En 2016, Bilal Taghi avait agressé deux surveillants dans la prison d’Osny (Val d’Oise) dont Philippe H. Ce Martiniquais a failli mourir. Il est venu témoigner ce mercredi 20 novembre au Palais de justice de Paris, sans aucune haine.
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A la prison d’Osny, certains détenus le surnommaient "Ti man". Philippe H aimait son travail, il y croyait. Le Martiniquais n’avait pas choisi ce travail par dépit, il pensait sincérement apporter une aide aux détenus. D’où ce surnom sympathique que certains lui avaient donné.
Vers 15h, au départ en promenade, le surveillant martiniquais sort le détenu de sa cellule lorsque celui-ci se jette sur lui avec un poinçon (couteau artisanal). L'arme était dissimulée dans une serviette de bain. Philippe H n’a rien vu venir.
Arme au poing, le détenu transperce la gorge du surveillant martiniquais. Le couteau passe à quelques millimètres de l’aorte. Au moment de l’attaque, un second surveillant, posté à l’entrée de la cour de promenade intervient pour extirper son collègue de la coursive.
Au procès du jihadiste Bilal Taghi à Paris, ce mercredi 20 novembre, Philippe H a raconté son agression. Son récit empreint d’humanité a saisi d'émotion la cour d’assises.
D’autant plus que la cour a pu visionner la vidéo de l’attaque du 4 septembre 2016. On y voit l’accusé se jeter sur le gardien et le poignarder à plusieurs reprises sans aucune hésitation.
Bilal Taghi apparaît souriant face une caméra. Il mime un égorgement et fait sa prière. Puis il trace un cœur sur une vitre après avoir trempé son doigt dans le sang au sol du surveillant blessé.
"Certains ont pu s'en sortir. Je pense que tout n'est pas perdu, cet homme est en vie", dit-il, se tournant vers Bilal Taghi, qui s'est mis à pleurer dans le box. "Il faut se relever. Choisissez l'homme que vous voulez être. Vos enfants, c'est votre patrie. Ne restez pas sur le passé. Vos enfants ont besoin de vous. Ils sont encore petits, vous avez des choses à leur apprendre", lance-t-il.
Il sait que son agression a sonné le glas des "unités dédiées", qui ont été remplacées par des quartiers d'évaluation de la radicalisation. Les détenus les plus dangereux sont isolés, leurs cellules équipées de passe-menottes pour qu'ils soient entravés avant de sortir, les fouilles et les gardiens plus nombreux.
"Le jour de l’agression tout est arrivé très vite, a expliqué Philippe H à franceinfo la veille du procès. On n’a pas le temps de voir ce qui se passe. Ma vie a été fractionnée en un rien de temps". Il explique qu’après cette agression sa vie a basculé. "Je ne suis plus le même homme".
►Ecoutez ci-dessous son témoignage :
Cauchemar
Malgré toute sa bonne volonté, la vie de Philippe H a viré au cauchemar le 4 septembre 2016. Ce jour-là un détenu radicalisé, Bilal Taghi attaque violemment deux surveillants pénitentiaires.Vers 15h, au départ en promenade, le surveillant martiniquais sort le détenu de sa cellule lorsque celui-ci se jette sur lui avec un poinçon (couteau artisanal). L'arme était dissimulée dans une serviette de bain. Philippe H n’a rien vu venir.
Arme au poing, le détenu transperce la gorge du surveillant martiniquais. Le couteau passe à quelques millimètres de l’aorte. Au moment de l’attaque, un second surveillant, posté à l’entrée de la cour de promenade intervient pour extirper son collègue de la coursive.
Leçon d'humanité
Au procès du jihadiste Bilal Taghi à Paris, ce mercredi 20 novembre, Philippe H a raconté son agression. Son récit empreint d’humanité a saisi d'émotion la cour d’assises.D’autant plus que la cour a pu visionner la vidéo de l’attaque du 4 septembre 2016. On y voit l’accusé se jeter sur le gardien et le poignarder à plusieurs reprises sans aucune hésitation.
Bilal Taghi apparaît souriant face une caméra. Il mime un égorgement et fait sa prière. Puis il trace un cœur sur une vitre après avoir trempé son doigt dans le sang au sol du surveillant blessé.
Un parcours exemplaire
Après toute cette horreur, Philippe H parvient à décrire son parcours devant des magistrats et des avocats de la défense médusés. Il n’a pas choisi son métier par hazard. Il pensait vraiment pouvoir aider les détenus à s’en sortir. Quand sont créées les "unités dédiées" à la déradicalisation en septembre 2016, il n'hésite pas, pense que son "savoir-faire" et son "expérience" peuvent "aider des jeunes".
"L'homme que vous voulez être"
"Certains ont pu s'en sortir. Je pense que tout n'est pas perdu, cet homme est en vie", dit-il, se tournant vers Bilal Taghi, qui s'est mis à pleurer dans le box. "Il faut se relever. Choisissez l'homme que vous voulez être. Vos enfants, c'est votre patrie. Ne restez pas sur le passé. Vos enfants ont besoin de vous. Ils sont encore petits, vous avez des choses à leur apprendre", lance-t-il.Il sait que son agression a sonné le glas des "unités dédiées", qui ont été remplacées par des quartiers d'évaluation de la radicalisation. Les détenus les plus dangereux sont isolés, leurs cellules équipées de passe-menottes pour qu'ils soient entravés avant de sortir, les fouilles et les gardiens plus nombreux.
Réaction d'un avocat de la défense
"On a appris de nos erreurs, j'espère", dit-il, même s'il estime que "cela ne sera pas suffisant" face à des jeunes sans repères ni cadre éducatif. Des bancs de la défense, l'un des avocats de Bilal Taghi se lève, pour dire sobrement: "Monsieur, on est impressionné par votre sagesse et votre courage"."Le jour de l’agression tout est arrivé très vite, a expliqué Philippe H à franceinfo la veille du procès. On n’a pas le temps de voir ce qui se passe. Ma vie a été fractionnée en un rien de temps". Il explique qu’après cette agression sa vie a basculé. "Je ne suis plus le même homme".
►Ecoutez ci-dessous son témoignage :
Philippe H
Le procès de Bilal Taghi se termine ce vendredi 22 novembre au palais de justice de Paris.
Je n’ai aucune animosité envers lui, je n’ai aucun sentiment de vengeance. J’attends juste qu’il y ait un homme qui reconnaisse les faits. S’il y a en lui une part d’humain avec un désir de repentance. Moi ça me va aussi (…) Je n’ai pas de haine, je préfère la lumière aux ténèbres".