Le "conflit" Africains Vs Caribéens (visible ci-dessous) ; l'esclavage, une affaire d'Antillais ? ; noms de famille des anciens esclaves (971, 972, 974) attribués par Schoelcher... Sur son compte @CultureDorée, Britanie parle souvent de la Martinique, la Guadeloupe, Haïti ou La Réunion.
Née de parents congolais (Congo-Brazzaville et Congo-Kinshasa), elle n'a pourtant aucun lien connu avec les Outre-mer, même si elle a peut-être des ancêtres qui ont été envoyés comme esclaves aux Antilles : "Je sais que du côté de mon père, j'ai de la famille qui a été déportée. Je n'ai pas plus d'informations que ça là-dessus."
"Mais on m'a très souvent prise pour une Caribéenne, plus que pour une Congolaise, raconte Britanie. Très vite, je me suis entourée de personnes qui pensaient que j'étais comme elles, donc des Caribéens, Caribéennes qui m'ont tout de suite adoptée. Donc j'ai grandi et j'ai baigné dans les cultures caribéennes, principalement Guadeloupe, mais aussi un peu Haïti."
Des intellectuels haïtiens au Congo
C'est d'ailleurs une amie haïtienne qui est indirectement à l'origine du compte @CultureDorée. Elle voulait "fermer la bouche" de son mari congolais qui se moquait d'elle, "il disait 'Chez vous, il n'y a rien à manger", se souvient l'influenceuse. Elle demande alors de l'aide à Britanie.
"Tu peux lui dire que si beaucoup de Congolais sont éduqués aujourd'hui, c'est parce que, à la suite de la décolonisation, on a fait venir des intellectuels haïtiens en Afrique et notamment au Congo pour tenir les postes que les Blancs (qui étaient les anciens colons) allaient laisser, détaille la Congolaise d'origine. Et quand j'ai donné cette réponse, elle m'a dit 'Britanie, tu te rends compte de l'encyclopédie que t'as dans la tête ? Mais il faut que tu la partages !" De là naît @Culturedorée.
Le prisme du colon
Si Britanie se passionne autant pour l'Histoire vue depuis les Africains et Afro-descendants, c'est notamment pour combler un manque : "En tant que Noire et Française, je ne trouvais pas d'identification dans le paysage historique que j'apprenais à l'école, et j'avais besoin de connaître mon histoire en profondeur, mais avec un prisme noir. Parce que quand on me parle par exemple de l'esclavage ou de la colonisation, c'est toujours avec le prisme du colon finalement."
Dans cet esprit, elle a par exemple fait une vidéo sur la fête nationale intitulée "La minute dorée – Parlons 14 juillet".
"Au niveau de la transmission historique, le 14 juillet, bien sûr c'est Liberté - Égalité - Fraternité, c'est la Révolution française, c'est le moment où le peuple décide de s'attribuer le pouvoir. Mais on oublie qu'à cette époque-là, des personnes qui nous ressemblaient n'étaient pas libres, n'étaient même pas considérées comme des êtres humains ", s'insurge-t-elle, en référence aux esclaves noirs, notamment dans les colonies antillaises.
24 heures sans les inventions des Noir.e.s
"Aujourd'hui, l'objectif de @CultureDorée est qu'un maximum de personnes connaisse cette Histoire. Je pense que c'est important de connaître les deux faces de la pièce. Après, on fait son choix. Je ne peux pas imposer à une personne qui est 100% Française, Gauloise d'embrasser mon histoire", résume-t-elle. Mais il est crucial pour elle "qu'il y ait ces deux prismes pour permettre à ces deux populations d'exister, parce que tant qu'on aura le prisme du colon, on [les Afro-descendants, NDLR] ne sera jamais considéré comme étant des humains."
L'autre objectif visé par Britanie, c'est de "revaloriser l'estime des Afro-descendants, qu'on arrête de se sentir comme des pièces rapportées". Pour ce faire, elle a par exemple posté une vidéo où elle passe 24 heures sans les inventions de Noir.e.s. Résultat : pas de lumière, car c'est un ingénieur afro-américain, Lewis Howard Latimer, qui a largement contribué à l'efficacité de l'ampoule électrique actuelle ; impossible de changer de chaîne à la télé, car c'est un Guadeloupéen qui a mis au point la technologie multicanale sur un poste de télévision ; etc.
Britanie reconnaît qu'elle ne fait pas toujours l'unanimité : "Qu'il y ait des haters, ce n'est pas grave, tant mieux, ça veut dire que ce que je dis dérange et que ça travaille. Mais le plus important pour moi, c'est qu'il y ait des gens qui arrivent à se redonner de l'estime, et qu'il y ait une transmission sur les générations qui arrivent." Bref, qu'elle réussisse à redorer la culture et l'Histoire noire.