Pendant le confinement, rapatrier le corps d'un ultramarin décédé dans l'Hexagone peut relever du casse-tête pour leurs familles. À la douleur de la perte d'un être cher s'ajoutent des démarches supplémentaires. Des sociétés de pompes funèbres dénoncent la hausse du coût du fret aérien.
Être enterré en Martinique, sa terre natale. C'était la volonté d'un docker à la retraite contaminé par le Covid-19 alors qu'il séjournait dans l'Hexagone. L'homme âgé de 88 ans rendait visite à ses deux filles et à son fils. Il est décédé à la mi-avril à l'hôpital de Montreuil. Il a finalement été inhumé à Romainville, une autre commune de la Seine-Saint-Denis.
La mesure figure dans le décret n°2020-384 publié début avril au Journal Officiel. En outre, selon le texte, "les défunts atteints ou probablement atteints du Covid-19 au moment de leur décès font l'objet d'une mise en bière immédiate. La pratique de la toilette mortuaire est interdite pour ces défunts."
Ralph Siniamin, opérateur funéraire lui aussi en Martinique et à Paris, fait le même constat.
Sont mis en cause les tarifs pratiqués par Air France, déjà épinglée aux Antilles et en Guyane pour une hausse des tarifs du fret aérien. La compagnie aérienne est la seule à maintenir des rotations entre l'Hexagone et ces départements pendant la crise du coronavirus.
Fabrice Biras, qui préside la section Outre-mer de la Fédération française des pompes funèbres, a alerté Olivier Serva, le président de la délégation Outre-mer de l'Assemblée nationale dans un courrier électronique. L'opérateur funéraire "remercie (le député de Guadeloupe, LREM) de bien vouloir porter une réponse pour les familles qui se trouvent endeuillés".
La Fédération française des pompes funèbres (FFPF) recommande également aux familles d'informer l'opérateur funéraire de son souhait de rapatriement. La précaution permet de prévoir un cercueil en zinc dès le départ. "Cela évite de faire payer un second cercueil aux familles", précise Florence Fresse, déléguée générale de la FFPF, quand la mise en bière a été effectuée dans un cercueil simple. Le recours à un cercueil hermétique est la norme.
L’aide au transport de corps permet de financer une partie du billet de l'avion qui rapatrie le corps d'un ultramarin décédé dans l'Hexagone vers le territoire où il résidait. Elle est plafonnée à 1000 euros et est attribuée sous condition de ressources et de résidence. Cette aide existe depuis 2018. Elle est prévue par la loi Égalité réelle Outre-mer.
Cependant ces critères sont jugés trop restrictifs par plusieurs parlementaires. D’une part, la prise en charge d’une partie des frais liées au transport aérien n’est accessible que si le défunt résidait en Outre-mer. De fait, tout membre de la diaspora qui réside dans l’Hexagone est exclu du dispositif. D’autre part, un plafond de ressources est fixé à 6000 euros annuels pour la personne qui engage les frais funéraires.
“Très peu de familles peuvent donc en bénéficier”, regrettait Olivier Serva en novembre. Le député (LREM) de la 1ère circonscription de Guadeloupe souhaite que les critères d’attribution soient élargis. Lors de l’examen du budget Outre-mer 2020, seule une enveloppe d’un million d’euros supplémentaire a été adoptée pour augmenter le fonds destiné à cette aide. Un amendement défendu par Olivier Serva.
Renoncer aux dernières volontés du défunt
Faire rapatrier son corps, "ça revenait trop cher", confie l'une de ses filles qui préfère rester anonyme. La quatorzaine imposée à toute personne débarquant en Martinique a aussi contraint ses proches à renoncer. La mesure complique le retour sur l'île et l'organisation des obsèques, d'autant plus que les soins de conservation qui ralentissent la décomposition du corps sont prohibés.La mesure figure dans le décret n°2020-384 publié début avril au Journal Officiel. En outre, selon le texte, "les défunts atteints ou probablement atteints du Covid-19 au moment de leur décès font l'objet d'une mise en bière immédiate. La pratique de la toilette mortuaire est interdite pour ces défunts."
