Procès des attentats du 13 novembre : les proches du Guadeloupéen Jean-Jacques Kirchheim, mort au Bataclan, ont témoigné devant la cour [ENTRETIEN]

Devant la cour, à Paris, la mère la sœur et la compagne de Jean-Jacques ont parlé de la soirée du 13 novembre, de Jean-Jacques et de son attachement à ses origines antillaises. Elles se sont confiées à Outre-mer la 1ère après leur témoignage.

"Je suis très contente que l’on ait pu évoquer Jean-Jacques, que son nom soit associé à toutes les victimes, à tous ces témoignages qui m’ont tellement impressionnés". Evelyne Kirchheim, la mère de Jean-Jacques n’a pas pu se déplacer le 8 octobre dernier au Palais de justice de Paris. C’était le jour où la cour d’assises spéciale avait programmé d’entendre sa famille et ses proches, comme elle le fait pour toutes les victimes des attentats du 13 novembre. Elle a fait lire une lettre qu’elle avait rédigée par l’avocate de la famille, maître Josserand-Schmidt, dans laquelle elle parlait de ses origines antillaises.

Il y a une quarantaine d’années j’ai voulu avoir un ancrage en Guadeloupe pour que mes enfants gardent le contact avec le pays de leur mère. Car je pense que l’identité assumée, c’est ce qui nous rend plus fort et nous amène vers les autres.

Evelyne Kirchheim


Jean-Jacques est né en région parisienne, mais il était très attaché à son origine antillaise. "Il aimait bien rappeler qu’il était guadeloupéen et cela me faisait sourire, car en fait il ne l’était qu’à moitié", rajoute sa mère, qui est aussi la fille du sénateur guadeloupéen Marcel Gargar.


Témoigner devant la cour d’assises spéciale

"Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est cette salle d’audience qui est un peu comme une espèce de cathédrale, avec le président, les accusés, les avocats", confie Fabienne, la sœur de Jean-Jacques. "J’avais peur d’être débordée par mes émotions". Elle leur a parlé de sa soirée du 13 novembre, passée à chercher son frère dans les hôpitaux, en prenant soin d’épargner dans un premier temps ses parents. Elle a également évoqué la douleur de son absence.


Passer Noël en Guadeloupe

Faustine, la compagne de Jean-Jacques, était avec lui et deux autres amis ce soir-là au Bataclan. Devant la cour et sous une photo d’elle au côté de Jean-Jacques, elle a parlé de l’attaque et du traumatisme qui continue de la poursuivre six ans après les attentats. "Je suis contente d’avoir parlé, dit-elle, même si c’était difficile." Faustine est restée très proche de la famille de Jean-Jacques, qui lui a fait découvrir la Guadeloupe. "Je n’y suis pas retournée depuis 2019 en raison de la pandémie. Là, on a pour projet d’y aller en décembre, et de savoir que l’on va passer les fêtes de fin d’année là-bas, ça me fait vraiment plaisir. Je m’accroche un peu à ça pour tenir le coup pendant ce procès". Au tribunal, elle a terminé son témoignage par ces mots :

Jean-Jacques est tombé sous les balles des gens aveuglés par la haine et la peur de l'autre. Je voudrais lui dire : je ne deviendrai pas ce qu'on n'a jamais voulu être.

 

Écoutez le témoignage d'Evelyne, Fabienne et Faustine au micro de Tessa Grauman :

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