Pour Bruno Lemaire, l'industrie française est la mère de toutes les batailles, jusqu'en Nouvelle-Calédonie. Lors d'une rencontre avec la Presse, le Ministre a fustigé une "désertion industrielle depuis 30 ans" de laquelle il rend responsable les gouvernements successifs, mais aussi les capitaines d'industrie français qui ont massivement délocalisé à l'étranger. "La faiblesse de notre commerce extérieur est le reflet de la faiblesse de notre économie intérieure", a-t-il estimé.
S’il y a bien un Territoire dont l’Etat et Bercy ont soutenu la filière industrielle, c’est celle du nickel en Nouvelle-Calédonie. Prêts aux usines, défiscalisation, accompagnement des projets de la transition énergétique, soutien politique ; les trois grandes usines du Territoire ont pu maintenir ou relancer leur production minière et métallurgique de nickel.
Le temps c'est de l'argent; avec le soutien de la France, l'industrie calédonienne a survécu à la crise de 2015-2016 qui a vu l'effondrement des cours du nickel. Ils ont doublé depuis passant de 10 000 à prés de 21 000 dollars la tonne.
La production a été relancée dans l’usine du Nord (KNS), elle a été boostée dans l’usine du Sud (Prony), elle est stable dans l’usine historique du Territoire, la SLN à Nouméa. En plus du soutien permanent de l’Etat, les usines calédoniennes ont bénéficié de l’expertise et du concours financier de trois grands groupes : Eramet, Glencore et Trafigura.
Les stocks mondiaux de nickel sont en baisse de 11,45 % depuis le 24 décembre. Et la demande en nickel électrique est toujours plus forte, notamment auprès de la grande usine calédonienne du Sud (Prony Resources). Ce contexte, relance l’intérêt des investisseurs mondiaux pour la production de nickel de la Nouvelle-Calédonie. Un exemple unique dans les Outre-mer.
Sonia Backès, de passage à Paris, s’est entretenue avec Bruno Lemaire, le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance. Ils ont notamment échangé sur la situation du nickel calédonien, l’accompagnement et le soutien de l’Etat à la filière.
La présidente de la Province Sud de la Nouvelle-Calédonie, qui compte deux des trois usines de nickel du Territoire, a également rencontré des dirigeants de Trafigura, le négociant en métaux de la transition énergétique actionnaire de l’Usine du Sud (Prony Resources), avant de discuter de la situation de la SLN dans un entretien avec Christel Bories, PDG du groupe Eramet. Des discussions positives mais confidentielles.
A l’issu de ces entretiens, Sonia Backès a rappelé : "l’importance pour la Nouvelle-Calédonie est que l’Etat et les industriels continuent à s’engager en faveur du nickel, en soutenant nos usines et nos emplois".
A ce sujet, on peut dire que l’essentiel a été préservé. Sonia Backès a conclu : "Il faut construire le meilleur modèle économique possible pour le nickel calédonien, j’ai insisté dans chacun de mes entretiens pour que la transition énergétique favorise un modèle plus respectueux de notre environnement, un modèle qui s’appuie sur les énergies renouvelables qui sont une priorité."
C’est pour répondre à cette ambition que TotalEnergies s'est allié au consortium du nickel Prony Resources pour construire une méga-centrale photovoltaïque en Nouvelle-Calédonie. Un projet soutenu par Bercy, par le ministère des Outre-mer mais aussi par Sonia Backès.
TotalEnergies va développer un projet solaire de 160 MW en collaboration avec le nouveau géant minier et métallurgique calédonien Prony Resources New Caledonia. La mise en service d’une première centrale photovoltaïque de 30 MW est prévue en 2023. En Nouvelle-Calédonie, une nouvelle industrie est en train de naître, celle du nickel vert, du solaire, et demain, de l’hydrogène.