Une 2e place, une 3e place, et bientôt la 1ère ? "Je voudrais bien changer de marche sur le podium et faire celle que je n'ai pas encore faite", sourit Thibaut Vauchel-Camus. À bord de son Multi 50 de 15 m de long, le Guadeloupéen d'adoption s'attaquera prochainement à sa troisième Route du rhum sous les couleurs du projet Défi voile – Solidaires en peloton. Le seul skipper cette année dans sa catégorie à s'élancer pour la seconde fois sur le même bateau que lors de la précédente édition. C'est depuis son trimaran turquoise qu'il s'est confié à nous sur son état d'esprit à l'aube de cette nouvelle transat :
Un atout dans sa catégorie, où il sera face à des poids lourds comme le vainqueur de la précédente édition en Multi50, Armel Trippon, ou encore le quadruple gagnant de la Transat Jacques Vabre, Erwan Le Roux. "J'ai envie de gagner, mais je ne suis pas le seul", concède d'ailleurs Thibaut Vauchel-Camus.
Équilibrer risques et gestion
Tous feront face au même risque de chavirer, accentué sur les multicoques. Tous auront en tête aussi l'amour du challenge et l'envie d'emprunter la route nord en direction de la Guadeloupe, la plus directe, mais aussi la plus difficile côté météo. "Il faut savoir où on met le curseur entre la prise de risque et la gestion du bateau", rappelle le skipper.
En 2018, Thibaut Vauchel-Camus avait eu affaire à des vents de 50-55 nœuds et une mer à près de 7 mètres. Pas de chavirage, mais une avarie sur une pièce, qui l'a forcé à faire escale et l'a privé de la victoire vers laquelle il naviguait. Tout ça réside désormais dans le passé.
Une passion utile
Aujourd'hui, Thibaut Vauchel-Camus est porteur d'espoir. Pour lui, pour sa course, pour la victoire. Et pour le projet Solidaires en peloton, engagé dans la lutte contre la sclérose en plaque. Cette transat en solitaire, "c'est autant pour l'asso que pour les patients dans l'intimité de leur évènement de vie, pour les chercheurs, les neurologues, tous ceux qui travaillent sur la sclérose en plaque." L'espoir pour les patients, et l'humilité pour le skipper qui dit se faire "remettre les pendules à l'heure" quand il se sent en difficulté ou en déveine.
Moi les difficultés que je rencontre, je les ai choisies. Personne ne m'oblige à y aller.
Thibaut Vauchel-Camus
"Ça rend utile la chance que j'ai de vivre cette passion. Et quand on a derrière nous des personnes qui nous soutiennent et n'ont pas choisi ces évènements de vie, on ne peut que reprendre une bonne dose d'humilité et continuer à faire aussi bien qu'eux." Une victoire à Pointe-à-Pitre serait alors, il l'espère, un coup de projecteur sur la lutte contre la sclérose en plaques, au-delà de l'exploit sportif.
Thibaut Vauchel-Camus partira de Cancale porté par le soleil breton ("la Bretagne ce n'est pas de la pluie et pas que sur les cons", tient-il à préciser)… et aspiré par son soleil guadeloupéen, auquel il est "viscéralement attaché". Il savoure sa "chance incroyable" d'avoir grandi en Guadeloupe et de vivre en Bretagne, à 500 m de la ligne de départ de la Route du Rhum. "Ce côté bi-goût, mi-salé, mi-tropicalisé c'est presque schizophrénique", admet-il. Mais un bel avantage, tout de même. "Je sais qu'au départ je vais être très encouragé et je sais qu'à l'arrivée, j'espère, je vais être félicité ou en tout cas, accueilli de la plus belle des manières."