Pour Serge Romana, "la commémoration de l'esclavage doit être une arme politique"

Devant le Sénat, Serge Romana a commencé une grève de la faim dans le froid.
Le président du CM 98 a entamé une grève de la faim devant le Sénat ce matin. L'objectif : dénoncer la suppression de l'article 20A de la loi égalité réelle en Outre-mer. Un article qui instaure notamment le 23 mai comme date officielle supplementaire de commémoration de l'esclavage.
"Le 10 mai doit être une arme politique et le 23, un hommage aux victimes. Ces deux dates sont fondamentales", martèle Serge Romana. Devant le Sénat, le président de l'association Comité Marche du 23 mai 1998 fait les cent pas pour se réchauffer. C'est dans le froid et sous la pluie que l'homme a débuté ce matin sa grève de la faim. 

Officialiser une date symbolique

Son but : dénoncer la suppression de l'article 20A de la loi égalité réelle en Outre-mer, voté à l'unanimité le 6 octobre. Cet article reconnaît le 10 mai comme "journée nationale de célébration de l'esclavage et de la traite" et le 23 mai comme "journée nationale d'hommage aux victimes de l'esclavage". 

Le 10 mai est déjà commémoré dans l'Hexagone depuis 2006 et correspond à la date d'adoption de la loi Taubira "reconnaissant la traite négrière transatlantique et l'esclavage" en 2001. 

"Mon action est un cri de révolte contre le sénateur de la Guadeloupe Félix Desplan. En commission des lois mercredi, il a supprimé cet article fondamental pour que l'esclavage ne soit pas toujours une source de division et de combat entre nous", tempête Serge Romana.
 

Honorer les combats pour l'abolition et la mémoire des victimes

Selon lui, deux dates au niveau national sont nécessaires, en plus des 5 dates de commémoration différente en Outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Mayotte)"Le 10 mai est une date où la République dans son ensemble honore les combats qui ont mené à l'abolition le 27 avril 1848. Ce n'est pas qu'une date communautaire, mais nationale !"

"Le 23 mai est le jour de la commémoration de la mémoire de nos aïeux, victimes de l'esclavage, de façon à réhabiliter leur honneur", détaille-t-il. Et d'ajouter :

c'est nécessaire pour combattre la honte et le ressentiment et aller de l'avant







"Il faut les honorer"

Les soutiens étaient nombreux autour de Serge Romana. Parmi eux, Philippe Lavil. "C'est indispensable pour que les gens puissent vivre paisiblement et qu'on pense aux victimes au moins un jour par an. Il faut les honorer", confie le chanteur. "Il faut que les sénateurs comprennent que nous sommes déterminés et que nous irons jusqu'au bout pour que cette loi passe", lâche une amie.

Les amis de Serge Romana lui ont installé une tente pour qu'il passe ses nuits.

Jacques Cornano, sénateur de la Guadeloupe, a annoncé à La1ere.fr que "des amendements seront déposés lundi 16 pour le rétablissement de l'article 20A". Serge Romana a prévu de poursuivre sa grève de la faim jusqu'à la fin de la session parlementaire du Sénat prévue en milieu ou fin de la semaine prochaine. Une tente a été installée sur une place face au bâtiment. L'homme y passera ses nuits, par des températures négatives. 

Regadez le reportage sur place de Sabine Mussy et Massimo Bulgarelli : 
©la1ere