Procès du "tueur de l'Essonne" : les deux visages de Yoni Palmier

Yoni Palmier dans le box des accusés
Pour ce 10e jour de procès, trois experts psychiatres étaient chargés de décrire la personnalité du Guadeloupéen, auteur de quatre meurtres entre 2011 et 2012. Une personnalité double : au quotidien, l'homme se montrait à la fois replié sur lui-même et "tout-puissant", collectionneur d'armes.
A la fois "soumis" et "révolté". C'est le portrait d'un homme à deux visages qu'ont dressé les trois experts psychiatres appelés toute la journée à se prononcer sur la personnalité de Yoni Palmier, accusé d'avoir tué quatre personnes entre novembre 2011 et avril 2012.

D'un côté, l'homme dépendant de sa mère depuis son plus jeune âge, sans amis, en échec social. De l'autre, le tueur en série, qui a tué quatre personnes de sang-froid sans mobile, "juste pour assouvir son fantasme de toute puissance", explique Roland Coutanceau, l'expert psychiatre. 

Selon Frantz Prosper, autre expert, ce clivage s'est arrêté par le passage à l'acte : "Yoni Palmier a dit lors de ce procès qu'il avait agi avec maîtrise pour en finir avec la souffrance accumulée quand il était jeune. Les quatre personnes sont victimes de son drame intérieur, chaque meurtre était un soulagement". 

Un "enfant-roi" solitaire

L'enfance de Yoni Palmier est marquée par le suicide de sa sœur. En surpoids, il subit fréquemment l'agression de ses camarades. "Sa mésestime de soi est grande", explique Valérie Dutter, psychologue. Cadet d'une fratrie d'une dizaine d'enfants, il est l'enfant-roi, surprotégé par sa mère dont il est dépendant. "Chaque fois qu'il s'éloigne de l'espace protecteur de sa mère, il ressent un sentiment d'hostilité, il se sent en alerte", analyse Frantz Prosper, "cela le coupe des autres".

Adulte, sa vie est décousue entre périodes d'excès, d'autres d'ascétisme. Si Yoni reste très proche de sa mère et dépendant des aides sociales, il développe une autre facette de sa personnalité. Ceux qui le connaissent l'ignorent : le Guadeloupéen roule en moto de sport, s'est fait construire un sauna et possède de nombreuses armes.

Pas de maladie psychiatrique

Tous s'accordent pour dire qu'au moment des meurtres, Yoni Palmier était en pleine possession de ses moyens. "Il m'a toujours dit 'j'étais maître de moi-même'. Il sait que ce qu'il fait est bien ou mal, il le fait en connaissance de cause", détaille Frantz Prosper. "Il n'a pas de maladie psychiatrique et les faits n'ont aucun lien avec l'alcool ou la drogue". Avant d'ajouter "c'est sa haine de lui-même qui a abouti à la haine des autres". 

"Un homme conscient de la gravité des faits", prostré sur le banc des accusés. De la journée, Yoni Palmier aura à peine levé les yeux vers la Cour, insondable comme depuis le début du procès. (MAJ, 29 mars à 23h).

Demain, la journée sera consacrée aux plaidoiries des avocats des familles des victimes. Le verdict sera rendu mercredi en fin de journée.