Grand passionné de la culture hip-hop depuis tout jeune, Baloo n’a jamais été effrayé par les 9088 kilomètres qui séparent Montfermeil de Los Angeles. Originaire de Saint-Anne en Guadeloupe et de Saint-Pierre en Martinique, l’ex-danseur est revenu sur sa carrière, ses influences, ses choix et son futur…
Mentalité américaine
Lénaïc, de son vrai nom, le dit lui-même : "Ma carrière est un film". Et pour cause, du haut de ses 34 ans, il a déjà vécu plusieurs vies. Enragé par l’envie de réussir, par l’entrepreneuriat et le partage, Baloo a aujourd’hui produit des milliers d’heures de contenus, sous toutes ses formes et dans tous les formats.
Le déclic est venu dès qu’il a posé un pied sur le territoire américain. Le premier évènement marquant de sa carrière a été son expérience dans la danse : le krump, un mouvement né dans les années 2000 à Los Angeles. Le krump, une danse explosive et visuellement étonnante, est une alternative à la danse hip-hop habituelle. Entièrement représentative d'une partie de la population américaine. C'est le coup de foudre entre ce style musical et "l'entertainer" antillais (animateur/ influenceur/ présentateur en anglais ndlr)
Chance ou hasard, Baloo se retrouve quasi-immédiatement sur le devant de la scène, grâce à un ami, qui l’accueille aux Etats-Unis. Ce dernier se fait repérer sur Internet et invita Baloo à le suivre aux côtés notamment des chanteurs T-Pain et Chris Brown.
Baloo a toujours tout fait pour se rendre aux États-Unis, pour son premier voyage hors Antilles, il avait mis de l'argent de côté et travaillait en ce sens " J'ai économisé toute l'année en travaillant dans les centres pour enfants de Montfermeil, je trouvais des petits "taff" à la poissonnerie, à la piscine, à Leclerc,...".
Sa double vie, entre son quartier et Los Angeles, était difficilement crue par ses amis français tellement le contraste était exceptionnel. Vers 2010, il créa son premier site dédié à la culture hip-hop, Rois de la rue, un média qui représentait Montfermeil et sa mentalité.
L'Antillais, au fur et à mesure, commence à se faire un nom dans le milieu, jusqu'à une première expérience radio chez Gérérations.
Et Baloo sait parfaitement où il met les pieds. Profitant de la visibilité de la radio, l'animateur s'est directement entretenu à l'antenne avec les artistes les plus influents du milieu : Oxmo Puccino, Akhenaton, ou encore Taïro. En plus, il a pu rencontrer et interviewer certains artistes de la nouvelle génération, avec qui il se dit heureux et fier d'avoir évolué en même temps comme Ninho, Leto, Niska,...
À l'international, Baloo s'estime très chanceux d'avoir pu s'entretenir avec Nipsey Hussle, Wiz Khalifa ou encore le grand Kendrick Lamar. Pour lui, c'était son " terrain de jeu". C'est à ce moment que son amitié avec le rappeur Kalash nait.
Par la suite, il rejoint la radio de Booba, OKLM Radio. De son passage écourté, il gardera la philosophie prônée par le rappeur "Pour nous, par nous" pour se consacrer à 100% sur ses projets.
J’ai gardé ce même état d’esprit, j’ai pris ma caméra. Je m’en fous des codes, j’enregistre et je parle.
Baloo
" Mes projets sont une extension de moi"
À la fin de l'année 2017, Baloo se lance pleinement sur sa chaîne Youtube, où tous les types de contenus sont publiés : des vlogs, des présentations d'artistes antillais, des réactions à des clips musicaux,... Baloo publie ce qui l'anime au quotidien. Son site, renommé quatre fois, en est la preuve. "Ma carrière, c'est un film, ce sont des personnages qui évoluent. Mes projets sont une extension de moi". Il en profite donc pour parler de tous les sujets qui l'intéressent, et notamment sa relation avec les Outre-mer, particulièrement les Antilles, dont sont originaires ses parents.
Cette double culture, qui a fait sa force, lui a permis de côtoyer et de comprendre tous les aspects sociaux du monde moderne. Entre la vie, une fois rentré chez soi, aux coutumes antillaises et sa vie dans le quartier avec ses amis, d'origines turque, malienne, sénégalaise,... Baloo se passionne et s'instruit des autres : "J'ai découvert d'autres cultures. Chez moi, quand je rentrais, il y avait du zouk, du konpa,... et lorsque je sortais voir mes amis, j'ai voulu comprendre leur culture, ma passion pour le cinéma vient de là".
"Entrepreneur hip-hop"
Baloo se considère lui-même comme un "entrepreneur hip-hop", dans le sens où il créé et entreprend dans le monde du hip-hop. La preuve, le 1er septembre 2018, après une rencontre avec les proches du chanteur PartyNextDoor, il fonde French Plug, une nouvelle manière de communiquer, avec des émissions suivies par des dizaines de milliers de spectateurs, les French Plug Show : "on a adapté l'information aux jeunes, ça a pris naturellement."
En quelques chiffres, sa chaîne personnelle comptabilise plus de 100 millions de vues pour 462.000 abonnés, un tout petit peu plus que sur son compte Instagram (402.000 abonnés) où il y partage, entre autres, des photos de son quotidien, des vidéos humoristiques ou des photos avec sa compagne, elle aussi à la tête d'un média Hip-Hop, mais quant à lui 100% féminin.
Son approche vis-à-vis du rap ne l'a jamais éloigné de son objectif final : la production, que cela soit pour des émissions, pour le cinéma ou pour sa plateforme, Baloo reste fidèle à lui-même. Lorsqu'on lui demande ses 5 rappeurs préférés toutes époques confondues, il cite naturellement 50 Cent, Booba, Ludacris, Lil Wayne et Lil Baby, et déroge à la règle en ajoutant Kalash, son ami, qu'il considère comme l'un des meilleurs de sa génération, et ayant " grandement contribué à la visibilité des artistes ultramarins".