Membres du cabinet du ministre, parlementaires, représentants des exécutifs locaux ou des maires... Au total, une trentaine de personnes était réunie autour de la table ce jeudi 23 novembre. Les élus réunionnais ont tous répondu à l’invitation du ministère des Outre-mer, les conviant à un premier point d'étape quatre mois après le comité interministériel des Outre-mer (CIOM).
L’occasion de souligner leurs priorités et de pointer les angles morts des 72 mesures annoncées par la Première ministre en juillet dernier. Sur ce point, le ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, s’est voulu rassurant, rappelant que si le CIOM était une feuille de route, les 72 mesures ne constituaient pas à elles seules la politique ultramarine du gouvernement. "De nouveaux sujets peuvent émerger, c’est tout l’intérêt de ces rencontres. Des demandes complémentaires ont été faites, sur le logement, sur la rénovation urbaine, sur la continuité territoriale", a précisé le ministre, saluant "deux belles heures d'échanges et de co-construction".
Les discussions ont été riches, denses, chacun a pu s’exprimer. Bien évidemment, ce n’est qu’une étape, rien n’est figé.
Cyrille Melchior, président du Conseil Général de la Réunion
"Cette rencontre a été l’occasion pour nous de demander des clarifications. Je crois qu’on a obtenu un certain nombre d’avancées, a commenté Cyrille Melchior, le président du Conseil Général de La Réunion, en quittant le ministère des Outre-mer. Par exemple, en matière de loi littoral, nous sommes entendus. On a demandé une extension des mesures annoncées en matière d’équipements touristiques et d’hôtellerie. Sur le grand âge, nous avons demandé un complément de financement. (…) Sur le problème de l’eau pour les agriculteurs, la souveraineté alimentaire, on a demandé qu’il y ait un accompagnement."
Des propositions pour réformer l'octroi de mer
Santé, agriculture, eau, dessertes aéronautiques, handicap, accompagnement des personnes âgées… Si de nombreux sujets ont été évoqués, c’est la réforme de l’octroi de mer qui a occupé la majeure partie des débats. Près d’une heure a été consacrée au sujet, soit la moitié du temps réservé aux élus réunionnais.
"Nous prenons acte que la réforme de l’octroi de mer ne sera pas écrite sans nous", s’est félicitée Huguette Bello, la présidente du Conseil régional. La réforme inquiète les élus, notamment parce que les recettes de cette taxe sont essentielles au financement des communes. Dans la ville de Trois-Bassins par exemple, l’octroi de mer alimente 47% du budget. "L’octroi de mer, c’est essentiel, détaille Serge Hoareau, le président de l’association des maires de La Réunion. Le ministre nous a entendus. On n’est pas opposé à ce qu’il y ait un toilettage, mais en aucun cas une réforme en profondeur." "Il faut regarder les véritables causes de la vie chère, qui sont l’absence de véritable concurrence sur nos territoires et la faiblesse des revenus ", poursuit le député Philippe Naillet, qui concède qu’il faille "dépoussiérer" cette taxe mise en place sous Louis XIV pour l’adapter aux évolutions de l’économie réunionnaise.
On est dans une période où le gouvernement est à l’écoute, profitons-en.
Serge Hoareau, président de l'association des maires de La Réunion
"Sur l’octroi de mer, il nous faut du sur-mesure, il nous faut du détail", estime la sénatrice Audrey Bélim, qui demandait à ce que la réforme se fasse "avec les associations de consommateurs, avec les TPE et PME, avec les élus". Une demande entendue par le ministre, qui a expliqué qu’il chargera les "préfets de faire en sorte que les entreprises et les consommateurs soient représentés" et qu’il attendait "des propositions" des élus et des collectivités.
Ces propositions seront débattues lors du prochain point d'étape du CIOM, prévu en février ou en mars 2024.