Selon le procureur : "Maeva Salmon est coupable de harcèlement moral"

Palais de justice de Paris
Maeva Salmon, l'ex-déléguée de la Polynésie française à Paris de 2007 à 2013 a comparu pour harcèlement moral devant la 31e chambre du Tribunal correctionnel. Face à elle, quatre agents en colère. Le procureur a requis 6 mois de prison avec sursis. Le jugement sera rendu le 18 décembre prochain. 
Ce procès, ils l'attendaient depuis longtemps. Marc Hélias ex-adjoint de Maeva Salmon, Caroline Tang, chargée des relations avec le pays, Jean Tupava, chauffeur et Juliette Fenuaiti, femme de ménage racontent successivement les brimades qu'ils ont enduré. Face à eux Maeva Salmon ne s'effondre pas. Elle a toujours réponse à tout. Et pourtant, le président de la 31e chambre du tribunal correctionnel de Paris ne la ménage pas, s’étonnant par exemple que le neveu de Maeva Salmon ait logé pendant six mois dans le studio de la délégation de la Polynésie. “C’est curieux", dit-il...

"Elle me traitait de nulle"

La première à témoigner à la barre est Juliette Fenuaiti. La femme de ménage est un peu confuse, intimidée de devoir s’exprimer ainsi dans un tribunal. “Elle me convoquait dans son bureau, me traitait de nulle. Elle me disait que je ne méritais pas ma paye. Elle a profité de sa position pour me demander beaucoup de choses qui n’avaient rien à voir avec mon travail, comme faire des courses, la cuisine ou repasser des chemises". De son côté Maeva Salmon se défend en disant que Juliette Fenuaiti l’avait insulté à plusieurs reprises.
 

"Les humeurs de la déléguée"

Caroline Tang vient à son tour faire part de ses années pendant lesquelles elle a travaillé avec Maeva Salmon. “La délégation était gérée en fonction des humeurs de la déléguée", affirme-t-elle à la barre. En 2008, un an après l’arrivée de Maeva Salmon comme déléguée de la Polynésie française à Paris, Caroline Tang est partie travailler comme attachée parlementaire de Gaston Flosse au Sénat. “Ca m’a soulagé”, dit-elle.
 
Caroline Tang au palais de justice de Paris

Humiliations

A son retour, elle a retrouvé son poste, “grâce à l’intervention de Gaston Tong Sang”, alors proche de Gaston Flosse. Mais c’est là qu’ont commencé “les humiliations”. Dès qu’il y avait une réunion, dit-elle, “j’étais sans cesse humiliée, tout ce que je proposais était nul. J’ai fini par perdre le sommeil”. Maeva Salmon se défend en disant que Carolina Tang n’avait pas le profil pour le poste. "Je ne l’ai pas humilié dans des réunions”, affirme-t-elle alors que quatre lettres signées par différents agents de la délégation et lues par le président du Tribunal affirment le contraire.
Maeva Salmon candidate de « L’union pour les outremers »

"Je croyais que le travail protégeait"

Mais le témoignage le plus émouvant est sans conteste celui de Marc Hélias. Il était l’adjoint de Maeva Salmon et semble très ému. Il a fait une grosse dépression et affirme : “j’étais persuadé que le travail protégeait, mais elle avait une volonté de destruction”. Marc Hélias raconte comment il a été mis à l’écart progressivement, mal noté, puis l’objet d’un blâme. “J’ai essayé d’appeler la médecine du travail à Paris. On m’a dit d’appeler Papeete, mais là rien n’était prévu. On était dans une zone de non-droit”. C’est pourquoi, le 26 mai 2011, lui ainsi que Caroline Tang et Juliette Fenuaiti ont déposé plainte auprès du procureur de la république de Papeete contre Maeva Salmon pour harcèlement moral.
 

"Maeva Salmon paye son indépendance"

Jean Tepava n’a pas pu pour des raisons de procédures témoigner à la barre. Mais le chauffeur de la délégation de la Polynésie a affirmé à la1ere que “Maeva Salmon les avait sous-estimé. C’est fini le temps où les Polynésiens ne se rebellaient pas”. De son côté, l’ancienne déléguée de la Polynésie française à Paris ne flanche pas. A chaque affirmation des plaignants, elle se justifie. Son avocat Maître Chabeuf a affirmé à la1ere que “dans ce procès, Maeva Salmon payait son indépendance à l’égard du pouvoir politique et notamment de la figure de Gaston Flosse”.

"Un cas avéré de harcèlement" 

Pour le procureur de la République il ne fait aucun doute que Maeva Salmon est coupable de harcèlement moral. “C’est même un cas d’école, un cas avéré de harcélement moral”. Il a requis six mois de prison avec sursis. Le jugement sera rendu le 18 décembre prochain.