Sciences Po Paris : de jeunes Mahorais s’y voient déjà

13 jeunes mahorais en visite à Science Po Paris
Des ateliers organisés dans leur lycée à Mamoudzou à Sciences Po Paris, il n’y a qu’un pas que les jeunes mahorais peuvent et veulent franchir. Ils sont en classe de terminale ou de première et ont pu, avec leurs professeurs, visiter la prestigieuse école. Cette visite, préparée tout au long de l’année, reste un aboutissement pour ces élèves et leurs enseignants.

Les treize jeunes Mahorais sont arrivés d’un pas décidé. Ils s’appellent Djamna, Rihanna ou encore Saïd. Tous envisagent d’intégrer un jour la célèbre école Sciences Po Paris. Cette visite placée sous le signe de la découverte est une première pour eux. Elle est surtout porteuse d’espoirs pour leur futur parcours dans les études supérieures. 

Accueillis par des responsables de l’établissement, ils sont plongés dans le bain, avec un exemple de ce qui les attend si jamais, ils optaient pour Sciences Po. Au programme, un cours magistral d’une heure et demie.  

Assis au premier rang dans l’amphithéâtre Emile Boutmy, du nom du fondateur de Sciences Po, les jeunes Mahorais n’en perdent pas une miette, ils semblent même aimer ce cours portant sur "l’introduction à la science politique, élites, classes dirigeantes et classe politique".  En effet, entre concentration et prises de notes, ils sont conquis, plus aucune appréhension.

13 jeunes Mahorais à Sciences Po Paris

"C’était très bien, très enrichissant et j’ai beaucoup aimé le professeur et la façon dont il expliquait son cours. Ça me donne plus encore envie d’essayer de passer le concours pour les années qui vont suivre", explique Rihanna. Même discours pour Djamna : "Je pensais que les cours étaient difficiles ici, mais je pense que si on a la motivation et qu’on veut comprendre, ça peut aller".  

Pour intégrer cet établissement renommé qui accueille près de 150 nationalités différentes, Dominique Reynié qui a dispensé le cours magistral, politologue, professeur des universités à Sciences Po et ancien conseiller régional de l’Occitanie (2015-2021) leur conseille de "lire, si possible relire et toujours en posant une question à un texte. Et pour les grands textes, on s’aperçoit qu’on peut poser des questions différentes et on trouve toujours des réponses". 

13 jeunes Mahorais à Sciences Po Paris

Après le cours magistral, les Mahorais ont pu échanger avec des étudiants ultramarins à Sciences Po, l'occasion pour eux de découvrir qu’il y a déjà des Mahorais qui poursuivent leur cursus dans cet établissement. Sur les 256 étudiants originaires des Outre-mer inscrits à Paris, huit viennent de Mayotte. À l’instar de Saïfoudine Ahamada, originaire de Bouéni, qui, par visio, les a incités à se lancer.  

Un accord entre Science Po et les territoires ultramarins

À Sciences Po, les Outre-mer sont au cœur de la politique d’égalité des chances, via les conventions éducations prioritaires. Depuis 2021, quatre lycées mahorais sont ainsi conventionnés. Pour la rentrée 2022-2023, 170 étudiants issus de la voie convention éducation prioritaire (CEP) ont été admis à Sciences Po. Ce dispositif existe depuis plus de vingt ans sous l’impulsion du directeur d’alors, Richard Descoings (2001). Il a été renforcé l’année dernière par l’actuel directeur Mathias Vicherat. L’objectif est d’augmenter, à la rentrée 2023, de 50% le nombre d’admis par CEP dès la première année ; le renforcement s’articule également dans l’élargissement du nombre de lycées conventionnés en zone rurale et dans les Outre-mer.

Les établissements partenaires sont aujourd’hui 198 et couvrent quasiment l’ensemble du territoire national. 29 académies sur 30 sont représentées ainsi que sept territoires ultramarins. S’agissant de Mayotte, ce sont quatre lycées qui sont conventionnés depuis 2021 ; en l’occurrence, deux lycées de la commune de Mamoudzou : des Lumières et Younoussa Bamana ; le lycée Tani Malandi de Chirongui et le lycée de Sada.

13 jeunes Mahorais à Sciences Po Paris

Pour Karine Aurélia, directrice déléguée à l’égalité des chances à Sciences Po, le bilan est plus que positif depuis la création des CEP. Pour elle, il s’agit de "leur donner l’ambition, leur dire que c’est possible même à des milliers de kilomètres. Il faut pour cela travailler, mais il faut surtout oser et être ambitieux". 

Alix Jeu, professeur de Lettres au lycée des Lumières à Mamoudzou abonde dans ce sens : "Nous sommes là pour que justement Mayotte puisse faire partie de ces élites et que certains d’entre ces élèves puissent être admis à Sciences Po". 

Des élèves qui vont retourner à Mayotte des rêves pleins la tête, avec comme ambition, intégrer Sciences Po.