Victorieuse fin janvier de la Primaire populaire, une consultation citoyenne qui a rassemblé 392.000 participants, Christiane Taubira tente depuis, en vain pour l'instant, de construire l'union à gauche. Elle a relancé mardi son appel au rassemblement, après une rencontre entre ses équipes et celle du candidat écologiste Yannick Jadot dimanche, mais elle n'a pas décollé dans les intentions de vote, stagnant entre 3,5 et 5%, alors que son équipe espérait "un moment de vérité entre le 5 et 10 février".
"Les sondages, ils vont, ils viennent, c'est pas de nature à m'angoisser", a assuré la candidate lors d'un déplacement à Montreuil.
"Sur le terrain le rassemblement, je le vis", jure-t-elle, soutenue par les nombreux Comités qui portent son nom, lancés bien avant elle dans la bataille. C'est d'ailleurs essentiellement sur eux qu'elle s'appuie, ainsi que sur les votants de la Primaire populaire. "Ce n'est pas la candidate d'un parti", insistent ses troupes, persuadées qu'il y a "un socle évident d'électeurs pour elle ces dernières
semaines".
Reste qu'à ce stade, "la dynamique n'est pas là", savourent ses concurrents à gauche. "On voit bien que dans l'opinion, ça n'accroche pas. Une personnalité ça ne fait pas tout", analyse un cadre du PS. "Je crois qu'elle ne va pas y aller, elle n'aura ni les parrainages, ni le financement", estime un autre chez LFI.
La candidate guyanaise accuse en effet un sérieux retard, avec seulement 36 signatures d'élus enregistrées mardi par le conseil constitutionnel, loin derrière ses concurrents. Interrogée mercredi par la presse, l'ex-Garde des Sceaux de François Hollande a joué la sérénité. Elle a le soutien du Parti radical de gauche, dont le président Guillaume Lacroix a comptabilisé "282 parrainages possibles, et à l'heure actuelle, une remontée de 170 promesses". "La question maintenant, dit-il, c'est le Serment de Romainville", du nom de ce collectif d'élus, qui en marge de la Primaire populaire, avait choisi de réserver leurs parrainages à celui qui ferait le rassemblement à gauche.
La candidate a été aussi critiquée sur son absence de programme, qu'elle dévoile progressivement, au gré de ses déplacements ou de conférences de presse. Et si ses propositions ressemblent beaucoup à celles de ses concurrents, plaide-t-elle, c'est parce qu'elles sont pour partie tirées du socle de la Primaire populaire, auquel tous les partis de gauche ont participé.
"Bataille de février"
Désormais "on est dans la bataille de février", explique son entourage, avec une campagne de porte-à-porte et une réunion publique par semaine, puis deux par semaine en mars. L'idée est aussi d'évacuer la mauvaise passe de la semaine dernière, marquée par sa faible performance à la Fondation Abbé Pierre sur le mal logement, qui a semé quelques doutes. "Ce n'est pas sa meilleure intervention", admet son entourage : "On a mésestimé le fait que chaque sortie est un grand oral de l'ENA". Un raté dont se sont réjoui ses autres concurrents à gauche. "On subit beaucoup d'attaques depuis la Primaire populaire, on est devenu la cible", déplore son entourage.
Christiane Taubira y a semblé sensible : "Je ne sais pas si vous auriez résisté au bashing", a-t-elle dit à la presse. Mais elle assure qu'elle ira "jusqu'au bout" et ne "traitera ni par le mépris ni par la trahison le mandat reçu à la Primaire populaire".
Pour trouver les financements nécessaires, son équipe compte surtout sur les dons. "200.000 personnes lui ont mis +très bien+ à la Primaire populaire, si la moitié donne 5 ou 10 euros....", explique un proche, soulignant : "On a zéro masse salariale".