Dans le procès de l'affaire Rifki, un accusé difficile à cerner

La salle des Assises d'Ille-et-Vilaine où se tient le procès d'Ahamed Ansuifoudine, un Mahorais de 27 ans jugé pour enlèvement, séquestration et agression sexuelle sur un garçon de 4 ans en 2015.
La cour d'Assises d'Ille-et-Vilaine étudie depuis mercredi le profil d'Ahamed Ansuifoudine, un Mahorais de 27 ans jugé pour l'enlèvement du petit Rifki en 2014. Une personnalité "immature" et "insaisissable". 
"Insaisissable" et "immature": la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine cherchait mercredi à cerner la personnalité d'Ahamed Ansuifoudine, 27 ans, ravisseur d'un garçon de 4 ans enlevé en août 2015 à Rennes, jugé pour enlèvement, séquestration et agression sexuelle.

Enfance "difficile"

En présence de la famille du garçon, la cour a longuement cherché à éclaircir le parcours et les déclarations - confuses et contradictoires - de l'accusé aux enquêteurs. Deuxième d'une fratrie de neuf enfants, Ahamed Ansuifoudine, né à Mayotte, est revenu sur l'enfance "difficile" qu'il dit avoir vécu à la Réunion, affirmant avoir été "maltraité" et "rejeté" par sa mère.

"On nous donnait des coups, on ne nous donnait pas à manger, on nous laissait seuls pendant quatre jours à la maison", a déclaré l'accusé, voûté, la voix lancinante, affecté par un traitement médicamenteux antipsychotique.
 

Alcool et cannabis

Le président de la cour lui fait remarquer que ces faits de maltraitance ne se seraient produits qu'une fois, comme l'attestent des brûlures sur ses bras, selon sa mère.

Il consomme très jeune alcool et cannabis, multiplie les fugues. Placé en foyer, à la demande de sa mère, à 14 ans, il allègue y avoir été victime à 16 ans d'attouchements de la part d'un éducateur. Il aurait cherché à porter plainte, sans succès. 

Il peine à convaincre le président qui, citant la mère de l'accusé, absente au procès, a indiqué avoir placé son enfant au motif qu'il avait "cumulé les passages à l'acte et mettait le foyer en péril".
 

"Affabulateur", "insaisissable" et "immature"

A son propos, sa mère évoque une personne "insaisissable" et un "affabulateur", a souligné le président de la cour. A la barre, une enquêtrice sociale a décrit un accusé qui peine à "reconstituer son parcours", pointant une "personnalité immature".
 

Récidiviste

S'il ne conteste pas les faits d'enlèvement, qui avaient d'ailleurs déclenché la mise en place du dispositif alerte enlèvement, l'accusé réfute désormais les accusations d'agression sexuelle. Pourtant, entendu par les enquêteurs, il avait admis avoir commis des attouchements sur le petit garçon. L'enfant n'avait, lui, évoqué aucune violence qui aurait pu être commise par l'accusé.

Mais à l'époque des faits, Ahamed Ansuifoudine était déjà sous le coup d'une condamnation à 6 mois d'emprisonnement pour des faits de "soustraction d'enfant" en 2014. 
 

Mémoire brumeuse

"Si j'étais parti avec cet enfant-là, c'était pour voir mes parents (...) J'avais trop fumé", déclare Ansuifoudine. Le président de la cour lui demande: "Vous ne savez pas pourquoi vous avez agi comme ça ? -Non." Pas plus que des faits plus tard d'agression sexuelle sur mineur, commis sous l'influence de l'alcool.

Ahamed Ansuifoudine encourt jusqu'à 30 ans de réclusion. Le verdict est attendu vendredi.

Le reportage de France 3 Bretagne aux assises de Rennes lors du premier jour du procès :