Sabine Quindou : "Avec C’est pas sorcier, j’ai découvert la vulgarisation et je l’applique à la musique classique" #MaParole

Sabine Quindou dans #MaParole
Abonnée aux émissions mythiques, de "C’est pas sorcier" à "Thalassa", Sabine Quindou s’est lancée depuis quelques années dans la vulgarisation de la musique classique sur des scènes prestigieuses à Lyon et à Paris. Elle compte bien poursuivre l’aventure Outre-mer et le dit dans #MaParole.

Journaliste, présentatrice, réalisatrice et auteure de spectacles vivants, Sabine Quindou aime se laisser guider par ses envies. Avec gourmandise, elle mène des projets qui la font vibrer. En ce moment, portée par le public, elle raconte Mozart, Beethoven ou Gershwin, accompagnée de l’orchestre national de Lyon ou de Paris ou à la Seine Musicale à Boulogne dans une version plus intimiste avec le pianiste Simon Zaoui. Elle a imaginé tous ces spectacles en s’inspirant de la méthode qui avait fait le succès de l’émission C’est pas sorcier. Raconter de manière vivante des sujets pas toujours simples avec la volonté d’aller le plus loin possible dans l’approfondissement des connaissances et en embarquant tout le monde.

1La Martinique

Sabine Quindou a grandi en région parisienne avec sa sœur et ses parents kiné et infirmière. Elle a fait ses classes dans un établissement catholique, Sainte-Marie à Antony. Son enfance a été marquée par ses grands-parents paternels, tous les deux Martiniquais, et qui vivaient à deux pas de chez elle. "Mon grand-père avait des talents de conteur incroyables", raconte-t-elle dans #MaParole. Avec sa sœur, elles lui demandaient de raconter ses exploits sportifs. Il avait été champion de saut en hauteur dans les années 50 et avait même fait la une de France Antilles. Il racontait aussi comment il s’était fait une place dans l’armée en envoyant balader certains officiers qui lui manquaient de respect.

Mais de la Martinique, il n’était guère question. Et pourtant, Sabine Quindou se souvient encore avec émotion de ce premier voyage du côté de Tartane quand elle avait quatre ans et demi. "C’était merveilleux", dit-elle. Ses oncles avaient construit une cabane sur la plage et sa découverte du lagon l’a marquée à jamais. "Quand j’ai mis un masque sur les yeux, j’ai été frappé par la beauté des poissons et des coraux. Je ne comprenais pas pourquoi on m’avait caché jusque-là une telle beauté", se souvient-elle dans #MaParole. Par la suite, Sabine Quindou est revenue régulièrement en Martinique.

La baie de Tartane à Trinité

A l’âge de 20 ans, elle a effectué des recherches plus poussées sur ses racines. En lisant les récits de son grand-père - "il n’arrêtait pas d’écrire ses mémoires"-, elle s’est rendue compte qu’elle avait des ancêtres esclaves et engagés. Elle a alors fouillé dans sa généalogie. Elle a aussi appris que l’un de ses ancêtres, Alexandre Kindou, était clarinettiste et qu’il jouait dans les cabarets à Paris. C'était le père de son grand-père paternel. Ce musicien a d'ailleurs mis beaucoup de temps à reconnaître son fils. Alors quand le grand-père de Sabine qui avait 18 ans a dû se rendre à la mairie pour faire les papiers et que l’administration a changé Kindou pour Quindou, il n’a jamais voulu faire corriger l’erreur, pas fâché de faire payer à son père sa reconnaissance tardive.

Comme beaucoup de jeunes de son âge, Sabine Quindou pensait faire des études de commerce international. "C’était la mode à l’époque, mais ça ne me disait trop rien", dit-elle. Mais quand une amie lui a parlé du métier de journaliste, elle s’est dit que c'était ce qu'elle souhaitait faire. Après une maîtrise d’histoire puis le CELSA, l’École des hautes études en sciences de l'information et de la communication, Sabine Quindou a commencé à piger à l’AFP, Europe 1 et France 2. Le combo parfait, mais ce n’était pas si simple.

