Le commandant du port autonome vient d’être démis de ses fonctions. Mis en examen dans l’affaire du sabordage du Kura Ora II, il lui est reproché d’avoir validé l’immersion de bonbonnes contenant un gaz très toxique au large de Papeete. Retour sur ce scandale.
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Acte I Sabordage du Kura Ora II
Pendant des décennies, le Kura Ora II a approvisionné les atolls de l’archipel des Tuamotu en produits et denrées alimentaires. La société qui gérait ce bateau a été placée en liquidation judiciaire en mai 2016. Les autorités ont décidé de saborder le Kura Ora II au large de Papeete le 11 janvier 2019.Seulement voilà, à bord du bateau ont été placées 87 bonbonnes de gaz dont certaines étaient remplies de bromure de méthylène, un gaz hautement toxique. 19 bonbonnes sont remontées à la surface à la mi-janvier 2019.
Acte 2 Les bonbonnes remontent
Selon Polynésie la 1ère sur les 87 bouteilles immergées, dont certaines étaient pleines, 19 ont été récupérées par le Aito Nui, le remorqueur chargé d'accompagner le bateau vers sa dernière demeure. D’autres seraient en perdition dans l’océan Pacifique. Regardez ce reportage de Polynésie la 1ère :
Le mystère des bonbonnes de gaz du Kura ora 2 reste entier
Or la vente de ce bromure de méthylène est interdite en France depuis 2005 et en Europe depuis 2011. En Polynésie, certains agriculteurs continuaient pourtant à l’utiliser dans la fumigation des fruits et légumes malgré les risques avérés sur la santé.
Acte 3 Enquête ouverte par le parquet
Le procureur de la République, Hervé Leroy s’est saisi du dossier et a lancé une enquête. Trois responsables de l'administration ont été mis en examen. Il s’agit de Rudolphe Putoa, le responsable de la cellule phytosanitaire de la Direction de la biosécurité, Claude Serra, le responsable de la cellule Protection des milieux à la Direction de l’Environnement (DirEn) et François Chaumette, le commandant du port de Papeete. Ils encourent 2 ans de prison et de 8 millions de francs d'amende pour les atteintes au code de l'environnement.
Pollution aux bonbonnes de gaz : 3 gardes à vue
Le 27 février, le procureur de la République livrait à la presse les premiers éléments de l’enquête. Quand le Kura Ora II a été sabordé, il y avait à son bord "87 bonbonnes de bromure de méthyle (18 pleines et périmées, 69 vides) " et " du gaz utilisé pendant la première guerre mondiale comme gaz létal de combat "a-t-il précisé.
L'enquête a aussi mis en évidence que le navire avait également à son bord, 196 tonnes de déchets métalliques : des charriots élévateurs, des réservoirs, des tôles des extincteurs. Si les bonbonnes n'étaient pas remontées à la surface, cette immersion illégale serait finalement passée inaperçue.
Acte 4 Edouard Fritch réagit
Le 17 janvier, le président de la Polynésie française prend la parole sur le scandale des bonbonnes. Il souhaite "des sanctions administratives sévères" à l’encontre des responsables.
"J’ai donc demandé l’ouverture d’une enquête administrative. J’ai surtout demandé des sanctions administratives sévères contre les personnes responsables de ces faits. Ils ne peuvent venir que de deux services : l’Environnement d’un côté et l’Agriculture de l’autre".
-Edouard Fritch, président de la Polynésie
Kura Ora 2 : Edouard Fritch souhaite des sanctions
Acte 5 Huit marins portent plainte
Lorsque les bonbonnes sont remontées à la surface, des agents du port autonome ont été appelés pour aller les récupérer. Les huit marins ont manipulé les bonbonnes sans savoir qu’elles contenaient du bromure de méthylène. Certains d’entre eux ont ensuite été victimes de maux de tête et de nausées. Ils ont consulté des médecins.Fin février 2019, les huit marins ont choisi de prendre un avocat et de se constituer partie civile. Ils considèrent que leur vie a été mise en danger et ils entendent obtenir réparation et annoncent qu'ils vont porter plainte pour mise en danger de la vie d'autrui.
Bonbonnes polluantes : 8 marins vont porter plainte