A Morsang-sur-Orge (Essonne), David Duchemann a rouvert partiellement son restaurant « Kom à La Réunion ». A sa grande surprise, il a vendu 50 plats à emporter dès le premier jour sans passer par les plateformes de livraison. Son objectif : payer ses dettes et garder sa clientèle de fidèles.
•
Mardi 5 mai, 8 heures du matin. Il pleut. Le ciel est gris. Pourtant la journée commence déjà pour David Duchemann, restaurateur réunionnais. Il a rendez-vous avec François, gérant de Cochon Créole, un grossiste de viande basé à d’Orly. Cela fait 9 ans que David s'approvisionne chez François. Les deux hommes se font confiance et François fournit à crédit tous les produits dont David a besoin. ''J’ai une ardoise chez lui, il me connaît très bien, il connaît aussi ma situation actuelle, je viens chez lui parce que ses produits ont un très bon rapport qualité/prix'', explique David. ''En ce moment c’est difficile pour tout le monde donc c’est normal d’être solidaire les uns envers les autres'', ajoute François.
Il y a la facture d’électricité à hauteur de 700 euros, le loyer du restaurant de 1800 euros, ou encore un compte bancaire sur lequel aucune recette ne rentre. Le constat est vite fait. David doit trouver une solution. Son propriétaire lui offre un mois de loyer. Il démarche les banques pour obtenir un prêt garanti par l’Etat (PGE) qui tarde à arriver. Cette mesure mise en place par le gouvernement à hauteur de 300 milliards d’euros se veut en théorie efficace et rapide : "les banques s’engagent à examiner toutes les demandes et à donner des réponses rapides" peut-on lire sur le site officiel. Mais en pratique, David a beaucoup de mal à obtenir ce prêt. Celui-ci ne vient toujours pas, malgré plusieurs relances.
Pour l’instant, il a seulement obtenu une aide de 1500 euros destinée aux auto-entrepreneurs dont le chiffre d’affaire a baissé de 50 %. Insuffisant pour éponger ses dettes. "J’ai calculé et pour combler le découvert il nous faut trois mois de boulot" explique Fabiola, l’épouse de David.
Assiettes et couverts traditionnels laissent place progressivement aux sacs, assiettes et couverts en carton. Les commandes sont prises en charge par Fabiola au téléphone ou sur les réseaux sociaux.
Au-delà des plats, David prépare et vend des bouteilles de rhum arrangée 25 euros pièce. Il dispose d’une large gamme de goût. "Avec les samoussas, les bouteilles de rhum à emporter se vendent bien, je crois qu’avec le confinement, les clients se font des apéros samoussas/ rhum à la maison" raconte rieur David. Quelques minutes plus tard, François Lorcet, un client habituel vient récupérer sa commande en voiture : "Je confirme : les bouteilles de rhum sont excellentes, j’en ai acheté une avec un goût à la vanille elle est excellente !" raconte François.
Aujourd’hui, David a reçu 17 commandes de clients. Moins que le premier jour mais il veut rester positif. Il sait qu’il est dans la bonne démarche car il anticipe ce nouveau mode de fonctionnement du « seulement à emporter ». Il ne sait pas combien de temps cela va encore durer mais attend avec impatience les annonces du gouvernement le concernant.
Retrouver le reportage de Mohamed Errami et Denis Rousseau-Kaplan ci dessous :
Depuis le confinement, une vie à crédit
Depuis 14 mars au soir et la consigne du gouvernement de fermer cafés et restaurants, David a baissé le rideau de son bar et fermé sa cuisine. Depuis, lui, sa femme et leurs deux salariés sont au chômage technique. Si le confinement est synonyme de vacances pour certains, pour le restaurateur, c'est surtout une série de problèmes.Il y a la facture d’électricité à hauteur de 700 euros, le loyer du restaurant de 1800 euros, ou encore un compte bancaire sur lequel aucune recette ne rentre. Le constat est vite fait. David doit trouver une solution. Son propriétaire lui offre un mois de loyer. Il démarche les banques pour obtenir un prêt garanti par l’Etat (PGE) qui tarde à arriver. Cette mesure mise en place par le gouvernement à hauteur de 300 milliards d’euros se veut en théorie efficace et rapide : "les banques s’engagent à examiner toutes les demandes et à donner des réponses rapides" peut-on lire sur le site officiel. Mais en pratique, David a beaucoup de mal à obtenir ce prêt. Celui-ci ne vient toujours pas, malgré plusieurs relances.
Pour l’instant, il a seulement obtenu une aide de 1500 euros destinée aux auto-entrepreneurs dont le chiffre d’affaire a baissé de 50 %. Insuffisant pour éponger ses dettes. "J’ai calculé et pour combler le découvert il nous faut trois mois de boulot" explique Fabiola, l’épouse de David.
Un restaurant paralysé par la crise
Avant le confinement, David raconte qu’il y a avait une énergie positive dans son restaurant. "On organisait des petites fêtes, des anniversaires. Il y avait un buffet à volonté pour 14,80 euros. Les clients étaient ravis de pouvoir profiter de la grande terrasse. On servait entre 50 et 70 couverts le week-end. On avait des extras qui venaient travailler. Il fallait réserver les jours de beau temps pour manger au soleil mon rougail saucisses ou mon cabri massalé. Avant le confinement, j’avais même comme projet d’installer des baies vitrées sur ma grande terrasse pour accueillir les clients en hiver. La vente à emporter ne représentait qu’une toute petite part de mon chiffre d’affaires".50 plats à emporter vendus dès le premier jour
Aujourd’hui, l’objectif de David est simple, pouvoir payer ses factures et garder du lien avec les clients habituels. "Mon restaurant se situe à Morsang-sur-Orge, en Essonne, dans une zone pavillonnaire plutôt paisible, j’ai une clientèle d’habitués qui vient parfois de loin". A sa grande surprise et sans passer par les plateformes de livraison de repas classiques comme Uber ou Deliveroo, David a vendu 50 repas dès le premier jour.Assiettes et couverts traditionnels laissent place progressivement aux sacs, assiettes et couverts en carton. Les commandes sont prises en charge par Fabiola au téléphone ou sur les réseaux sociaux.
Au-delà des plats, David prépare et vend des bouteilles de rhum arrangée 25 euros pièce. Il dispose d’une large gamme de goût. "Avec les samoussas, les bouteilles de rhum à emporter se vendent bien, je crois qu’avec le confinement, les clients se font des apéros samoussas/ rhum à la maison" raconte rieur David. Quelques minutes plus tard, François Lorcet, un client habituel vient récupérer sa commande en voiture : "Je confirme : les bouteilles de rhum sont excellentes, j’en ai acheté une avec un goût à la vanille elle est excellente !" raconte François.
Aujourd’hui, David a reçu 17 commandes de clients. Moins que le premier jour mais il veut rester positif. Il sait qu’il est dans la bonne démarche car il anticipe ce nouveau mode de fonctionnement du « seulement à emporter ». Il ne sait pas combien de temps cela va encore durer mais attend avec impatience les annonces du gouvernement le concernant.
Retrouver le reportage de Mohamed Errami et Denis Rousseau-Kaplan ci dessous :