Le poète réunionnais du XIXe siècle Auguste Lacaussade est à l’honneur dans un livre réunissant ses plus beaux textes ainsi qu’une galerie de portraits et de paysages de la Réunion.
Voilà une excellente idée que cet ouvrage rassemblant à la fois les plus beaux vers d’Auguste Lacaussade et des photos emblématiques de l’île Bourbon. « La Réunion d’Auguste Lacaussade – poèmes et paysages » (Riveneuve Eidtions) fait aussi acte de mémoire en revenant sur le parcours d’un des plus importants poètes de l’océan Indien.
Interdit d’inscription au collège local en dépit de l’aisance de sa famille, les mulâtres ne pouvant y être admis, Lacaussade sera finalement envoyé en 1825 à Nantes dans une pension. En exil. Ceci marquera incontestablement une grande partie de son œuvre littéraire. De retour à la Réunion à l’âge de 18 ans, le jeune homme travaille comme clerc de notaire, et s’engage dans le combat pour l’abolition de l’esclavage.
Durant quatre ans, il sera également le secrétaire particulier de l’écrivain Sainte-Beuve, tout en poursuivant la rédaction de ses ouvrages. A deux reprises, en 1852 et 1862, il obtiendra le prix Bordin de l’Académie française pour ses recueils de poèmes. Auguste Lacaussade est décédé le 31 juillet 1887 à Paris, loin de la Réunion qu’il chérissait tant, à l’âge de 82 ans.
« Je puis mourir : j’ai dit, ô mon île natale !
Ton ciel, tes monts, tes bois, tes champs, tes eaux, tes mers.
Mon âme t’a payé sa dette filiale :
Sur tes flancs de granit j’ai buriné mon vers.
Chez moi ce n’est point l’art, c’est le cœur qui te chante.
Ma piété pour toi fit ma voix plus touchante ;
Mon cœur m’a révélé tes secrètes beautés.
D’autres fils te naîtront qui des muses hantées,
Admirant à leur tour tes splendeurs et ta grâce,
Par tes vals escarpés cheminant sur ma trace,
Lisant partout mon nom sous la ronce vorace,
Rediront après moi ton ciel, tes monts, tes bois. »
(Auguste Lacaussade)
« La Réunion d’Auguste Lacaussade – poèmes et paysages », textes : Julien et Eric Magamootoo ; photographies : Thomas Duval. Riveneuve Editions, 2014, 110 pages, 18 euros.
Fils d’une ancienne esclave
Auguste Lacaussade est né à Saint-Denis de la Réunion le 8 février 1815. C’est le fils d’une ancienne esclave métisse, Fanny Desjardin, affranchie à l’âge de dix ans, et d’un avoué issu d’une grande famille de la région de Bordeaux, Augustin Pierre Cazenave-Lacaussade. L’enfant naîtra sous le registre d’état civil réservé aux Noirs libres et affranchis.Interdit d’inscription au collège local en dépit de l’aisance de sa famille, les mulâtres ne pouvant y être admis, Lacaussade sera finalement envoyé en 1825 à Nantes dans une pension. En exil. Ceci marquera incontestablement une grande partie de son œuvre littéraire. De retour à la Réunion à l’âge de 18 ans, le jeune homme travaille comme clerc de notaire, et s’engage dans le combat pour l’abolition de l’esclavage.
Traducteur polyglotte
Mais deux ans plus tard, en 1836, il décide de repartir en France. A Paris, il se consacre à l’écriture et rejoint le mouvement abolitionniste auprès de Victor Schoelcher et Tocqueville. Lacaussade (photo à gauche) sera successivement journaliste, directeur de revue, et conservateur de bibliothèque au ministère de l’Instruction publique puis au Sénat. Polyglotte, il traduit notamment des ouvrages littéraires anglais, polonais et italiens. Des traductions qui font référence jusqu’à présent.Durant quatre ans, il sera également le secrétaire particulier de l’écrivain Sainte-Beuve, tout en poursuivant la rédaction de ses ouvrages. A deux reprises, en 1852 et 1862, il obtiendra le prix Bordin de l’Académie française pour ses recueils de poèmes. Auguste Lacaussade est décédé le 31 juillet 1887 à Paris, loin de la Réunion qu’il chérissait tant, à l’âge de 82 ans.
A l’île natale
« Je puis mourir : j’ai dit, ô mon île natale !
Ton ciel, tes monts, tes bois, tes champs, tes eaux, tes mers.
Mon âme t’a payé sa dette filiale :
Sur tes flancs de granit j’ai buriné mon vers.
Chez moi ce n’est point l’art, c’est le cœur qui te chante.
Ma piété pour toi fit ma voix plus touchante ;
Mon cœur m’a révélé tes secrètes beautés.
D’autres fils te naîtront qui des muses hantées,
Admirant à leur tour tes splendeurs et ta grâce,
Par tes vals escarpés cheminant sur ma trace,
Lisant partout mon nom sous la ronce vorace,
Rediront après moi ton ciel, tes monts, tes bois. »
(Auguste Lacaussade)
« La Réunion d’Auguste Lacaussade – poèmes et paysages », textes : Julien et Eric Magamootoo ; photographies : Thomas Duval. Riveneuve Editions, 2014, 110 pages, 18 euros.