36 ans après son exploit en finale des Jeux Olympiques, Jean-Louis Prianon arpente les rues de Saint-Joseph, sa ville natale. Certains Réunionnais l’interpellent et le saluent par ce surnom : "l’homme de Seoul". Ces quelques mots le ramènent au 26 septembre1988, dans le stade Jamsil. Le Saint-Josephois livre la course de sa vie devant 70 000 personnes et plus de 2 milliards de téléspectateurs.
4e : Jean-Louis Prianon manque de peu le podium olympique
Sur la piste olympique, après un départ discret, le Français et son compatriote Paul Arpin se positionnent dans la deuxième partie du peloton. Quatre athlètes sont en tête à la mi-course, Brahim Boutayeb, Salvatore Antibo, Kipkemboi Kimeli et son compatriote Moses Tanui. Ils passent aux 5 000m sur les bases du record du monde, en 13 min 35 s 32. Le Marocain Boutayeb est en tête. Il compte près de 25m d'avance sur le Kenyan Kipkemboi Kimeli à deux tours de l'arrivée. Brahim Boutayeb remporte le titre et améliore le record olympique de Lasse Virén en 27 min 21 s 46. L'Italien Salvatore Antibo décroche la médaille d'argent avec un chrono de 27 min 23 s 55 . Le Kényan Kipkemboi Kimeli arrive 3e.
Prianon se classe à 11 secondes du trio de tête. Il boucle la course à la 4e place et manque de peu le podium olympique. La ligne d’arrivée franchie, ses premières pensées vont vers l’île de La Réunion et le quartier des Lianes à Saint-Joseph. Il rêvait de faire un tour d’honneur et porter le drapeau français sur ses épaules comme ses rivaux du jour:Boutayeb, Antibo et Kimeli, avec l’étendard de leur pays.
La course de trop a diminué ses chances de podium
À l’arrivée, un ressentiment gagne Jean-Louis et son entraîneur Jacques Darras. En 1987 Prianon bat le record de France en 27 minutes 34 et devient le 3e meilleur performeur mondial. Le Réunionnais s’impose logiquement comme l’un des favoris de la prochaine olympiade. Malgré tout, la fédération d’athlétisme exige que les athlètes français soient titrés quelques mois avant leur participation aux JO. Jean-Louis Prianon se classe 3e avec un temps de 29'04''83, au championnat de France, mi-août 1988.
Le Réunionnais n’est pas encore sélectionné pour les Jeux. Pour être retenu, la FFA lui demande de prouver qu’il répond à toutes les conditions physiques pour participer aux Jeux Olympiques. Il doit s’aligner sur une nouvelle course. Dans une période d’entraînement foncier et intense, près d’un mois avant les JO, il n’est pas dans sa forme optimale. Jean-Louis et son coach se soumettent à cette exigence. Ils décident d’inscrire le fondeur au meeting de Bruxelles. Le Saint-Josephois donne tout et laisse toutes ses forces dans cette course de très haut niveau. Son programme d’entraînement est totalement perturbé. Il aurait pu se préparer plus efficacement sans cette épreuve en Belgique.
Il débarque à Séoul affaibli. Son entraîneur le remet en confiance et multiplie les séances d’entraînement. En série, il a de bonnes sensations et boucle le 10 000m en deuxième position.
En finale, son entraîneur aurait décidé de le laisser partir avec le peloton de tête, s’il n’était pas éprouvé par la course de Bruxelles. Jean-Louis n’aurait pas eu ce retard à mi-course. Et peut-être aurait-il fini sur le podium !
Une ascension pour la transmission
À Saint-Joseph, la pente pour accéder à son quartier, Les Lianes, a été durant son enfance son terrain de jeu. À 12 ans, il pratique l’athlétisme au club Excelsior de Saint-Joseph puis intègre le Club athlétique gymnique de Saint-Pierre. Aux Jeux des Iles de l’océan Indien de1979, il remporte la médaille d’or sur 5 000 mètres et 10 000 mètres.
Champion de France sur 5 000 en 1985 et 10 000m en 85 et 86, Vice-champion du monde de cross-country par équipes avec l’équipe de France à Boston en 1992, son palmarès force l’admiration.
Après son impressionnante carrière, l’ancien fonctionnaire de police décide de se consacrer aux enfants des quartiers défavorisés. Pour Jean-Louis Prianon, entraîneur du club d’athlétisme du Port, 1er vice-président de l’Association sportive de la Police nationale et 1er vice-président de la Ligue réunionnaise d’athlétisme, l’important c’est la transmission des valeurs du sport et de l’olympisme.
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