Quand les satellites permettent de prévoir les épidémies de dengue

L'institut Pasteur de Guyane travaille sur une expérience qui pourrait permettre de détecter six mois à l'avance le développement des épidémies de dengue, grâce à des images satellites. La première étude a été réalisée dans le bourg de Matoury.
Le projet Detect (Dengue Transmission and emergence control using tele-epidemiology) est mené par l'unité épidémiologie de l'institut Pasteur de Guyane depuis 2013, avec le soutien du CNES, le Centre National d'Etudes Spatiales. Un site expérimental a été choisi : le bourg de Matoury en Guyane. Les premiers résultats de ces expérimentations s'avèrent encourageants. Ils pourraient permettre de détecter six mois à l'avance l'apparition d'une épidémie de dengue, un virus, transmis par le moustique, très répandu dans les Outre-mer.

Matoury, site pilote

En 2013, les scientifiques ont d'abord effectué un travail de terrain dans 330 maisons du bourg de Matoury en étudiant sur place la présence de moustiques et de gites larvaires. L'étude a été réalisée en deux temps : d'abord hors-épidémie, puis au cours de l'épidémie de dengue qui a touché Matoury. Les relevés de terrain ont ensuite été croisés avec les images de Matoury prises par les satellites Pléiades, un système d'imagerie spatiale à très haute résolution qui permet d'obtenir des clichés extrêmement précis : comme l'explique Claude Flamand, responsable de l'unité d'épidémiologie de l'institut Pasteur de Guyane, ces images sont si précises qu'elles permettent de détailler l'environnement immédiat des habitations : on peut ainsi voir ce qu'il y a dans les jardins des maisons (pots de fleurs, végétation, sol nu, points d'eau, etc).

En croisant les relevés de terrains et les images satellites, les scientifiques ont établi des modèles statistiques et mathématiques pour évaluer le risque d'apparition d'une épidémie de dengue, en fonction des déterminants climatiques et environnementaux.

A quoi ça sert ?

Ce système devrait permettre de détecter les risques d'épidémies de dengue, tout en réalisant de réelles économies. La télé-émidémiologie pourrait ainsi remplacer les missions de terrain, très couteuses. Claude Flamand explique que ces travaux de recherche devraient permettre aux services de lutte anti-vectorielle de faire davantage de prévention.