En s’exilant à Vancouver, le Guyanais Steve Séraphin fait le pari de devenir le nouveau Will Smith

L'acteur guyanais Steve Séraphin by himself.
Il aurait pu suivre la même trajectoire que son grand frère Kevin : basketteur professionnel. Une grave blessure a changé la donne. À aujourd’hui 24 ans, le Guyanais Steve Séraphin est acteur. Installé à Vancouver au Canada, il déborde de projets et d’ambitions.
Il n’est jamais simple d’être le dernier de la fratrie. Surtout quand votre ainé tutoie les étoiles. Steve est le petit frère de Kevin Séraphin, joueur star en NBA durant sept belles années. Séraphin ? Un nom devenu lourd à porter : "Les gens me comparaient constamment à Kevin, confirme Steve. Alors que nous ne jouions pas au même poste. Alors que nous avions six ans d’écart. Des parcours différents. Mais c’était comme ça. On faisait toujours référence à mon grand frère. Ça devenait pesant."

Heureux hasard ou pas : Steve est victime d’une fracture de la cheville durant sa dernière année chez les juniors. Trahi par son corps, il décide de s’exiler au Canada pour apprendre l’anglais. "Dans un premier temps, je n’avais pas d’autres ambitions que de devenir bilingue. J’ai commencé par passer un an à Toronto. L’immersion totale, il n’y a que ça de vrai. Au total, il m’a fallu trois ans pour maîtriser parfaitement la langue. Je ne regrette pas mon départ."
 

Des parquets aux planches

Et l’envie de devenir acteur ? Bizarrement, c’est le basketteur vedette qui l’a mis sur la voie : "Je m’intéressais beaucoup aux vidéos. Je bidouillais dans mon coin. Et Kevin m’a dit : tu devrais être acteur ! J’étais quand même encore super timide à l’époque. Je venais juste d’arriver à Vancouver. Histoire de voir, je me suis offert quatre mois de cours dans une école réservée aux comédiens en herbe."

Contaminé d’entrée, le Guyanais comprend alors qu’il est fait pour ça. Il oublie définitivement les parquets pour se consacrer aux planches. "J’ai suivi une année de cours intensifs à la Vancouver Film School. J’en suis sorti diplômé en 2018. Je m’éclate vraiment. Surtout que Vancouver se révèle géniale. Elle combine la plage, la montagne et la ville. Et ici, les gens sont super cool !"
 
Film "Retour aux sources" de Steve Séraphin ou l'histoire d'un passage familial en Guyane en décembre 2019. ©Youtube Seraphinity7
 

Steve Séraphin métamorphosé par son nouveau rôle

Ceux qui ont connu le jeune Steve lorsqu’il était encore basketteur cadet à Nanterre, ont le souvenir d’un garçon timoré. Réservé. Aujourd’hui, ce n’est plus la cas. Plus du tout.

L’école m’a complètement transformé. On faisait des exercices durant lesquels vous étiez un animal, un arbre, un fou… J’ai appris à sortir de moi-même. Ma timidité s’est envolée. L’acting comme ils disent ici, m’a métamorphosé mentalement.

Steve Séraphin

 
Sans compter que son anglais est désormais impeccable. À tel point qu’il cherche ses mots… quand il doit parler en français. Good job, man ! "Je suis très fier de tout le travail que j’ai accompli pour maîtriser la langue. Aujourd’hui quand je passe un casting, certains peuvent parfois noter que j’ai un léger accent. Mais jamais que je suis français."

Comme tout acteur qui se respecte en Amérique du Nord, Steve Séraphin a un agent. Objectif : se faire une place au doux soleil de Vancouver. "Tout se joue dans les castings. On les enchaîne. Comme ils recherchent de plus en plus de diversité dans les productions, je pense pouvoir tirer mon épingle du jeu. Surtout que Vancouver est une sorte de petit Los Angeles. Beaucoup de producteurs américains de séries viennent tourner ici car c’est moins cher. Cela nous offre plus d’opportunités. À L.A., il y a des millions d’acteurs. À Vancouver, nous sommes moins de dix mille !"
 
Le Guyanais Steve Séraphin sait aussi prendre de la hauteur.
 

Une rentrée studieuse en dépit du Covid-19

Comme partout sur la planète, l’activité a été très affectée par le coronavirus. La fin d’année devrait pourtant permettre au Guyanais de concrétiser quelques projets. Il ne peut pas encore en parler en détails mais Steve a prêté sa voix à un jeu vidéo. Sortie prévue en fin d’année : "C’est un mélange de voice acting et de motion picture. Non seulement j’ai prêté ma voix à l’un des personnages du jeu. Mais j’ai également été filmé avec des capteurs sur tout le corps afin que mon personnage bouge comme moi. C’était passionnant."

Autre projet dont il ne peut rien dire : une série dont le tournage débutera en septembre et qui sera ensuite proposée aux différentes plateformes numériques. "Je peux juste vous confier que le script est génial. Quant aux plateformes, il faut vivre avec son temps. Netflix, Amazon ou Disney dominent aujourd’hui la production mondiale. À titre personnel, je ne regarde plus la télévision depuis trois ans."
 

"Ne jamais cesser d'y croire"

Avec ses anciens copains d’école (Xander, Briton, Frank et Yaser), Steve Séraphin a constitué une équipe en constante émulation créatrice. Le Guyanais adore écrire, imaginer, essayer. Il passe son temps à décortiquer les films. Son œil a changé. Passer à la réalisation fait donc aussi partie de ses rêves : "Je ne pense pas que ce soit une question de temps. Plutôt de timing. Il suffit de rencontrer la bonne personne au bon moment. Pour percer dans ce milieu, il vous faut être chanceux une seule fois. Tout en bossant dur. Et je peux vous dire que je bosse très dur."

Dans six ans, Steve aura l’âge de son frère aujourd’hui : 30 ans. L’heure du premier bilan. Où en sera-t-il alors ? "Dans six ans ? s’amuse l’acteur. J’espère avoir joué dans des séries, dans des films. Avoir aussi reçu un Award, pourquoi pas ? En réalité, la question est difficile. Car tout peut aller tellement vite, comme demander beaucoup de temps. Il faut juste travailler. Et y croire. Surtout ne jamais cesser d’y croire."
 
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