Je maintiendrai les sur-rémunérations car aujourd'hui on ne peut pas les supprimer".
Emmanuel Macron
Le candidat du mouvement qu'il a créé, "En Marche", a ainsi levé une ambiguité de son projet pour les Outre-mer, mais pour autant, le débat sur cette question des sur-rémunérations pour les fonctionnaires des Outre-mer est-il vraiment terminé ?au sein même de son entourage, les avis sur la question sont très hétéroclites.
Une coalition hétéroclite
Car si aujourd'hui, à 50 jours du premier tour de la présidentielle, le candidat Macron semble avoir le vent en poupe (les derniers sondages le donnent aux alentours de 24%, qualifié pour le second tour derrière Marine Le Pen), et engrange chaque jour de nouveaux soutiens, ses partisans viennent d'horizons et d'écoles de pensée bien différents. A l'origine de gauche, du centre ou de droite, les proches d'Emmanuel Macron ont par exemple eu par le passé des avis très tranchés, et antagonistes, sur cette question de la sur-rémunération des fonctionnaires Outre-mer.Jean Arthuis, détracteur de la sur-rémunération
Ainsi, le candidat Macron est soutenu par Jean Arthuis. Ce député Européen UDI, ex président de la commission des finances du Sénat entre 2002 et 2011, est connu pour être un farouche opposant à la sur-rémunération. Il a plaidé a plusieurs reprises pour la remise à plat de ce système, comme ici, en 2006, dans le magazine L'Express :
A l'origine, ces majorations s'entendaient comme une forme de compensation pour tenir compte des conditions de vie sur place et de l'éloignement. Depuis, l'outre-mer s'est développé et on ne peut pas dire qu'y vivre constitue une «souffrance», au sens propre du terme. Je suis donc favorable à une remise à plat de l'ensemble des régimes particuliers - pas seulement pour l'outre-mer."
Jean Arthuis, 2006
Jacques Attali aussi
Jacques Attali, ex-conseiller de François Mitterrand, soutient lui aussi Emmanuel Macron. Et comme Jean Arthuis, il est favorable à la remise en question de la sur-rémunération, comme il le préconise sur son site "France 2022" :
La surrémunération de 40 à 54 % pour les fonctionnaires des DROM déséquilibre l’économie locale et décourage l’initiative privée (coût global : 1 milliard d’euros pour les trois fonctions publiques, dont 250 millions pour l’état), alors qu’elle peut se révéler efficace dans les territoires les moins attractifs (Wallis et Futuna, Saint‐Pierre‐et‐Miquelon, Polynésie française...). Elle ne se justifie pas : il est proposé d’abaisser ce taux de surrémunération à 25 % pour les nouvelles embauches de fonctionnaires dans les DROM."
Jacques Attali, France 2022
Les ex du cabinet de Bercy
Dans l'équipe rapprochée d'Emmanuel Macron, figurent également plusieurs anciens membres de son cabinet au ministère de l'Economie à Bercy. Or Bercy cible régulièrement la sur-rémunération comme étant une dépense couteuse pour l'Etat. Dans la mesure ou le programme d'Emmanuel Macron prévoit une réduction de la dépense publique de 60 milliards d'euros en cinq ans, la baisse de la sur-rémunération des fonctionnaires Outre-mer pourrait constituer à leurs yeux une possible piste de réduction de dépenses.En face, une autre vision de ce dossier sensible
A contrario, il y a les élus ultramarins qui rejoignent Emmanuel Macron au fil de la campagne. Qu'ils viennent des Antilles (Ary Chalus, Eric Jalton) ou de La Réunion (Thierry Robert, Gilbert Annette, Monique Orphé) , ils ne se sont jamais prononcés en faveur de la suppression ou de la remise en cause de la sur-rémunération des fonctionnaires Outre-mer. Lors de la présentation de son programme, Emmanuel Macron dans sa réponse sans équivoque a sans doute rassuré ses soutiens politiques ultramarins, ainsi que les fonctionnaires ultramarins, électeurs potentiels du candidat d'En Marche.
En cas de victoire du candidat Macron
Aujourd'hui, la candidature d'Emmanuel Macron est construite sur un modèle presque inédit en France, à la manière d'une coalition sociale-démocrate comme il peut en exister en Allemagne ou ailleurs. Pour l'heure, en pleine campagne électorale, avec un candidat qui a le vent en poupe, il y a autour d'Emmanuel Macron une sorte d'union sacrée de ses partisans. Entièrement occupés à faire gagner leur poulain, ils font fi de leurs divergences, même sur des points aussi clivants que la sur-rémunération. Mais que se passerait-il en cas de victoire d'Emmanuel Macron ? Le rapport de la Cour des comptes
Pour en savoir plus sur la Sur-rémunération, voici le rapport de la Cour des comptes, en 2015. La Cour des Comptes préconise de "refonder le dispositif".