Plus d'un an après le cyclone Irma, le préfet de Guadeloupe a mis en garde contre la tentation de reconstruire dans des zones à risques à Saint-Martin et appelé à "travailler à une évolution des moeurs".
•
"Pour un euro investi pour améliorer la résilience d'un bâtiment, c'est sept euros économisés une fois le risque passé", a averti Philippe Gustin, également délégué interministériel à la reconstruction de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. "C'est une chose purement économique mais qu'il faut répéter en permanence parce que sinon le risque - et malheureusement, c'est ce qui est en train de se passer - c'est (..) de reconstruire comme s'il ne s'était rien passé", a-t-il ajouté lors d'une conférence organisée vendredi par la Fédération française de l'assurance.
Mais "on n'en est pas à ce niveau-là à Saint-Martin, aux Antilles où le dernier cyclone c'était Luis, c'était il a 27 ans et la culture du risque avait complètement disparu", a-t-il déploré. "Irma n'a été que le révélateur de dysfonctionnements qui préexistaient sur ce territoire" qui, "s'agissant des normes du droit de l'urbanisme, avait fait (..) à peu près n'importe quoi depuis de longues années", a dénoncé le préfet.
Par ailleurs, "seuls 40% des propriétaires de Saint-Martin étaient assurés, cela veut dire que 60% ne l'étaient pas, mais c'est souvent ces gens-là qui ont ‘gueulé’, il faut en avoir conscience". "Parmi les clients (d'assureurs, NDLR) qui ont été les plus vindicatifs, il s'agissait souvent de ‘métros’ (métropolitains, NDLR), de gens qui sont venus s'installer à Saint-Martin", a-t-il déclaré, taclant souvent l'impréparation face à une catastrophe. "Le simple concept de se préparer, d'avoir un minimum de vivres pour tenir trois jours, d'avoir un groupe électrogène, d'avoir de l'eau, ça ne leur vient pas à l'idée parce qu'à l'intérieur du périph(érique), cela ne vous viendrait pas à l'idée", a-t-il lancé. "On leur avait dit que c'était le paradis. Eh ben, non, c'était un enfer", a-t-il conclu.
Instaurer "une journée japonaise"
"Donc, on a aujourd'hui une impérieuse nécessité à, ensemble, travailler à cette évolution des moeurs", a estimé M. Gustin qui a annoncé vouloir instaurer "une journée japonaise" en Guadeloupe, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy afin notamment de prévenir la population sur les risques liés aux intempéries et de diffuser les bonnes pratiques en la matière. "Ce qui était en 1999 difficile à faire accepter dans l'Aude, c'est-à-dire que les gens ne reconstruisent plus dans des endroits qui manifestement étaient (...) à risques répétés, aujourd'hui, je pense que c'est mûr", a-t-il poursuivi.Mais "on n'en est pas à ce niveau-là à Saint-Martin, aux Antilles où le dernier cyclone c'était Luis, c'était il a 27 ans et la culture du risque avait complètement disparu", a-t-il déploré. "Irma n'a été que le révélateur de dysfonctionnements qui préexistaient sur ce territoire" qui, "s'agissant des normes du droit de l'urbanisme, avait fait (..) à peu près n'importe quoi depuis de longues années", a dénoncé le préfet.
Impréparation
"La population de Saint-Martin a quadruplé entre 1982 et 2000, passant de 8.000 à 32.000 habitants, c'est le résultat d'une chose toute simple qui s'appelle la défiscalisation", a poursuivi le haut fonctionnaire. Il a rappelé le lancement de programmes immobiliers visant "une rentabilité maximale", construits avec "des matériaux extrêmement normaux (...) sur des territoires où n'on aurait jamais dû construire". Ils ont été construits "par des personnes, qui venaient des îles alentours, qui ont été exploitées (...) et qui ne sont pas reparties une fois les programmes terminés", a-t-il expliqué. Elles "sont allées s'installer dans des zones où les Saint-Martinois de souche, même s'ils n'en reste pas beaucoup, n'allaient jamais s'installer et ont construit avec les moyens du bord".Par ailleurs, "seuls 40% des propriétaires de Saint-Martin étaient assurés, cela veut dire que 60% ne l'étaient pas, mais c'est souvent ces gens-là qui ont ‘gueulé’, il faut en avoir conscience". "Parmi les clients (d'assureurs, NDLR) qui ont été les plus vindicatifs, il s'agissait souvent de ‘métros’ (métropolitains, NDLR), de gens qui sont venus s'installer à Saint-Martin", a-t-il déclaré, taclant souvent l'impréparation face à une catastrophe. "Le simple concept de se préparer, d'avoir un minimum de vivres pour tenir trois jours, d'avoir un groupe électrogène, d'avoir de l'eau, ça ne leur vient pas à l'idée parce qu'à l'intérieur du périph(érique), cela ne vous viendrait pas à l'idée", a-t-il lancé. "On leur avait dit que c'était le paradis. Eh ben, non, c'était un enfer", a-t-il conclu.