2C’est pas sorcier

Très vite, Sabine Quindou s’est rendue compte que le journalisme n’était pas vraiment sa tasse de thé. Elle rêvait de prendre le temps de la réflexion et n’était guère à l’aise dans un métier de l’immédiateté. Toutefois, grâce à l’AITV, l’agence de RFO qui travaillait avec des chaînes partenaires en Afrique, Sabine Quindou a pu effectuer des reportages exceptionnels au Togo, à Madagascar et à Djibouti.

Grâce à un ami du CELSA, Sabine Quindou a ensuite fait son entrée au sein de l’équipe de C’est pas sorcier. Le concept était novateur : expliquer dans les détails des choses qui paraissent aussi simples que le savon. "Il fallait à la fois enquêter pendant trois semaines et en même temps réfléchir à la forme", souligne la journaliste. La force de l’émission consistait à imaginer un scénario tout en poussant très loin la réflexion sur le sujet. "Il fallait se poser toutes les questions, c’était très enrichissant".

Grâce à cette émission, Sabine Quindou a enfin trouvé sa voie et la manière dont elle souhaitait travailler. Pendant cinq ans, elle a présenté et imaginé des numéros de C’est pas sorcier à une cadence folle. Au bout d’un moment, elle a eu envie de se former à la réalisation et a effectué comme elle le dit "un petit retour à l’école". C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à tourner des documentaires incarnés pour Thalassa sous l’œil à la fois critique et bienveillant de Georges Pernoud. Elle se souvient dans #MaParole de son premier reportage en Patagonie et des critiques que le présentateur historique de l’émission lui avait faites. 

Par la suite, elle a signé Le Festin du roi, un documentaire en 2011, dans lequel on voyait plonger Sabine Quindou dans les eaux du Sud australien à la rencontre des requins. Ce film a remporté plusieurs prix.

 

3 En avant la musique

Après de nombreux documentaires pour Thalassa et sa chaîne thématique, dont Plongées en Pays Kanak qui l’a beaucoup marqué, Sabine Quindou a travaillé pour France Ô. Elle a réalisé de nombreux films Outre-mer parmi lesquels Comment souffle la veille dame ? qui évoquait le volcan de la Soufrière et un autre sur les tortues marines en Martinique avec Eric Beauducel. Elle a aussi présenté pendant deux ans l'émission Les Témoins d’Outre-mer sur France Ô.

Pendant le premier confinement, Sabine Quindou a déployé ses forces sur les réseaux sociaux. Elle est parvenue à créer un groupe, les parents sorciers, rassemblant un millier de personnes dont beaucoup Outre-mer. Chacun se donnait ses conseils. Un jour, une Polynésienne a expliqué le concept de fiu, quand on est fatigué de faire toujours la même chose. "C’était drôle, ça s’appliquait tellement au confinement, ce concept", s’amuse Sabine Quindou.

Avant le confinement, la réalisatrice avait été contactée par l’orchestre national de Lyon qui lui laissait carte blanche pour imaginer un spectacle de vulgarisation de la musique classique. Sabine Quindou était très enthousiaste à l’idée de proposer un nouveau spectacle vivant. Et même si cela la terrorisait, elle s’est lancée dans l’aventure avec une énergie débordante, tout en s’inspirant de la méthode C’est pas sorcier qui avait fait ses preuves. Après Lyon, Sabine Quindou s’est retrouvée à Radio France puis à la Seine Musicale pour proposer d’autres spectacles autour de la musique classique.

A la Seine Musicale, elle a imaginé une série de spectacles avec le pianiste Simon Zaoui autour de compositeurs qui la fascinent tels que Clara Schumann ou George Gershwin. A Radio France ou à Lyon, elle a travaillé avec des orchestres symphoniques. Une aventure extraordinaire. Sabine Quindou espère maintenant exporter ses spectacles Outre-mer. Elle est attendue à Papeete en octobre 2022 et elle compte bien ne pas s’arrêter là.

♦♦♦ Sabine Quindou en 5 dates ♦♦

 15 août 1975

Première plongée sous-marine à 4 ans face au Fond Basile (Tartane, Martinique)

 ► Novembre 1999

Débuts dans C'est pas sorcier

2005

Premiers documentaires pour Thalassa

Janvier 2017

Souffler n'est pas jouer, premier spectacle de vulgarisation de la musique classique à Lyon

Octobre 2021

Première série de spectacles à la Seine Musicale (Boulogne)

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