard Fritch.