Reprise de l'usine Vale en Nouvelle-Calédonie : "On gagnerait à ce que les offres soient connues de tous", estime Sébastien Lecornu

Interrogé par le député de Nouvelle-Calédonie Philippe Dunoyer sur le dossier "sensible" de reprise de l'usine du Sud, le ministre des Outre-mer s'est dit "ouvert au dialogue" tout en se montrant intransigeant sur les troubles à l'ordre public. 
Dans le cadre de l'audition de Sébastien Lecornu par la délégation aux Outre-mer, jeudi 19 novembre, le député Philippe Dunoyer a interrogé le ministre des Outre-mer sur le dossier de reprise de l'Usine du Sud. Le député calédonien a notamment rappelé en préambule à sa question qu'à "chaque fois que la Nouvelle-Calédonie s'est trouvé à un carrefour de son histoire institutionnelle, la thématique du nickel a cheminé en parallèle". 
 

Le rôle de l'Etat 

Après avoir condamné les manifestations ayant occasionné des troubles à l'ordre public, Philippe Dunoyer a regretté la décision du président de l'Union Calédonienne Daniel Goa de "se désengager du format de dialogue" initiée par le ministre. Le gouvernement calédonien a indiqué qu'il était en revanche "favorable à l’organisation urgente d’une table ronde rassemblant l’ensemble des parties concernées pour renouer le dialogue en vue de préserver les emplois et dans l’intérêt de tous les Calédoniens". Le député Dunoyer a demandé au ministre comment ce dernier envisageait la situation qui s'est quelque peu accélérée depuis son départ de Nouvelle-Calédonie.
 

Préserver l'emploi et l'impact environnemental 

Dans sa réponse au député, Sébastien Lecornu a d'abord fait part de son étonnement. "En trois semaines sur place, on m'a parlé très peu du nickel". Cette précision apportée, le ministre a indiqué que le dossier du nickel, dont le président de l'Union Calédonienne fait un préalable a toute autre discussion sur la Nouvelle-Calédonie, sera bien abordé lors de la rencontre informelle avec les élus le 26 novembre prochain. "Ca tombe sous le sens", a insisté un peu agacé le ministre. 

Dans le cadre de la reprise de l'usine du Sud, le ministre est revenu sur l'offre "connue", celle de Prony Resources, mais s'est étonné de la deuxième offre, celle portée par la Sofinor, détenue à 85 % par la province Nord à majorité indépendantiste et la société coréenne Korea Zinc. "Je n'ai jamais été destinataire de cette offre", a regretté le ministre des Outre-mer. "Sans l'intermédiaire de Louis Mapou, transmise quelques heures avant la fin du délai de négociation entre Vale et les éventuels repreneurs, l'Etat n'aurait jamais été destinataire de cette offre", a regretté le ministre. 

Sébastien Lecornu a d'autre part indiqué qu'il n'avait que deux critères dans le cadre du dossier Vale, en dehors de la légalité des manifestations actuellement en Nouvelle-Calédonie : "la préservation de l'emploi et donc l'impact social de ce qui sera fait, ça compte beaucoup, et puis l'impact environnemental." Pour le reste, le ministre a souligné que, "pendant des mois, l'Etat a été tenu à l'écart de cette offre de reprise et que maintenant qu'il y a des troubles à l'ordre public, on lui demande d'intervenir"
 

Transparence 

"Je pense que l'on gagnerait à ce que les offres soient connues de tous" a insisté Sébastien Lecornu "pour que chacun puisse se faire une idée une opinion, que l'on regarde ce qu'elles contiennent, quels sont les niveaux de participation de chacun, quel est le degré de solidité financière des uns et des autres." 

Le ministre a conclu sa réponse au député Dunoyer en rappelant qu'il était "ouvert au dialogue" tout en se montrant intransigeant sur les troubles à l'ordre public. "Manifestation oui, légalement, grève oui, légalement, troubles et blocages, non, respect des salariés et de l'impact social et respect de l'impact environnemental".  
 

Le port autonome débloqué

Le port autonome de Nouméa a été entièrement débloqué ce jeudi 19 novembre. Vers 16 heures (heure locale), les restrictions d’accès qui persistaient ont été dégagées par les manifestants. Depuis une semaine, ses accès terrestres étaient en partie fermés par des containers et un piquet du collectif Usine du Sud = usine pays. Les forces de l'ordre sont intervenues, comme le gouvernement l'avait demandé la veille à l'Etat. Mais durant un temps, une voie est restée bloquée et l’accès à la société Unitrans a été entravé. Une situation dénoncée en milieu d'après-midi par des acteurs économiques rassemblés au Medef.
  
Tôt, jeudi matin, de nouvelles actions étaient initiées par le collectif et l'Ican. Aux environs de 5 heures, les accés aux mairies du Mont-Dore et de Païta ont été bloqués.