Privé d'école de catch au Tampon, le Réunionnais Marc Sebire repart à la conquête de l'Europe

Autoportrait du catcheur réunionnais Marc Sebire plus connu sous le nom de White Storm.
C'était son rêve : monter la première école de catch à La Réunion. Des blocages politico-administratifs ont empêché Marc Sebire de le réaliser. La célèbre tornade blanche ne baisse cependant pas les bras. Direction l'Europe pour retrouver sa place sur les rings. Après quoi, il ne s'interdit rien.

Marc Sebire a toujours aimé le monde des super-héros. Comme un refuge. Un rempart joyeux contre la réalité triste. Le choix du catch n'est donc pas un hasard. Son personnage de White Storm lui permet de se transformer. De voir plus grand. Plus fou. Plus libre. À moyen terme, il compte d'ailleurs retrouver le continent américain. "J'ai envie de partir m'installer au Canada. Dans la province de l'Ontario. Près des chutes du Niagara. Afin de prendre un nouveau départ. De retrouver le style de vie américain aussi." Et oublier que son département d'origine n'a pas su profiter du retour sur son sol, d'un champion d'Europe de catch.

Souvenir de White Storm en plein combat lorsqu'il vivait sur le sol américain. Son adversaire ne semble pas apprécier...

Pas d'école de catch au Tampon

Un an. Déjà. Que Marc Sebire travaillait sur son projet d'école de catch à La Réunion. La première de l'histoire du département. "J'avais tout fait dans les règles. Démarché les mairies. Créé l'association. Il ne manquait plus qu'une salle." La ville du Tampon avait pratiquement dit oui. Le Tampon, sa commune. Le choix idéal. Enfin presque. "On m'avait promis qu'une commission allait se réunir en mai ou juin 2022. Puis les jours ont passé. Les semaines. Les mois. J'ai finalement appris que la commission ne prendrait une décision éventuelle qu'en septembre ou octobre. Alors qu'à La Réunion, toutes les inscriptions sportives se font début août. End of the story." Le catcheur jette l'éponge.

Cet échec conserve un goût amer. La tornade a été balayée. Baladée. Alors qu'il y avait une vraie demande. "Je le répète : La Réunion compte beaucoup d'athlètes avec de gros potentiels. Beaucoup de jeunes m'avaient contacté. Ils voulaient se lancer." Mais sans salle et sans entraide… "Ici, c'est trop souvent la guéguerre entre les associations sportives. Elles ne veulent pas partager les installations. Pire que tout : j'étais prêt à faire venir un ring de catch à La Réunion. À mes frais. La mairie m'a prévenu : pourquoi pas ? Mais il faudra le prêter à tous les autres sports de combat." Effarement logique de Marc Sebire. "J'ai représenté La Réunion sur la planète entière. Ça n'a servi à rien. Quel est le problème avec le catch ?"

Carton plein pour le stage de catch supervisé par Marc Sebire au printemps dernier à Marseille.

L'Europe a redécouvert la tornade

Une chose est sûre : l'Hexagone n'a pas de problème avec le catch. C'est même plutôt le grand amour. En février dernier, la Tigers Pro Wrestling organisait un stage de catch à Marseille. Deux jours. Une master class pratique orchestrée par… Marc Sebire. "Carton plein ! Je n'avais jamais vu autant de monde dans un stage. Merci à la TPW d'avoir pensé à moi." Un stage suivi d'un gala qui a vu le grand retour de White Storm. La tornade réunionnaise a pu remonter sur un ring. "Bonne nouvelle : je suis toujours vivant à l'issue de mon combat. Mon dos n'a pas souffert. Attention : je ne suis pas encore au top. Mais j'y travaille quotidiennement."

Un catcheur qui combat. Un catcheur qui enseigne aussi. Toujours en Europe mais cette fois-ci, sur l'île de Malte. "Aux États-Unis il y a quelques années, j'avais rencontré le patron de cette école. Nous sommes restés en contact et il m'a proposé de venir donner des cours durant quelques semaines au printemps." La dizaine d'élèves a apprécié le coaching éclairé d'un ancien champion d'Europe. L'équilibre professionnel de Marc Sebire résonne aujourd'hui comme une évidence. "Je réalise que pas mal de gens se souviennent encore de moi. J'ai maintenant 41 ans. Je sais que je peux à la fois catcher et entraîner."

Marc Sebire s'exporte bien. La preuve : il donne des cours de catch sur l'île de Malte.

Sur les rings de l'Hexagone en 2023

C'est officiel : Marc Sebire quitte à nouveau La Réunion. "Je déménage à la fin du mois de janvier 2023." Dans un premier temps, la tornade devrait poser ses valises dans le Nord de la France. Et vite retourner aux affaires. "Je dois trouver un ring de catch pour m'entraîner dès notre arrivée. J'ai un premier combat prévu dans le courant du mois de mars à Marseille. Pas question de débuter la nouvelle année par une défaite."

Come-back en vue pour White Storm. La France. L'Europe. Il ne ferme la porte à aucun promoteur. L'unique Réunionnais du catch veut retrouver un statut. Son statut. "Techniquement, je suis le seul Réunionnais dans ma discipline. Or il se trouve qu'un autre catcheur vient aussi de mon département. Sans le dire." Son nom : Senza Volto. Particularité : il combat masqué. "Senza est plus jeune que moi. Il catche partout en Europe. Nous ne nous sommes jamais rencontrés. Juste parlé sur Internet. Avant ma blessure, je lui avais proposé un combat. S'il lit ces lignes, qu'il sache que ma proposition tient toujours."

White Storm / Senza Volto, peut-être l'affiche d'un combat de catch 100% réunionnais en 2023 ?