Sécheresse à Mayotte : le gouvernement annonce une distribution d'eau potable pour les plus démunis

Eau en bouteilles
Frappée par la sécheresse en plein mois de Ramadan, la population mahoraise va pouvoir acheter des packs de bouteilles d'eau à prix coûtant dans au moins une grande chaîne de distribution, a annoncé le ministre chargé des Outre-mer mardi 28 mars. D'ici deux semaines, la sécurité civile organisera une distribution d'eau gratuite pour les plus pauvres.

"Nous voulons, à Mayotte, de l'eau dans notre robinet", a exigé Estelle Youssouffa mardi 28 mars dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Lors des Questions au gouvernement, la députée mahoraise a pointé du doigt la situation "gravissime" dans laquelle se trouve le département en ce qui concerne l'accès à l'eau potable. "Mayotte connaît tous les jours des coupures d'eau pendant plus de 12 heures !"

Depuis plusieurs jours, et alors qu'une grande partie de la population a entamé le Ramadan, l'île est frappée par la sécheresse. Les rivières sont à sec. Des écoles ont même dû fermer, faute d'eau dans les robinets. "Après le Ramadan, on aura un renforcement important des restrictions", a d'ores et déjà prévenu le préfet Thierry Suquet la semaine dernière.

Quand il n'y a pas de pluie dans nos zones de stockage, le système de dessalement est insuffisant pour alimenter l'île. Quand il pleut trop, le système de filtrage est saturé et produit une eau imbuvable.

Estelle Youssouffa, députée de Mayotte

Prix coûtant pour l'achat de bouteilles et distribution d'eau potable

En réponse à la députée, Jean-François Carenco, ministre en charge des Outre-mer, a annoncé deux mesures pour résoudre la crise de l'eau potable à Mayotte. D'abord, il assure avoir négocié avec les deux grands distributeurs de l'île pour que les packs de bouteilles d'eau soient vendus à prix coûtant, "sans aucune marge". Et ce pendant six mois. L'objectif étant ainsi d'éviter que les Mahorais paient des sommes exorbitantes pour boire et cuisiner – "jusqu'à 10 €, voire 12 € pour six bouteilles", a dénoncé Estelle Youssouffa. D'après le ministre, un des distributeurs a déjà donné son accord. L'autre doit encore prendre sa décision.

Ensuite, l'État va envoyer la sécurité civile "d'ici quinze jours" pour approvisionner les plus démunis de l'île. "400 m³ par jour seront disponibles gratuitement (...), a annoncé le ministre à l'Assemblée nationale. L'objectif est d'atteindre au plus tôt 900 m³ par jour." Le ministère des Outre-mer a précisé à Outre-mer La 1ère que cette aide prendra la forme de modules d'eau potable, qui seront déployés temporairement le temps que la situation s'améliore. Le gouvernement doit clarifier dans les prochains jours les modalités de distribution.

En plus de ces mesures d'urgence, le gouvernement a annoncé l'accélération des travaux pour améliorer l'approvisionnement en eau de Mayotte. "Les procédures concernant la troisième retenue collinaire et la deuxième usine de dessalement (...) sont aujourd'hui débloquées", a indiqué Jean-François Carenco.

S'agissant de l'usine de dessalement actuelle, [celle] de Petite-Terre, des travaux sont en cours afin d'augmenter au plus tôt la capacité de production de 2000 m³ par jour supplémentaires.

Jean-François Carenco, ministre chargé des Outre-mer

Lors de sa visite à Mayotte en août dernier, le ministre en charge des Outre-mer avait signé un contrat de progrès de plus de 410 millions d'euros avec le Syndicat mixte d'eau et d'assainissement de Mayotte (SMEAM) pour améliorer le service public de l'eau potable dans le département. "Mais rien n'a [encore] été décaissé, rien n'est opérationnel", a dénoncé Estelle Youssouffa. De son côté, l'autre député de Mayotte Mansour Kamardine a cosigné une proposition de loi constitutionnelle reconnaissant le droit à l’eau et à l’assainissement comme un droit humain fondamental. Le parcours parlementaire de ce texte n'en est qu'à ses débuts.