Projet « Montagne d’Or » en Guyane : première étape franchie, des milliers d’emplois en perspective

La Montagne d'or vue d'hélicoptère.
De source proche de la Compagnie Minière de la Montagne d’Or, on indique que l’étude de faisabilité est positive. Le financement économique de l’opération est validé. Cette étape capitale dans le lancement du projet doit être annoncée ce vendredi à Cayenne.
Le plus grand gisement aurifère français s’appelle Montagne d’Or, et il porte bien son nom. En Guyane, le lancement de cette exploitation minière créerait immédiatement près de 900 emplois directs, dans une région où le taux de chômage atteint 40 %. Quadrature du cercle : il faut aussi protéger l’environnement.

1550 emplois directs

La Guyane, assise sur sa « Montagne d’Or », à Paul-Isnard, ambitionne de concilier emploi et environnement. Avec un investissement total d’environ 600 millions d’euros, Montagne d’Or est l’un des plus grands projets industriels étrangers en Outre-mer. Les producteurs espèrent extraire du sous-sol guyanais près de 95 tonnes d’or, pour une valeur de plus de deux milliards d’euros. Longue de  2,5 kilomètres, large de 800 mètres et profonde de 400, ce serait la plus grande mine à ciel ouvert du département. Le projet est porté par la Compagnie Minière de la Montagne d’Or. C’est une co-entreprise du Russe Nordgold (55,01%) et du Canadien Columbus Gold (44,00 %). L’autorisation d’exploitation est attendue pour fin 2018. La construction du projet et la phase de production de l'or s'étendraient de 2019 à 2034.

Les 2 opérateurs annoncent la création de 900 emplois directs auxquels s’ajouteraient ensuite 650 autres au cours de la phase de production. On peut attendre aussi près de 3000 emplois indirects.

L’objectif ambitieux est d’arriver à 90 % de recrutements locaux. Montagne d’Or entend lancer une formation aux métiers de la mine, avec des partenaires locaux, nationaux et internationaux. 57 métiers liés à l’exploitation minière seraient concernés. Les retombées économiques s’élèveraient à plus d’ 1 milliard d’euros. A peu près la même chose que celles du grand complexe de nickel du Koniambo, en province Nord de la Nouvelle-Calédonie

Mine responsable

Les perspectives pour la Guyane et surtout pour la région et la commune de Saint Laurent du Maroni semblent donc énormes. Mais, concilier créations d’emplois et défense de l’environnement n’est pas simple tant il est vrai qu’il n’y a pas d’industrie sans pollution.
Le consortium russo-canadien affirme avoir pris toutes les précautions. Igor Klimanov, directeur du développement de Nordgold déclare : "la mine de la Montagne d’Or sera le premier projet français conforme aux recommandations du livre blanc sur la mine responsable".
Les 2 sociétés prévoient notamment un traitement du minerai en cuves, sans risque de fuite. Le vrai défi sera la taille des digues de retenue. Elle devra être adaptée aux fortes pluies du climat équatorial de la Guyane.
Site minier de Montagne d'Or (projet) en Guyane
Par ailleurs, Nordgold et Columbus collaborent avec des experts guyanais pour les demandes d’autorisations légales, et notamment celle de travaux miniers en raison de l’utilisation de dynamite et du classement du site en Seveso 2. Autre obligation : l’identification de la faune et de la flore. Nordgold et Columbus  s’engagent enfin à revégétaliser  les vastes zones dévastées par l’orpaillage clandestin tout autour du site.

Arbitrage

Mais sur place, des associations environnementales sont sceptiques. Jeudi, le mouvement Jeunesse autochtone de Guyane a envahi la chambre de commerce de St-Laurent où  se tenait la conférence de presse de Colombus Gold. Selon les protestataires,  le projet n’est  "pas en faveur des Guyanais et de la terres des ancêtres".

De source gouvernementale, on reconnait que « l’impact économique et social, envisagé par le consortium Nordgold-Colombus Gold, vecteur de développement, suscite aussi des craintes de risques écologiques et sanitaires. Ce développement économique induit par l’exploitation de l’or en Guyane doit être encouragé, mais pas au détriment de l’écologie ».

Des enquêtes publiques débuteront dès la fin de l’année et se poursuivront l’année prochaine. Le feu-vert définitif n’interviendra pas avant fin 2018.