Polaire rouge et cheveux blanc, discrètement affairé sur son bateau PiR2, Etienne Hochedé pourrait donner l'impression d'être un plaisancier malouin profitant de sa retraite pour parcourir quelques miles à l'occasion. Mais à 66 ans, le marin désormais installé en Guadeloupe s'apprête à s'élancer sur sa troisième Route du Rhum. Sans que la plupart des supporters guadeloupéens présents sur le village de la course ne connaissent bien son existence. "Je suis plutôt discret, je me dis parfois que j'ai tort, que je devrais y aller", s'interroge-t-il. "Ça ne fait pas longtemps non plus qu'on est en Guadeloupe, donc on n'a pas forcément l'esprit de ceux qui sont guadeloupéens depuis longtemps. Mais je suis content d'être en Guadeloupe."
Après les doutes, la confiance
C'est entre l'archipel et la ville de Fécamp en Normandie qu'Etienne Hochedé monte son projet. Une nouvelle transat sans sponsor – "pas facile" – et avec beaucoup d'imprévus. Dont un de taille, en juillet dernier, lors de la traversée de préparation pour la Route du Rhum. Le 14 juillet à 17h01, il déclenche sa balise de détresse au large des Cornouailles (Ecosse). Une voie d'eau suite à un choc dans la nuit a entraîné le chavirage de son fidèle trimaran. Évacué par hélicoptère, Etienne Hochedé s'en sort sans blessure grave, mais le sauvetage de son navire nécessite une quarantaine d'heures. Et à l'arrivée au port de Newlyn, il constate de nombreux dégâts matériels.
Un coup dur pour Etienne Hochedé, alors qu'il doit prendre le départ depuis Saint-Malo trois mois plus tard, le 6 novembre. "Pendant un moment, j'ai eu un doute, c'était dur, mais là c'est reparti", assure, tout en pudeur, le skipper. Après "pas mal de boulot" et "beaucoup de dépenses qui n'étaient pas prévues", il a repris confiance. "J'ai du temps devant moi pour finaliser et des copains qui vont venir filer un coup de main."
Etienne Hochedé nous confie ses objectifs sur sa troisième Route du Rhum :
Derrière Etienne Hochedé, l'association Golden Oldies offre un soutien de taille et a même lancé une cagnotte pour l'aider à financer sa course. Dans la catégorie RhumMulti où il évolue, cinq bateaux des années 80 sont ainsi accompagnés par l'association, qui œuvre pour la sauvegarde de ces multicoques star.
Cloué au lit par une mauvaise grippe à son arrivée à Saint-Malo, Etienne Hochedé a pu compter sur l'aide de ses proches qui ont continué à travailler sur son trimaran durant sa convalescence. Et ce mardi 1er novembre, on pouvait de nouveau voir sa polaire rouge circuler dans le village. Tranquille, discret, mais déterminé.