Racisme : trois lycéens de Seine-et-Marne suscitent l’indignation après un "blackface"

Une enquête administrative est ouverte après le carnaval organisé au sein du lycée privé Sainte-Céline et le blackface de trois élèves.
L’affaire s’est passée dans le lycée catholique Sainte-Céline de la Ferté-sous-Jouarre lors du carnaval. Trois élèves de l’établissement se sont peint le vissage en noir, suscitant l’indignation d’une bonne partie de leurs camarades. La justice s’est saisie de l’enquête.

C’est une nouvelle affaire de racisme. Les faits remonteraient au 7 mars lors d’un carnaval dans le lycée catholique privé Sainte-Céline de La Ferté-sous-Jouarre, en Seine-et-Marne. Trois lycéens, participants à un concours de déguisement, se font remarquer par leurs autres camarades en se présentant le visage grimé. "Ils étaient peints en noir avec des lances en bois et de longues robes " confie un élève présent à ce moment à Libération. D’autres auraient aussi entendu des cris de singe.

Des élèves ont peint leur visage en noir et porté des tenues "africaines" lors d'un carnaval organisé par le lycée privé Sainte-Céline.

Cette pratique née aux États-Unis au XXe siècle, consistait pour un comédien blanc à se grimer en noir pour faire rire le public. Pour Haïdari Nassurdine, président du Cran (le Conseil représentatif des associations noires), le "blackface" est une action humiliante. "Beaucoup de gens ne le savent pas, mais c’est une manière de déshumaniser", explique-t-il.

Ce phénomène on le retrouve aussi malheureusement beaucoup dans les stades de football et tant qu’il n’y a pas une loi, des restrictions et des condamnations claires de l’État, certaines personnes pourront (toujours) passer entre les mailles et dire que ce n’est pas du racisme.

Haidari Nassurdine

D’après les informations du journal Libération qui s’est fait écho de l’affaire, de nombreux élèves de l’établissement scolaire auraient été indignés par cet acte. Mais pas la direction de l’établissement, qui leur a même remis le premier prix du concours organisé pour le carnaval. Contacté par nos soins, le lycée n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Une attitude qui ne surprend pas le président du Conseil représentatif des associations noires (Cran). "C’est une position normale pour une personne qui a été prise la main dans le sac, estime Haïdari Nassurdine. C’est-à-dire la première chose qu’elle vous dit, ''Ah non, mais je ne voulais pas voler’. Alors que non, il y a eu du racisme, il a eu un black face, des cris de singes et une déshumanisation de la population". Dans un communiqué, la direction diocésaine de l'enseignement catholique affirme que les élèves auraient voulu "se déguiser en guerrier Massaï" et ajoute que les lycéens auraient confirmé n’y avoir vu "aucune connotation raciste, de moquerie ou d’arrière-pensées".

"Le fait de se grimer [...] n’est pas récréatif"

De son côté, le Cran interpelle la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, afin de produire une circulaire visant à interdire les "blackfaces" dans les établissements scolaires. "Le Cran a trop été trop souvent sollicité pour des histoires de ce genre dans le milieu scolaire, constate Haidari Nassurdine. On voit que le racisme antinoir et la négrophobie se développent de manière exponentielle dans les établissements scolaires de France. Maintenant, nous voulons une clarification de la situation en demandant à madame la ministre [de l’éducation nationale, NDLR] une circulaire qui interdit définitivement le "blackface". Le fait de se grimer ou de faire des cris de singe n’est pas récréatif."

Les élèves pourraient être sanctionnés, mais pour le Cran ce n’est pas la bonne solution."Il faut que les sanctions soient éducatives, car on peut punir, mais si la personne ne comprend pas, ça ne sert à rien", lâche Haïdari Nassurdine.

Une plainte contre X déposée

Saisi par plusieurs parents d’élèves, le Cran a déposé une plainte contre X pour "injures publiques à caractère racial, provocation publique à la haine raciale, discrimination", a indiqué le Martiniquais Me Alex Ursulet, l’un des avocats de l’association. L’académie de Créteil a de son côté pris l’affaire très au sérieux et a aussi annoncé saisir la justice. Sur X – anciennement Twitter – la rectrice d’académie a partagé son "émotion légitime" suite à "la diffusion de photos d’élèves au visage grimé en noir". Elle indique par là même avoir saisi le procureur de la république.

La ministre de l’Éducation nationale a aussi réagi sur X, en demandant à la rectrice d’académie de prendre "toutes les mesures nécessaires" pour faire la lumière sur cette affaire.

Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Meaux en Seine-et-Marne pour "provocation à la discrimination, à la haine ou la violence".