Prison avec sursis requis contre le n°2 de la PJ de Bordeaux pour complicité de trafic de stupéfiants entre la Guyane et l'Hexagone

L'ex-chef de la division opérationnelle est jugé à Paris pour complicité de trafic de stupéfiants entre la Guyane et la France Hexagonale en vue de réaliser des saisies, et faire du chiffre.
Deux ans de prison avec sursis ont été requis mardi contre l'actuel numéro deux de la police judiciaire de Bordeaux et un ancien subordonné, jugés à Paris pour complicité de trafic de stupéfiants entre la Guyane et la France Hexagonale en vue de réaliser des saisies, et faire du chiffre.

Le parquet a pointé le rôle "important" et "anormal" de Stéphane Lapeyre, ex-chef de la division opérationnelle (n°3) de l'Office des stups (Ocrtis, devenu Ofast) et de son subordonné Jocelyn Berret, dans le cadre d'une importation de cocaïne "chapeautée" en 2013, mais passée sous les radars des autorités judiciaires.

Dans cette affaire, "nous ne sommes pas dans une opération de livraison surveillée", a soutenu le procureur-adjoint de la République Hervé Tétier, en référence à cette technique policière consistant à laisser passer de la drogue aux frontières pour démanteler, en aval, des réseaux de revente. Pour cette opération, les deux policiers avaient fait appel à un "indic", chargé de convaincre un Guyanais tout juste sorti de prison, Jean-Michel L., de se rendre au Suriname pour acheter 14 kg de cocaïne à envoyer via fret aérien depuis Cayenne, jusqu'à l'aéroport d'Orly. Et ce sans que cela n'apparaisse nulle part en procédure.

Grosses coupures dans son sac (près de 80.000 euros), on lui avait assuré qu'il n'avait "pas à s'inquiéter pour la douane" s'il passait par un portique précis indiqué par "Marc", fausse identité de l'informateur. L'enquête n'a pas permis de savoir si cet argent provenait des trafiquants ou de "Marc" lui-même, ni ce qu'il est advenu de la marchandise une fois récupérée.

" Manque de recul et de discernement" 


Après en avoir vendu une petite partie, Jean-Michel L. affirme en avoir restitué la quasi-totalité à l'informateur, ce que ce dernier dément. L'informateur s'est toujours défendu de n'avoir fait qu'obéir aux ordres. Les policiers ont eux dénoncé au procès un "manipulateur" ayant pris de nombreuses libertés sans les en informer. Trois ans avec sursis ont été requis contre l'informateur, assortis d'une amende de 30.000 euros, montant qu'il avait perçu à la suite de l'opération. Contre Jean-Michel L., en lien avec un réseau de trafiquants "déjà structuré", le ministère public a requis trois ans de prison dont deux avec sursis. 

Au cours du procès, le commissaire divisionnaire Stéphane Lapeyre, aujourd'hui en poste à Bordeaux, a concédé avoir "manqué de recul et de discernement" sur la gestion de cette opération. Il a évoqué cet "instinct de chasseur" qui animait l'Office des stups à l'époque, et qui a "peut-être un peu biaisé notre jugement".


Une amende douanière solidaire de près de 745.000 euros a enfin été requise à l'encontre de cinq prévenus, dont Stéphane Lapeyre et Jocelyn Berret.