La Réunion : la Caisse des dépôts récupère les logements du groupe en faillite Apavou

La Caisse des dépôts, bras financier de l'Etat, va racheter pour quelque 230 millions d'euros les logements qui appartenaient au groupe réunionnais Apavou, géant local en faillite et au cœur d'un contentieux avec le Crédit Foncier, a annoncé lundi l'institution.
CDC Habitat, filiale de logement social de la Caisse, "rachète 2.522 logements à la Réunion", dit-elle dans un communiqué, précisant qu'il s'agit d'une "offre de reprise du parc immobilier d'Apavou". Géant local du BTP et de l'immobilier, Apavou a été placé en liquidation judiciaire en 2018, conclusion d'années de difficultés financières pour le groupe criblé de dettes, notamment auprès du Crédit Foncier qui lui réclame plus de 100 millions d'euros.
 

Liquidation judiciaire    

"L'offre de CDC Habitat acceptée par les liquidateurs judiciaires comprend la reprise globale du patrimoine locatif d'Apavou et leur rénovation, ainsi que de leur gestion locative", précise CDC Habitat, qui est l'un des deux principaux bailleurs sociaux en France avec l'organisme paritaire Action Logement. "Le montant final du rachat s'élève à 148 millions d'euros, avec une enveloppe supplémentaire de 80 millions d'euros - y compris l'entretien - en vue de la rénovation des logements", ajoute la filiale de la Caisse.

Cette annonce donne de la visibilité au sort du parc immobilier d'Apavou - "aussi important que dégradé", selon les termes de CDC Habitat - au moment où la liquidation du groupe est compliquée par un conflit judiciaire entre les liquidateurs et le Crédit Foncier. Les liquidateurs accusent ce dernier - par ailleurs en voie de démantèlement au sein de sa maison mère, le géant bancaire BPCE - d'avoir contribué à dégrader pendant de longues années la situation financière du groupe en lui octroyant des prêts aux conditions de remboursement draconiennes afin de lui éviter de se mettre en faillite.
    
Ils ont engagé plusieurs procédures contre le Crédit Foncier, y compris au pénal où une première audience doit avoir lieu à l'automne, parallèlement à une action contre le fondateur d'Apavou lui-même, Armand Apavou, pour banqueroute. De son côté, la banque rejette toute responsabilité : cité par Les Échos et Le Monde en avril, son avocat accuse Apavou et ses liquidateurs de "collusion malsaine" et de "chantage".