Comme un clin d'œil du destin, le bateau de Daniel Ecalard (SOS Pare-brise +) a reçu le numéro 972. Celui de la Martinique, où il est installé depuis de nombreuses années. Et c'est aux couleurs de son île de cœur qu'il participe cette année à sa deuxième Route du Rhum.
Une course version "amateur pur", raconte-t-il avec fierté, montée avec sa famille, ses amis et son partenaire, devenu un ami avec le temps. "On fait un peu tout nous-mêmes, sans préparateur, sans team autour de nous", sourit-il depuis son monocoque bleu et jaune, éclairé par le soleil levant.
Le même bateau qu'il avait emmené sur sa première Route du Rhum en 2014. Quatre ans après, l'édition 2018 lui était passée sous le nez, faute de pouvoir s'inscrire dans les temps, mais il est enfin de retour et ne cache pas son plaisir. "Et on a eu le temps de préparer le bateau", assure-t-il.
Voile abimée
Malgré tout, il a fait face à quelques petits soucis de dernière minute : sa voile a été abimée pendant la qualification et la nouvelle ne devrait arriver sur le village de la Route du Rhum que quelques jours avant le départ. De quoi "speeder un petit peu" le rythme. "C'est juste encore une petite pression avant le départ d'avoir la voile au dernier moment", confie-t-il sans se départir de son sourire.
Le skipper de 66 ans ne s'inquiète pas. Il a pu tester sa voile sur 1200 miles "et voir qu'elle était efficace". L'essentiel est là pour atteindre son objectif : "Là, je pense qu'on peut viser sans être trop gourmand un top 5, sinon plus". En 2014, Daniel Ecalard était arrivé 10e de la catégorie Rhum, où il concourt en monocoque. "C'était quand même honorable vu le peu de moyen qu'on avait à l'époque", se félicite celui qui avait bouclé son budget à la dernière minute après qu'un sponsor l'a lâché.
De quoi intéresser la Martinique ? Pas sûr, répond le président de l'AMCL, une association qui promeut la course au large en Martinique. "La Martinique n'est pas trop intéressée par la Route du Rhum parce qu'elle n'arrive pas ou ne part pas de l'île", explique-t-il. Pourtant, ajoute Daniel Ecalard, le territoire est un "lieu privilégié pour la navigation", tout comme les îles du Sud. "Selon mes résultats, peut-être que le Martinique se dira "tiens, un skipper peut représenter la Martinique". Le clin d'œil est lancé !"
Daniel Ecalard espère aussi sensibiliser aux accidents vasculaires cérébraux (AVC), dont a été victime son ami et compagnon de voile, Dominique Ayel, disparu en début d'année et à qui il dédie sa course. Une traversée en solitaire sur laquelle Daniel Ecalard souhaite pour tous "qu'il n'y ait pas trop de casse" et "que tout le monde arrive sain et sauf" de l'autre côté de cet Atlantique si cher à son cœur de marin.