"Le coût du fret explose"
Des familles contraintes d'organiser un enterrement dans l'Hexagone, Fabrice Biras en a accompagnées. L'homme est à la tête de deux sociétés, une entreprise de fossoyage aux Abymes en Guadeloupe, et une entreprise de pompes funèbres à Montreuil. Selon lui, organiser le rapatriement d'un corps vers les Antilles est devenu "un casse-tête" d'abord à cause du prix. La démarche peut coûter deux à trois fois plus cher depuis la suspension des vols commerciaux entre l'Hexagone et les Outre-mer.Avant le confinement, et en fonction du poids, un rapatriement pouvait coûter entre 750 et 1000 €. Depuis le confinement, le prix peut atteindre les 2400 voire les 2500 €.
Fabrice Biras
Ralph Siniamin, opérateur funéraire lui aussi en Martinique et à Paris, fait le même constat.
Le coût du fret explose. Alors qu’un rapatriement en Martinique pouvait coûter entre 1100 et 1200 euros avant le confinement, une famille a dû débourser 1895 euros dernièrement.
Ralph Siniamin
Sont mis en cause les tarifs pratiqués par Air France, déjà épinglée aux Antilles et en Guyane pour une hausse des tarifs du fret aérien. La compagnie aérienne est la seule à maintenir des rotations entre l'Hexagone et ces départements pendant la crise du coronavirus.
Fabrice Biras, qui préside la section Outre-mer de la Fédération française des pompes funèbres, a alerté Olivier Serva, le président de la délégation Outre-mer de l'Assemblée nationale dans un courrier électronique. L'opérateur funéraire "remercie (le député de Guadeloupe, LREM) de bien vouloir porter une réponse pour les familles qui se trouvent endeuillés".
Un conseil : anticiper
Si un proche décède dans l'Hexagone pendant le confinement, toute famille originaire des Outre-mer souhaitant rapatrier la dépouille doit garder un mot à l'esprit : l'anticipation. "Les délais sont rallongés", prévient Ralph Siniamin. "C'est la compagnie aérienne qui valide le jour du rapatriement", ajoute le Martiniquais.La Fédération française des pompes funèbres (FFPF) recommande également aux familles d'informer l'opérateur funéraire de son souhait de rapatriement. La précaution permet de prévoir un cercueil en zinc dès le départ. "Cela évite de faire payer un second cercueil aux familles", précise Florence Fresse, déléguée générale de la FFPF, quand la mise en bière a été effectuée dans un cercueil simple. Le recours à un cercueil hermétique est la norme.
Une alternative au rapatriement du défunt : la crémation
Elle est choisie par certaines familles, quand elle ne va pas à l'encontre de leurs convictions religieuses. "La crémation apparaît comme un choix judicieux face à la hausse du coût du fret vers les Outre-mer", confirme Ralph Siniamin. Une précaution est à prendre là aussi : se rapprocher de la préfecture en cas de voyage vers une collectivité d'Outre-mer pour savoir si un proche peut réceptionner les cendres dès l'arrivée avant le début de la quatorzaine.Une réforme en cours pour l’aide au transport de corps
Un décret se fait attendre depuis novembre 2019. Il doit réformer le dispositif d’aide au transport funéraire. De quoi s’agit-il?L’aide au transport de corps permet de financer une partie du billet de l'avion qui rapatrie le corps d'un ultramarin décédé dans l'Hexagone vers le territoire où il résidait. Elle est plafonnée à 1000 euros et est attribuée sous condition de ressources et de résidence. Cette aide existe depuis 2018. Elle est prévue par la loi Égalité réelle Outre-mer.
Cependant ces critères sont jugés trop restrictifs par plusieurs parlementaires. D’une part, la prise en charge d’une partie des frais liées au transport aérien n’est accessible que si le défunt résidait en Outre-mer. De fait, tout membre de la diaspora qui réside dans l’Hexagone est exclu du dispositif. D’autre part, un plafond de ressources est fixé à 6000 euros annuels pour la personne qui engage les frais funéraires.
“Très peu de familles peuvent donc en bénéficier”, regrettait Olivier Serva en novembre. Le député (LREM) de la 1ère circonscription de Guadeloupe souhaite que les critères d’attribution soient élargis. Lors de l’examen du budget Outre-mer 2020, seule une enveloppe d’un million d’euros supplémentaire a été adoptée pour augmenter le fonds destiné à cette aide. Un amendement défendu par Olivier Serva.