Retraites : des gendarmes réunionnais veulent le même traitement que leurs collègues métropolitains

Une quarantaine de gendarmes réunionnais et leurs épouses, qui s'estiment lésés par les différences de traitement entre eux et leurs collègues métropolitains concernant le calcul de leurs années de campagne, ont saisi le Défenseur des droits, ont-ils annoncé mardi.
Me Alain Antoine, avocat des gendarmes, qui a saisi le Défenseur des droits, lui "a demandé une position officielle sur le sujet. Il y a des choses qui m'échappent et pour moi, il y a discrimination". "Nous faisons le même travail, nous sommes exposés aux mêmes risques, aux mêmes obligations, mais le collègue métropolitain affichera 22 ans de campagne au bout de 11 ans, alors que nous, les locaux, resteront bloqués à 11 ans", a expliqué un gendarme sous couvert d'anonymat.

"Bénéfices de campagne"

La réglementation telle qu'elle est actuellement appliquée à La Réunion prévoit qu'un gendarme réunionnais ou métropolitain marié à une Réunionnaise ou propriétaire d'une maison sur l'île puisse accomplir dans le département un total de 11 années de service (de campagne selon la terminologie militaire). Au nom des "bénéfices de campagne", chacun de ces onze ans sera compté double uniquement pour les gendarmes originaires de l'Hexagone, pas pour les militaires réunionnais.

Les militaires locaux s'estiment d'autant plus pénalisés qu'en cas de mutation dans l'Hexagone le principe de "l'année compte double" ne leur est pas appliqué. "Il faut que l'on soit muté dans un autre département d'Outre-mer", indique le gendarme. "Notre action ne va pas à l'encontre de nos collègues métropolitains. Nous nous battons pour obtenir une égalité de traitement", a-t-il ajouté en indiquant avoir reçu le soutien de gendarmes de Guadeloupe, en butte au même problème.

Des parlementaires sollicités par les militaires

Des parlementaires ont été sollicités par les militaires. Ericka Bareigts, députée PS de Saint-Denis, s'est engagée mardi dans un communiqué à "suivre le dossier" et à "être (aux côtés des gendarmes) pour qu'une solution juste et respectueuse des uns et des autres soit trouvée, dans le cadre des règles de droit".

Me Antoine n'a pas exclu de saisir le tribunal administratif si aucune médiation n'est possible ou si ses clients sont sanctionnés par la hiérarchie. Règlementairement tenus à une stricte obligation de réserve, les gendarmes n'ont pas le droit de s'exprimer publiquement. C'est la première fois à La Réunion que des militaires se plaignent ouvertement du traitement administratif de leur carrière.
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